Cette affaire est savoureuse puisque nous assistons actuellement à une défense médiatique de Marine Le Pen qui consiste à accabler l’institution judiciaire qui laisserait fuiter des informations mettant à mal le secret de l’instruction – en oubliant de dire que c’est ce qui se passe toute l’année et tout le temps et c’est ce qui fait vendre la presse au quotidien – sauf que Marine Le Pen oublie de nous dire qu’elle même possède des documents judiciaires qu’elle ne devrait pas posséder ! Pas très sérieux tout ça…
Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête après l’étrange découverte faite par des enquêteurs lors d’une perquisition en février.
Affaire Jeanne, affaires des assistants européens, affaire des assistants régionaux de Nord-Pas-de-Calais… Difficile de garder le compte des procédures en cours contre le Front national. En voici une autre, révélée mercredi par l’AFP : le parquet de Nanterre a ouvert en mars une enquête préliminaire contre X pour « violation du secret professionnel, détournement de données à caractère personnel contenues dans un fichier informatique, et recel ». L’enquête fait suite à la découverte, au siège du Front national, de documents n’ayant a priori rien à y faire : une fiche issue du Fichier des personnes recherchées (FPR) ainsi que la copie d’un courriel adressé au trésorier Wallerand de Saint-Just, faisant le compte rendu d’une réunion de direction de la Préfecture de police de Paris, le 14 novembre 2015 — au lendemain des attentats terroristes de Paris et Saint-Denis. L’auteur de ce message serait un CRS, Didier Chabaillé, ancien membre du Front national.
L’un et l’autre documents ont été trouvés dans le bureau du directeur de cabinet de Marine Le Pen, Nicolas Lesage, à l’occasion d’une perquisition menée par l’Office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF) le 20 février dernier, dans le cadre de l’affaire des assistants européens du FN.
« La fiche FPR, ça m’étonnerait, je ne sais pas pourquoi j’aurais fait ça. Le compte rendu de la réunion à la Préfecture de police, ça ne me dit rien, je suis aux CRS », a réagi auprès de l’AFP Dider Chabaillé, ancien candidat FN aux municipales de 2014 dans le XXe arrondissement de Paris. « Ça ne me dit rien », a commenté Wallerand de Saint-Just, précisant ne plus avoir vu Didier Chabaillé, qui a quitté le parti « quelques mois après les municipales », depuis 2015. « Nous recevons très régulièrement des courriers anonymes, ou des courriels, contenant des informations de ce genre, comme toutes les formations politiques, sans doute. Et comme de nombreux journalistes », a affirmé pour sa part Nicolas Lesage, expliquant ne pas être au courant de cette enquête. Les partis politiques « exercent leur activité librement, conformément à l’article 4 de la Constitution », a-t-il insisté.
Fuites et plaintes
L’affaire est embarrassante pour le Front national, qui dénonce régulièrement les fuites dans la presse d’informations relatives aux affaires judiciaires le concernant. Allant jusqu’à évoquer une possible rémunération des magistrats par les journalistes en échange de ces éléments. En réponse à ces accusations, le ministre de l’Intérieur Matthias Fekl a déposé mardi une plainte pour « diffamation » contre le vice-président frontiste Florian Philippot, qui avait dénoncé un « système de corruption » à l’origine de ces fuites.
En 2011, Florian Philippot — alors toujours rattaché au ministère des Finances, et collaborateur sous pseudonyme de Marine Le Pen — avait lui-même reconnu transmettre des « documents confidentiels » au Front national : « Ça m’est arrivé parfois, notamment pour des rapports confidentiels de l’Inspection générale des finances que je récupère sur le serveur interne, racontait-il au Parisien. Mais je ne les imprime pas sur place… Ça laisse des traces. Alors j’en fais une copie sur une clé USB. Et hop, direction le siège du FN ». Des pratiques que l’intéressé a confirmées une fois sorti de […]
Libération/AFP