Voici comment la France continue de se faire piller, dévaliser par la mondialisation. Vous mettez deux siècles afin de perfectionner une technologie et un savoir-faire de très haut niveau et en quelques jours un fonds de pension ou une entreprise multinationale vient tout racheter et tout récupérer ! C’est à peine croyable la facilité avec laquelle tout ceci se réalise sous nos yeux. On remarque également l’absence totale de protection de la part du gouvernement, entièrement soumis à la finance apatride et au règne de l’argent.
Vous ne connaissez pas Pielstick, sauf si vous avez été marin.
Il s’agit en effet d’une marque française de moteurs marins, les très gros, ceux des bateaux de la marine marchande et pas ceux de la navigation de plaisance.
Traditionnellement les moteurs marins sont d’énormes moteurs avec d’énormes pistons et des courses très longues qui tournent à très basse vitesse de rotation pour avoir le temps de brûler le combustible très lourd avec lesquels ils fonctionnent, le fioul lourd. On les appelle des moteurs lents par référence à leur vitesse de rotation ou parfois moteur cathédrale par référence à leur taille.
Pielstick dans les années 60/70 est arrivé sur ce marché en inventant le moteur dit semi rapide qui donc tournait nettement plus vite et permettait pour la même puissance délivrée d’avoir un moteur nettement plus compact, plus facile à positionner dans le bateau et permettant d’accroître le volume de cargaison, ou de réduire la taille du navire. Pour y arriver, il fallait maîtriser beaucoup mieux la combustion du fioul et surtout monter de manière significative le niveau de suralimentation moteur ( Sural en français = Turbo en anglais).
Ce type de moteur se faisant en toutes petites séries, le développement se fait dans un bureau d’étude, celui de Pielstick à St Denis et la fabrication du moteur se fait dans les chantiers navals, en France aux chantiers de l’Atlantique à St Nazaire qui construisait les moteurs Pielstick sous licence, ou dans les chantiers navals japonais ou coréens, toujours sous licence.
Pielstick malgré son nom était donc bien un des fleurons de l’industrie française dans un domaine en général discret. Quarante ans plus tard, il vient de passer sous le contrôle total de MAN, son concurrent en moteur lent.
Les médias ne vous en ont pas parlé alors qu’il vous ont parlé en même temps de l’OPA du même MAN sur le producteur de camions suédois Scania. Les pouvoirs publics n’ont pas non plus brandi le drapeau du patriotisme économique. C’est pourquoi j’ai jugé utile de le faire à leur place.
Ça Dérange