Près de 100 % des Guadeloupéens et Martiniquais sont contaminés à la chlordécone, cet insecticide utilisé pour la culture de la banane. Ils en ont vendu beaucoup, se sont fait de l’argent, beaucoup d’argent, mais maintenant ils sont tous malades ou du moins contaminés en attendant la manifestation de la maladie ! Rappelons que ce poison est un perturbateur endocrinien et cancérigène probable ! Quel État normalement constitué et digne de ce nom peut-il laisser faire de telles choses et renoncer à protéger sa population ?
Interdit aux États-Unis dès 1977, ce pesticide très toxique a été utilisé massivement dans les bananeraies de 1972 à 1993.
Les bananes empoisonnent les Antilles. 95% des Guadeloupéens et 92% des Martiniquais sont contaminés à la chlordécone, un insecticide longtemps considéré comme indispensable à la culture des bananes pour éradiquer le charançon du bananier. Cette substance interdite depuis 1990 a été utilisée aux Antilles jusqu’en 1993, les planteurs français convainquant certains ministres qui ne disposaient pas d’une alternative efficace contre les coléoptères ravageurs. Une tournure qui ressemble à deux gouttes d’eau polluée au débat sur le glyphosate .
Le Monde, les grandes lignes de l’enquête de cohorte de la Santé publique France qui a été présentée à la population en octobre : les Antillais ont présenté des niveaux d’imprégnation 13 à 14 fois la norme dite « acceptable », et certaines personnes suivent jusqu’à à 185 fois. La contamination ne se limite pas aux ouvriers agricoles employés des bananeraies, en contact avec la molécule, mais à toute la population, y compris les enfants. « Sébastien Denys, directeur de la santé publique (France), agence de santé publique dans laquelle l’Inpes, l’InVS et l’Eprus.
Son défaut est, outre d’avoir intoxiqué les sols et les cours d’eau pendentif des décennies, de passer dans la chaîne alimentaire. Le bétail, les poissons et les crustacés, les légumes « racine », ceux qui poussent en terre, transmettent alors leur lot de poison à la population. L’eau du robinet, en revanche, et les fruits poussant en hauteur, sont protégés.
Perturbateur endocrinien, classé comme cancérogène possible par l’Organisation mondiale de la santé depuis 1979, la chlordécone est considérée comme responsable de problèmes neurotoxiques, obstacle à la fertilité, augmentant les risques de naissances prématurées chez les femmes enceintes, et susceptibles de contrarier le développement des bébés. La chlordécone est également suspectée de produire de nombreux cancers de la prostate. L’Institut national du cancer (INCa), qui avait lancé l’étude, une idée de faisabilité. A l’époque, l’INCa était présidé par Agnès Buzyn , aujourd’hui ministre des Solidarités et de la Santé. Au Monde, elle assure que le gouvernement est aujourd’hui « prêt à remettre de l’argent pour tout scientifique souhaitant monter une étude robuste » et un appel à projets pour être lancé.
En décembre dernier, encore, l’on a estimé que les nouveaux seuils dits tolérables dans l’alimentation, ont fonctionné en 2013 par Union européenne, étaient protecteurs. Pourtant dans son étude «Kannari», l’Anses déconseille de manger le nourriture localement. En retour, la colère de la population a cessé d’enfler. Deux étudiants en BTS agricole ont lancé une pétition pour obtenir des pouvoirs publics une réelle prise en charge du problème. Plus de 31 500 personnes l’ont signée depuis début janvier. Dans une autre pétition, les syndicats d’ouvriers agricoles réclament aussi la création d’un fonds d’indemnisation pour les victimes.
En octobre prochain, un colloque prévu en Martinique fera le point sur la dépollution. Il n’existe pas, pour l’instant, de technique de décontamination des sols à la chlordécone. Le poison risque de durer des siècles. […]
Le Parisien