Il va falloir un jour ou l’autre – tôt ou tard – percer ce mystère et découvrir les raisons de tous ces ratés assez impressionnants. Est-ce dû à un problème d’incompétence notoire résultant de la nomination à des postes-clés de copains et non plus de personnes méritantes ? Ce fiasco serait-il dû à l’extrême complexité des rouages administratifs mise en place au fil du temps et qui exige pour la moindre décision 50 signatures différentes ? Plus grave encore, serait-ce dû à une volonté délibérée de créer le chaos afin de déstabiliser l’économie et sauver ainsi les banksters ?! On finira par le savoir, ce n’est qu’une question de temps.
Alors que le gouvernement a reconnu la pertinence d’un dépistage massif, sa stratégie et son dispositif en la matière demeurent mystérieux.
Où sont les tests ? C’est, avec la disponibilité des masques, l’une des deux grandes inconnues de la crise actuelle, pour nombre de Français. C’est même la question clé du mois d’avril, selon les experts. Car si la France n’est pas capable, à partir du 11 mai, de mettre en œuvre le dépistage massif qui a fait ses preuves dès le début de l’épidémie en Allemagne et en Corée du Sud, le déconfinement pourrait tourner à la catastrophe. Lundi, dans son allocution télévisée, Emmanuel Macron est resté vague : « Nous n’allons pas tester tous les Français, ça n’aurait aucun sens, mais toutes les personnes présentant des symptômes. »
Ce flou alimente le scepticisme de plusieurs spécialistes et de responsables d’exécutifs locaux ; ceux-ci craignent que la doctrine hexagonale en la matière ne soit toujours pas fermement établie et soulignent que le changement de cap a eu lieu il y a trois semaines déjà. Le samedi 28 mars, Olivier Véran, ministre de la Santé, avait en effet, pour la première fois, reconnu la pertinence d’un dépistage massif.Environ 25.000 diagnostics sont pratiqués chaque jour
Autre inquiétude majeure souvent exprimée : le pays, qui avait mal anticipé la nécessité de dépister et a connu une pénurie de tests, a-t‑il désormais la capacité technique de ce changement d’échelle ? Lors du Conseil des ministres du 8 avril, Olivier Véran a laissé entendre que le dispositif était prêt.
Mais lundi dernier le Président ne l’a pas dévoilé, comme certains participants l’avaient imaginé, ce qui alimente, au sein même de l’exécutif, les soupçons d’un possible crash sur les tests. Actuellement, selon Santé publique France, environ 25.000 diagnostics sont pratiqués chaque jour. Le ministre de la Santé devrait détailler dimanche, lors de la conférence de presse organisée avec le Premier ministre, son nouvel objectif.La stratégie est prête, selon l’exécutif
Dans une note stratégique sur le déconfinement mise à jour le 13 avril, l’état-major de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris donne l’impression de partager le sentiment d’urgence qui agite les experts, sur le fond comme sur la forme. Le texte préconise ainsi une « surveillance épidémiologique » bien ciblée car « les capacités de tests » ne sont pas « illimitées ». Il faut, exhortent les experts, se donner les moyens de « réaliser davantage de tests » et donc d’avoir « des outils supplémentaires par rapport à ceux dont on disposait dans [la] première phase ».
Faut-il vraiment s’inquiéter ? Du côté de l’exécutif, on assure que la stratégie est prête, même si elle a encore besoin d’être « affinée ». Selon un conseiller, il est ainsi prévu de « tester en priorité » toutes les personnes présentant des symptômes ou celles qui ont été en contact avec un malade, « les soignants pour casser la chaîne des contaminations », « les publics fragiles » et donc « prioritaires » : personnes âgées, personnes en situation de handicap.
« L’objectif est de faire monter en puissance les laboratoires publics et privés avant la fin du confinement, détaille le même conseiller. Les kits de prélèvement et les équipes sont prêts. » Les tests PCR, permettant un diagnostic de l’infection grâce à une analyse de biologie moléculaire en laboratoire, demeurent les outils clés de la « montée en puissance » souhaitée.Nous ne sommes pas en retard sur le déconfinement comme nous l’avons été sur les tests au début de l’épidémie
Sont-ils en nombre suffisant ? « Les kits de PCR ont été commandés et arrivent progressivement, indique-t‑on au ministère de la Santé. Ils sont en train d’être distribués aux laboratoires. » Plus serein qu’il y a quelques semaines, François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes, le représentant des laboratoires d’analyse privés – ces derniers sont entrés dans le dispositif de dépistage du Covid-19 le 8 mars, bien après les plateformes hospitalières –, convient qu’une « prise de conscience a eu lieu » de la part de l’État.
« Nous ne sommes pas en retard sur le déconfinement comme nous l’avons été sur les tests au début de l’épidémie. À l’époque, il y a eu à la fois un défaut d’anticipation des pouvoirs publics, une pénurie d’équipements et un déficit de collaboration entre le public et le privé. » Il confirme que l’État aide désormais le privé à s’équiper en machines auprès des laboratoires de diagnostic. « On n’est plus tout seuls sur un marché mondial hyper concurrentiel. » Cela ne signifie pas pour autant que le système est en état de marche.Des pesanteurs administratives
Le docteur Blanchecotte assure en effet que son premier contact avec le gouvernement, en l’occurrence avec le cabinet du ministre de la Santé, remonte au 8 avril seulement…
Photo d’illustration : Emmanuel Macron, le 16 avril à l’Élysée. (Reuters)