Décidément la liberté de la presse est malmenée en France alors qu’elle est déjà extrêmement fragile puisque l’autocensure, l’omission et la propagande sont légion. Mais cette affaire démontre à quel point la situation de l’information fragile avec des avocats qui utilisent toutes les stratégies possibles afin de protéger leurs clients. On apprend donc dans cet énième article de Mediapart concernant le scandale de la mairie de Saint-Etienne qu’après la tentative de chantage concernant un élu local autour d’une sextape, le maire de la ville s’est rendu coupable, selon l’article, de diffusion d’une calomnie gravissime contre Monsieur Wauquiez le traitant de « pédocriminel » ! Ceci démontre à quel point les politiciens français n’ont aucune limite dans l’abject ; pour une bonne partie, ils ont un comportement de mafieux, de voyous sans foi ni loi. On comprend ainsi beaucoup mieux pourquoi la France va si mal…
La justice fait finalement volte-face. Le journal Mediapart est finalement autorisé, ce mercredi, à publier une enquête sur le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, initialement censurée par une ordonnance.
Vendredi dernier, le directeur du média d’investigation, Edwy Plenel, était venu demander au tribunal judiciaire de Paris « de mettre fin au plus vite à une attaque sans précédent contre la liberté de la presse ».
Mais l’affaire avait été mise en délibéré, à la déception de Mediapart, soutenu à l’audience par Reporters sans frontières, la Fédération internationale des journalistes (FIJ), des syndicats de la profession, la Ligue des droits de l’homme et les associations de la presse judiciaire et des avocats praticiens du droit de la presse.
Une ordonnance censurant la publication d’une enquête
Dans leur viseur, une ordonnance, rendue en urgence par le même tribunal le 18 novembre, à la demande du maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau (ex-LR), invoquant une atteinte à la vie privée, sans que Mediapart n’ait pu se défendre.
Cette décision lui interdit de publier de nouvelles informations tirées d’un enregistrement audio de l’élu stéphanois, après une série de révélations sur une affaire de chantage à la vidéo intime, « sous astreinte de 10 000 euros par extrait publié ».
Or l’enquête de Mediapart présente un « intérêt public majeur », a fait valoir Edwy Plenel, relatant comment un maire utilise « le poison de la calomnie » comme « arme politique pour discréditer » un opposant, Laurent Wauquiez, le président LR de la région Auvergne – Rhône-Alpes.Il s’agissait de « tuer dans l’œuf » une « rumeur calomnieuse gravissime » et « sans aucun fondement de l’aveu même de son propagateur », a ajouté le journaliste. Surtout, « il n’appartient pas au tribunal de contrôler préalablement une information qui n’a pas été publiée », a insisté l’avocat de Mediapart, Emmanuel Tordjman.
« C’est la gravité de votre décision », a-t-il lancé à la magistrate Violette Baty, lui demandant la rétractation de l’ordonnance rendue par ses soins….
Photo d’illustration : Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, avait obtenu via la justice l’interdiction de la publication d’un article de Mediapart en novembre. AFP/Jean-Philippe Ksiazek
AFP
30 novembre 2022