La police va très mal, c’est un fait, et la hiérarchie est totalement responsable de cette dérive car il est question d’un corps de police qui obéit aux ordres. C’est donc un objectif à atteindre prémédité par les autorités gradées. En bas, le simple policier de 20-25 ans ne sait même pas ce qu’il fait et où ils veulent le mener. Le corporatisme fera le reste du travail en facilitant le passage à l’acte et l’omerta.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, était entendu, ce mercredi, par la commission des Lois de l’Assemblée nationale à propos des événements consécutifs à la mort de Nahel, 17 ans, qui a succombé au tir à bout portant d’un policier, à Nanterre, le 27 juin.
L’occasion de faire entendre une voix critique, lucide et rare parmi les forces de sécurité, celle d’Agnès Naudin, capitaine de police. Dans un livre publié l’an dernier au Cherche Midi, Police, la loi de l’omerta, elle décrit avec son coauteur, Fabien Bilheran, la mécanique froide mise en œuvre par l’administration pour réduire au silence les lanceurs d’alerte dans les forces de sécurité.
Le gouvernement se refuse catégoriquement à parler de « violences policières ». Celles-ci n’existent pas ?
On sait que c’est un fait, qu’il y a des violences au sein des « forces de l’ordre », policiers ou gendarmes. La question est de savoir ce que l’on place sous ce vocable.
C’est là tout l’enjeu aujourd’hui : distinguer ceux qui sont violents de façon intentionnelle, même s’ils le sont dans un cadre légal qui le leur permet – et, là, se pose la question de l’utilité ou non de la loi de 2017 – de ceux qui commettent une erreur sur une intervention parce qu’elle se passe mal, pour diverses raisons. Ici, je fais la différence entre l’erreur de la faute. Dans la faute, il y a une intention.
Quels traits communs se dégagent des affaires de violences policières commises de façon intentionnelle ?
Plusieurs facteurs peuvent entrer en jeu. D’abord le manque de formation …
Photo d’illustration : Pour Agnès Naudin, le manque de formation et l’absence de désescalade dans les rapports police population explique le fossé qui se creuse entre l’institution policière et le reste de la société. © Anne-Christine POUJOULAT/AFP
20 juillet 2023