Ce n’est pas la première fois que ces entreprises criminelles réalisent des tests sans le consentement des patients, c’est une pratique commune du secteur. Aux USA, c’est une pratique courante réalisée sur des enfants, à une échelle industrielle, et pourtant les entreprises sont toujours là, sans qu’aucune sanction pénale n’ait été prise à leur encontre !
L’hôpital psychiatrique de Marsens (FR) a fait des essais de médicaments sur plus de 1000 patients vraisemblablement sans leur consentement à partir de 1955, a découvert la RTS.Parmi les cobayes figurent d’anciens enfants placés. Lorsque la clinique psychiatrique de Marsens débute les tests en 1955, l’hôpital est surchargé. Le nouveau directeur, Maurice Rémy, accueille donc “volontiers” l’offre de Sandoz de tester de nouveaux tranquillisants. En 1958, la clinique a déjà testé une dizaine de substances expérimentales sur “près d’un millier de patients”, selon des articles scientifiques de l’époque que la RTS a consultés (1).Certains comme le NP 207 ou le KS 24 doivent être abandonnés “suite à l’apparition, chez quelques malades” de pigmentations toxiques au niveau de la rétine”(2).
Un des premiers anti-psychotiques testé
L’équipe du docteur Rémy se concentre alors sur un produit, semble plus prometteur, la thioridazine, que Sandoz commercialisera quelques années plus tard sous le nom de “Melleril”, l’un des premiers anti-psychotiques. “C’est à Marsens que furent décelées, pour la première fois, les propriétés remarquables de (ce) médicament, maintenant répandu dans le monde entier” (3), se targue le directeur en 1965 dans le rapport annuel de la clinique. Novartis retirera le Melleril du marché en 2005, car le médicament comportait des risques cardiaques trop importants.
Enfants placés parmi les cobayes
Novartis et la clinique ayant refusé que la RTS consulte leurs archives, difficile de dire si les patients utilisés pour ces tests étaient bien appropriés.
Dans ses études, Maurice Rémy ne détaille que quelques cas de patients impliqués, dont celui d’une femme de 34 ans, peut-être un cas d’internement administratif: “(elle) nous fut transférée d’un pénitencier où elle avait été internée pour vagabondage et tentative d’incendie”. Ou cet homme de 34 ans, un ancien enfant placé, “issu d’une famille disloquée, il grandit dans un orphelinat et fut placé comme domestique de campagne en divers endroits” (4).“À l’époque, il n’y avait pas de commission d’éthique pour surveiller les essais comme aujourd’hui et le consentement du patient n’était pas demandé.” Jacques Gasser, historien et psychiatre vaudois
Selon l’historien et psychiatre vaudois Jacques Gasser, de tels essais n’avaient rien de scandaleux à l’époque. “Il n’y avait pas de commission d’éthique pour surveiller les essais comme aujourd’hui et le consentement du patient n’était pas demandé comme aujourd’hui”.
Le chef du département de psychiatrie au CHUV reconnaît que la proximité avec les pharmas était trop grande à cette époque. Mais selon Jacques Gasser, “les nouveaux médicaments qui apparaissent au début des années 1950 en psychiatrie ont permis pour la première fois de faire sortir des patients de l’hôpital, mais aussi de […]
Jean-Marc Heuberger – RTS [Suisse]