Article fort intéressant concernant l’état d’esprit des pédophiles français qui se font choper, tel qu’il apparaît à la lumière de leurs déclarations faites à la justice. Les récits sont effrayants d’autant qu’un grand nombre d’entre eux nient totalement la gravité des faits. Il convient de relever que la totalité des accusés sont des Français de souche, si l’on se fie à leurs prénoms. Faut-il rappeler que le tourisme sexuel occidental constitue une véritable industrie sachant qu’entre l’Asie du Sud-Est et le Maghreb, des milliers d’Européens et d’Américains vont violer des enfants en toute impunité et avec l’ignoble et méprisable complicité des autorités locales corrompues. Que s’est-il passé en Occident ces dernières années pour voir naître toutes ces hordes de monstres ? C’est la seule question utile à se poser si l’on veut comprendre ce qui se passe réellement et mettre le holà à ce fléau.
De récentes affaires illustrent le manque d’empathie des auteurs de violences sexuelles à l’étranger et leur tendance à minimiser les faits lorsqu’ils sont rattrapés.
Ils s’appellent Philippe, Olivier, Thierry, Christophe ou Denis. Comme Jean-Christophe Q., qui aurait agressé une cinquantaine d’enfants en Asie du Sud Est, ils sont Français et sont soupçonnés d’actes pédophiles commis à l’étranger. Presque tous ont été interpellés en France. Des hommes dont il est très difficile de dresser un profil. Dans ces dossiers, on trouve des célibataires, des pères de famille, des gens bien insérés… et même quelques femmes.
« Il y a quand même un point commun, ils ont tous des moyens financiers, relève Me Emmanuel Daoud, qui représente souvent l’association Ecpat devant les tribunaux. Pour partir régulièrement à l’autre bout du monde, éventuellement payer les autorités locales en cas de problème, il faut de l’argent… Et dans certains pays, la fortune inspire confiance. »
De l’argent, Olivier L. gastro-entérologue mis en examen pour des viols sur une dizaine d’enfants au Viêt Nam et en Birmanie n’en manque pas. Lors d’un interrogatoire devant la juge d’instruction, ce médecin de 57 ans en poste à Hanoï a expliqué gagner « 11 000 dollars par mois » (9 800 euros). Ce qui lui permettait de voyager partout dans le monde. « J’ai fait 50 pays, des voyages sur tous les continents. Mon niveau de vie me permet de voyager comme j’ai envie », a-t-il reconnu, niant pourtant tout lien avec le tourisme sexuel…« L’impression de faire un acte de générosité »
Philippe G. lui aussi, a multiplié les voyages. Au Népal surtout. Interpellé en janvier 2016, ce Français de 49 ans, déjà condamné en 2005 pour agressions sexuelles sur mineurs, a trouvé le subterfuge idéal pour se rapprocher de ses proies : il présidait une association humanitaire qui finançait la scolarité d’orphelins népalais. Des garçons avec qui il dormait, se douchait et à qui il aurait imposé des fellations.
Huit jeunes victimes ont été retrouvées et Philippe G. devrait bientôt être renvoyé pour agressions sexuelles. Il peine pourtant à saisir la gravité de ses actes. Un psychiatre qui l’a rencontré durant l’instruction note ainsi « une absence de culpabilité » chez le suspect. Selon ses déclarations au spécialiste, « les garçons dormaient, donc n’étaient pas conscients, pas victimes ». Et lui, « pas agresseur ».
Un manque d’empathie souvent constaté chez ces pédophiles qui agissent à l’étranger. « Ces agresseurs ont parfois l’impression de faire un acte de générosité envers leurs victimes en les payant et exploitent ainsi leur misère », observe une source policière.
Lors d’une audition, Philippe G. a, par exemple, soutenu avoir « sauvé » les garçons dont il a abusé, qu’il présente comme « ses enfants ». « Ils sont pourtant traumatisés », s’indigne Me Noémie Saidi-Cottier, avocate de l’Ecpat, qui a rencontré les victimes au Népal. Olivier L. assure, lui, qu’il faisait même preuve de « gentillesse » avec ses victimes : « Je les nourrissais, je m’occupais d’eux, je leur donnais des vêtements propres, de l’argent… »« Je n’ai jamais forcé personne »
Condamné à 16 ans de prison en 2016 pour le viol de 66 enfants au Sri Lanka, Tunisie et Égypte, Thierry D. a quant à lui prétendu que ses actes ont juste « dépassé [sa] volonté ». Qu’il n’a pas su résister aux avances de jeunes garçons qui l’auraient abordé lors de ses séjours en Asie. Une défense également brandie par Olivier L. lors d’un interrogatoire, alors que la magistrate le questionnait sur ses agressions au Viêt Nam : « Vous prenez un thé, ce sont eux qui viennent, ils s’assoient à côté de vous pour vous proposer leurs services […] Je me suis laissé entraîner. »
Minimisant les faits, parlant de « hasard » quand la juge l’interrogeait sur des clichés d’enfants nus découverts sur son appareil photo, le médecin a réfuté toute « contrainte » lors de ces rapports sexuels. « Je n’ai jamais forcé personne. » Un classique du genre, tout comme quand il jure que les garçons avaient « plus de 15 ans ».
L’autre explication avancée, c’est celle d’un comportement déviant né d’un traumatisme ancien. Thierry D. a, par exemple, affirmé, durant son procès, avoir mal vécu son « homosexualité refoulée » au sein d’une famille catholique pratiquante. Olivier L. a, lui, mis en avant « les actes sexuels de la part d’un chef scout » qu’il a subis durant son enfance. En revanche, aucun des mis en cause ne parle des enfants abusés comme des victimes. Que ce soit de leurs agissements ou de la pauvreté dans laquelle ils évoluent.
Photo d’illustration : Jean-Christophe Q., soupçonné d’avoir violé et agressé au moins une cinquantaine d’enfants en Asie, a été arrêté en mars. DR