On peut – pourquoi pas – imaginer que des erreurs aient été commises, sauf qu’elles ne peuvent pas être aussi nombreuses et que ces erreurs doivent obligatoirement donner suite à des sanctions, des mises à pied, des enquêtes, des procès… Que nenni, rien de cela n’interviendra, on ira même jusqu’à donner des promotions aux responsables en place et à leur attribuer la légion d’honneur…
Les manquements des services belges se sont multipliés à compter de juillet 2014. Récit glaçant.
Tout comme la France, la Belgique se penche sur les failles de son dispositif anti-terroriste. En septembre dernier, le Comité Permanent de contrôle des services de police achève de rédiger un rapport qui n’est pas rendu public. Il dresse un tableau peu flatteur, déjà évoqué par Le Monde en octobre dernier. L’absence d’une chaîne de commandement unifiée dans le «millefeuille» administratif et linguistique complique leur travail. Les fonctionnaires de la police fédérale chargé du contre-terrorisme manquent de moyens humains et matériels. Ils utilisent du matériel informatique datant des années 1980 et vingt bases de données différentes répertorient les personnes suspectées de terrorisme.
Autant de problèmes structurels qui ont aidé Brahim et Salah Abdeslam à leur échapper avant les attentats de Paris, comme le raconte le Wall Street Journal. Le gouvernement belge affirme toutefois que depuis, il a investi 400 millions d’euros dans la lutte anti-terroriste et a amélioré la coordination entre les services.
En juillet 2014, une policière, en contact avec l’entourage des frères Abdeslam, informe sa hiérarchie que ces derniers se radicalisent et sont en contact avec le terroriste Abdelhamid Abaaoud, futur «coordinateur» des attentats de Paris. Un fonctionnaire de police, chargé de vérifier, apprend d’une autre source qu’un des frères souhaite se rendre en Syrie, et que sa mère lui a confisqué son passeport pour l’en empêcher. Mais ne sachant pas s’il s’agit de Brahim ou d’Abdeslam, et ne souhaitant pas incriminer à tort –selon lui– il ne partage pas l’information.
Ordinateurs et téléphones saisis, mais pas analysés
En janvier 2015, un informateur annonce que Salah Abdeslam est en contact avec Abaaoud et cherche à rejoindre son frère Brahim, en route pour la Syrie. Le périple de Brahim Abdeslam s’arrête en Turquie. Il est renvoyé en Belgique et fiché pour terrorisme, mais […]
Antoine Hasday – Slate