
Information passée inaperçue, on apprend que le très beau contrat de vente de 126 Rafales à l’Inde passée chez Dassault vient d’être annulée. Encore une excellente nouvelle pour l’économie française qui va certainement aider à faire baisser les chiffres du chômage. En réalité ce n’était qu’un appel d’offres et non pas une commande validée et signée. On imagine que nos politiques utilisent ce genre d’information afin de faire croire que l’économie est relancée ; c’est tout simplement de la désinformation.
Le ministre indien de la Défense Shri Manohar Parrikar l’a indiqué noir sur blanc : l’appel d’offres pour le contrat MMRCA de 126 avions de chasse a été « abandonné », faisant de fait passer à la trappe la commande de 126 Rafale qui était en négociations entre Dassault Aviation et les autorités indiennes depuis janvier 2012.
L’abandon du MMRCA était pressenti – sans jamais avoir été confirmé – depuis quelques temps, plus précisément depuis l’annonce le 10 avril dernier, à l’occasion de la visite du Premier ministre indien Narendra Modi, d’une commande de 36 Rafale « sur étagère ». Le porte-parole du ministère indien de la Défense avait publié trois jours plus tard sur son compte Twitter une série de messages qui laissaient penser à la fin de l’appel d’offres : « Le processus de gouvernement à gouvernement est préférable à la voie de l’appel d’offres pour l’acquisition de plateformes stratégiques », ou encore « les négociations dans le cadre de l’actuel appel d’offres tournent en rond sans solution en vue ».
Le flou subsistait depuis sur ce contrat, qui prévoyait notamment une participation accrue de l’industrie de défense indienne dans la fabrication du Rafale, puisque 108 des 126 avions devaient être produits sur le territoire indien dans le cadre de l’initiative « Make in India ». Les négociations exclusives entamées en janvier 2012 portaient donc principalement sur l’aspect industriel et les offsets technologiques, mais également sur le partage de responsabilité – un des points d’achoppement qui semblaient bloquer ou du moins ralentir le processus.
Cette annonce ne devrait cependant pas trop déstabiliser Dassault Aviation, qui dit se concentrer pour l’instant sur le contrat de 36 appareils sur étagère, tout en espérant par la suite pouvoir élaborer un développement « avec un peu plus d’industrie locale pour être capable de faire une production locale », selon les propos du PDG Eric Trappier.
Si ce ne seront peut-être pas 126 avions, il faudra toutefois « un nombre suffisant » de commandes, « pour qu’il soit efficace de se lancer dans des investissements […] avec des partenaires indiens ». Le PDG de Dassault Aviation avait conclu par ces mots : « C’est pour l’instant 36 sur étagère […] et puis deuxièmement on verra pour un contrat un peu plus large. De manière volontariste très certainement on essayera de commencer – si on a des bons feelings sur le fait qu’il y aura une deuxième partie – à faire des partenariats pour s’assurer de préparer une phase de construction en Inde, avec une différence, c’est que nous en aurons le pilotage ».
L’avionneur français, qui a livré le 20 juillet dernier les trois premiers Rafale à l’armée de l’air égyptienne, table sur un total de quatre contrats en 2015. Après l’Égypte et le Qatar, reste à savoir qui de l’Inde, des Émirats Arabes Unis ou de la Malaisie pourrait signer d’ici la fin de l’année. –
Helen Chachaty – Le Journal de l’Aviation