Au delà de cette affaire rocambolesque, c’est toute la Françafrique qui transparaît dans toute sa laideur. Le fait même que des chefs d’état aient pris la peine d’appeler le Cabinet du ministre prouve l’existence de certaines pratiques inavouées. Et si le Cabinet avait confirmé l’appel, cela signifierait que le virement eût bien eu lieu. Pauvre monde dans lequel nous vivons. Des doigts accusateurs pointent la mafia israélienne qui n’en serait pas à son coup d’essai. Des Franco-israéliens se sont fait un nom dans ce créneau très porteur. Il n’y a qu’Éric Zemmour qui fait mine de l’ignorer. Lui, comme Copé et leurs semblables ne s’intéressent qu’aux vols à l’arraché de petits pains au chocolat virtuels dans les cours de récréation, en plein mois de Ramadan. Pauvre France !
Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a porté plainte, fin juillet, pour tentative d’escroquerie, après que des escrocs se sont fait passer pour lui lors d’appels téléphoniques à des chefs d’Etat africains pour tenter, en vain, de se faire transférer de l’argent, selon son ministère.
Dans cette affaire, révélée en août par l’hebdomadaire Jeune Afrique, plusieurs présidents africains ont été contactés par des imposteurs. Ces derniers imitant la voix du ministre, affirmaient que des agents secrets français avaient été enlevés par des jihadistes au Sahel mais que cela avait été gardé secret.
Le faux ministre demandait alors aux présidents de bien vouloir payer, à la place de la France dont la ligne officielle est de ne pas verser d’argent dans ces cas-là, des rançons en millions d’euros sur des comptes numérotés dans des paradis fiscaux, les assurant que leur pays serait remboursé par le biais de l’aide française au développement. Mais aucun chef d’État n’a été dupe, tous ont vérifié ces demandes en appelant le cabinet du vrai Jean-Yves Le Drian, à Paris.
Ce genre d’escroquerie, dit aux «Faux ordres de virement», est bien connu par la police française, qui soupçonne des escrocs israéliens ou franco-israéliens installés en Israël d’être parvenus au cours des dernières années, notamment en mystifiant des chefs d’entreprises ou des services comptables de grosses sociétés, à se faire remettre de très fortes sommes.
La manipulation est presque toujours basée sur une mystification à base de services secrets, ce qui permet à l’escroc de demander à sa cible de garder le plus grand secret et de virer rapidement l’argent sur des comptes numérotés.Alain Jocard / AFP