Nous assistons, en Chine, à une véritable épuration ethnique et religieuse, sous le silence complice du monde entier. Quant on se remémore le scandale de la destruction des bouddhas de Bâmiyân qui a eu un écho planétaire, on estime être en droit de penser que la destruction de mosquées centenaires ainsi que la mise en détention dans des camps de concentration de 1 à 2 millions de Ouïghours devraient, quand même, faire plus de bruit, mais non !
S’appuyant sur des images satellites, le quotidien britannique The Guardian et le site d’investigation Bellingcat affirment que la Chine a bel et bien mis en œuvre un vaste plan visant à raser les mosquées du Xinjiang.
Au total, les deux médias ont examiné les images de 91 sites religieux de cette province située tout à l’ouest du pays, où vivent les Ouïghours, une minorité musulmane, et ont constaté que 31 mosquées, ainsi que deux sanctuaires, ont subi des dommages importants – voire irréversibles – entre 2016 et 2018.
Le sanctuaire de l’Imam Asim, dont la tombe abrite les restes sacrés d’un guerrier du VIIIe siècle, ou la mosquée Kargilik, plus grande mosquée de la région, figureraient au catalogue des pertes inestimables, à l’instar de la mosquée Yutian Aitika, qui depuis l’an 1200, constituait un important lieu de pèlerinage où les habitants avaient l’habitude de se réunir pour les fêtes religieuses.
A new @guardian and Bellingcat investigation identifies more than 2 dozen Islamic religious sites partly or completely demolished in Xinjiang since 2016 https://www.theguardian.com/world/2019/may/07/revealed-new-evidence-of-chinas-mission-to-raze-the-mosques-of-xinjiang?CMP=share_btn_tw …
Effacer une mémoire
Dans leur enquête, le Guardian et Bellingcat expliquent que la destruction de ces sites historiques et religieux ne serait que le moyen ultime d’assimiler la prochaine génération de Ouïghours, selon la volonté des autorités communistes de Pékin.
Citant d’anciens habitants de la province sous couvert d’anonymat, les deux médias affirment en effet que, avant cela, la plupart des Ouïghours du Xinjiang avaient déjà cessé de se rendre dans les mosquées, celles-ci étant souvent équipées de systèmes de surveillance.Mais en détruisant ces lieux de culte historiques, il semble bien que ce soit une mémoire que les autorités chinoises veulent à présent purement et simplement effacer.
« Si la génération actuelle est privée de ses parents et voit son héritage culturel détruit, plus rien ne leur rappellera leur identité religieuse et elle leur sera totalement étrangère à l’avenir », résume un ancien habitant du Xinjiang, cité par le Guardian.
Photo d’illustration : parmi les lieux de culte détruits, figurent plusieurs édifices historiques majeurs. [Photo d’illustration / GREG BAKER / AFP]