C’est ahurissant et stupéfiant de violence : les pauvres, les plus précaires sont traités avec des algorithmes informatiques sans aucune pitié ! Au même moment, les millionnaires et milliardaires continuent de frauder le fisc sans être inquiétés avec une perte annuelle estimée à 100 milliards d’euros ! Cette chosification des pauvres est une limite civilisationnelle que la macronie a décidé de franchir.
Pendant que le gouvernement simplifie les règles pour les agriculteurs, les familles les plus précaires sont toujours victimes des algorithmes de la CAF, alimentés par des règles complexes et opaques reflétant une idéologie anti-pauvre, nourrie de préjugés.
Aujourd’hui, je voudrais revenir sur la “France des tracas” évoquée par le président Macron. Le gouvernement a su entendre les agriculteurs qui demandaient une simplification des règles les concernant. Ainsi, les fameuses haies ne seront plus soumises qu’à un seul règlement, au lieu de quatorze. On peut espérer qu’il continue sur cette lancée pour faciliter la vie des plus pauvres et des plus précaires qui sont soumis à un univers de règles tout aussi ubuesques, assorties d’une application arbitraire et déshumanisée, souvent automatisée par des algorithmes.
Les algorithmes de la CAF ciblent systématiquement les plus précaires
Dans une lettre ouverte du 6 février, plus d’une vingtaine d’associations — dont Changer de Cap, ATD Quart Monde, le Secours Catholique, Emmaüs France, la Fondation Abbé Pierre, la Cimade, et bien d’autres — demandent à la Caisse des Allocations Familiales (CAF) de cesser d’avoir recours à ces algorithmes de ciblage des allocataires potentiellement en fraude.
PublicitéEn décembre, une enquête extrêmement détaillée parue dans Le Monde avait en effet montré que les procédures automatiques pour identifier des fraudeurs potentiels avaient comme conséquence le ciblage systématique des parents isolés, des plus pauvres, et des bénéficiaires de l’allocation de handicap.
Plus généralement, ces associations mettent l’accent sur les conséquences néfastes pour les plus pauvres de règles obscures, de suspensions automatiques des droits en cas de fraude suspectées, sans procédure contradictoire, et du manque d’interlocuteurs humains.
La CAF se défend de toute discrimination
Auditionné par le Sénat, Nicolas Grivel, directeur de la Caisse Nationale des Allocations familiales, s’est défendu de tout ciblage explicite des mères célibataires ou de ceux qui reçoivent l’allocation handicapée. Cette audition vaut la peine d’être écoutée. En réponse à une question d’Adel Ziane (de Seine-Saint-Denis), qui lui demande s’il existe un ciblage sur les plus pauvres, Nicolas Grivel explique que l’algorithme identifie plus facilement les publics les plus précaires et les handicapés justement parce que les règles sont les plus complexes, leurs revenus sont plus instables, viennent de multiples sources, et donc “ils se trompent” souvent. Et il faut que l’état puisse récupérer “ses indus”. Donc statistiquement, nous dit-il, c’est bien normal que les contrôles tombent plus souvent sur eux.
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