Comme le dit l’adage populaire, au lendemain de la fête, on se gratte la tête. Maintenant que la coupe du monde de football est finie, que la France est championne du monde de football, on redescend brutalement sur terre pour constater qu’elle est aussi championne du monde de suppressions de postes dans les hôpitaux. Par ces suppressions de postes très inopportunes, l’État va augmenter le chômage et surtout accroître les risques d’accidents et de mauvaise gestion des hôpitaux avec toutes les conséquences que l’on connaît comme par exemple les maladies nosocomiales par manque d’hygiène. Sans parler bien sûr des burn out qui vont être source de dépressions et de suicides futurs. Mais ceci n’est pas très grave puisque nous sommes champions du monde de football…
L’hôpital de Nancy est mis sous pression par le gouvernement.
Le principal employeur de la métropole de Meurthe-et-Moselle doit affronter la demande de l’État qui exige de sa part des économies supplémentaires. Une demande qui va avoir des conséquences sur l’emploi, selon la direction, les syndicats et les élus locaux.
« Le gouvernement demande au CHRU de Nancy qui a déjà prévu un plan d’économies 2018-2022 de 45 millions d’euros, de l’augmenter de 30 millions d’euros » explique un porte-parole du CHRU à Lorraine Actu. Alors que le chiffre de 400 a d’abord été évoqué par des syndicats, ce serait bien plus d’emplois menacés, selon l’hôpital.
Ce qui correspond à la suppression de 500 postes d’ici 2023 en plus des 285 déjà prévus. Faute de quoi, l’Etat lui refuse le soutien nécessaire pour mener à bien sa restructuration.
Au total, entre le plan déjà programmé par l’État lors du précédent gouvernement et les nouvelles suppressions envisagées, 785 postes devraient disparaître à Nancy d’ici cinq ans.
Le CHRU de Nancy doit encore affronter la tempête de son déficit et une dette gigantesque. « Il atteint toujours 18 millions d’euros en 2017 et sa dette 411 millions pour un budget annuel de 829 millions. Une situation due en partie à l’éclatement historique du CHRU sur 7 sites différents, source de coûts et de doublons », explique la direction.
Des réorganisations profondes ont été mises en place, les effectifs diminués, les achats rationalisés et la chirurgie ambulatoire développée. Ces mesures ont permis de supprimer 400 postes en 4 ans et de réaliser 45 millions d’euros d’économies.
« La réunification des sites permettra d’accentuer l’optimisation des équipes et de faire des économies. Mais pour réaliser ce regroupement immobilier et passer le cap de trésorerie, le CHRU a besoin de 480 millions d’euros. Tout en poursuivant ses réorganisations, il demande à l’Etat de lui apporter la moitié, et complétera par un emprunt », selon la direction du CHR.
L’hôpital de Nancy souhaite en effet regrouper la plupart de ses activités (laboratoires, maternité régionale, hôpital central) sur le plateau de Brabois sur les hauteurs de Nancy. Un projet qui doit s’étaler jusqu’en 2030 au moins.
Le bâtiment principal du CHRU de Nancy-Brabois. (©Nicolas Zaugra/ Lorraine Actu)
Les élus mobilisés interpellent la ministre de la Santé
La situation fait craindre aux élus locaux une véritable casse sociale. Le président (UDI) du Grand Nancy, André Rossinot, a assuré à Lorraine Actu « qu’il suit cette situation de très près ».
J’ai alerté très sérieusement les services compétents et nous comptons sur le président du conseil de surveillance pour exiger de l’Agence Régionale de Santé (ARS) des explications. Je suis extrêmement vigilant.
La députée La République en Marche (LREM) de Meurthe-et-Moselle Carole Granjean ou encore celle de la France insoumise Caroline Fiat ont interpellé la ministre de la Santé Agnès Buzin dans des courriers ou à l’Assemblée nationale.
Celle-ci était d’ailleurs en déplacement dans la cité ducale ce vendredi 6 juillet pour inaugurer un Ephad. Le maire (UDI) de Nancy Laurent Hénart lui a rappelé l’urgence de la situation. Le premier magistrat qui préside également l’hôpital a appelé la ministre au « regard bienveillant de l’Etat pour notre établissement classé dans les 10 meilleurs hôpitaux universitaires de France ».
(Nicolas Zaugra – Actu Lorraine