Cette affaire nous donne une idée du niveau et de la qualité des députés Larem ! C’est à peine croyable, de véritables parasites dangereux pour la société…
Pascale Fontenel-Personne, députée macroniste de la Sarthe, est également présidente d’une entreprise de voyages touristiques.
Sur son site, « Access Tour Le Mans » propose aujourd’hui des excursions à l’Assemblée nationale pour le prix de 119 euros… en présence de la députée, bien sûr.
Les députés de La République en marche (LREM) se vantent souvent qu’avec eux, la culture d’entreprise a fait son entrée à l’Assemblée. En voici une confirmation originale avec la députée Pascale Fontenel-Personne, élue dans la 3e circonscription de la Sarthe, qui a trouvé le moyen de concilier son job de parlementaire avec son activité de cheffe d’une PME. Cette femme de 55 ans dirige avec son mari, Dominique Personne, une société qui organise des excursions touristiques pour les seniors : Access Tour Le Mans. Et elle a justement trouvé le moyen de faire de son mandat… un argument touristique !
Dans la brochure de fin d’année 2017, qui liste les sorties à la journée organisées à Paris et alentour par Access Tour, on trouve Montmartre, le marché de Rungis, le Louvre, le château de Versailles… mais aussi l’Assemblée nationale. Deux visites y sont prévues d’ici à la fin de l’année, le jeudi 12 octobre et le lundi 4 décembre. Le programme prévoit une « arrivée pour le déjeuner sur Paris » et une « visite guidée du palais Bourbon ». Cerise sur le gâteau : « Cette visite se fera en présence de notre députée ! ». Laquelle, vous l’aurez deviné, n’est autre que Pascale Fontenel-Personne, présidente du tour operator. Tarif de l’excursion : 119 euros par personne.
Une pratique courante… quand elle est gratuite
Contactée par Marianne, l’entreprise Access Tour nous assure que ces voyages étaient « déjà organisés » quand sa présidente n’était pas encore députée. L’élection de Pascale Fontenel-Personne n’aurait donc rien changé, à part bien sûr la garantie de la présence de la parlementaire.
Accueillir des groupes de visiteurs, ce n’est pas anormal pour un(e) député(e). C’est même courant, et codifié par l’institution. « Les visites sont organisées pour des groupes de 50 personnes maximum » et réservées « au minimum trois mois à l’avance par l’intermédiaire du député », précise le règlement de l’Assemblée nationale. Un ex-parlementaire nous indique qu’il lui arrivait régulièrement « d’accueillir un groupe », une autre nous confirme que ces visites de groupe sont « assez fréquentes » et qu’elle-même « retrouvait les groupes vers la fin de la visite pour apporter des détails plus personnels et répondre aux questions des gens ». Reste un détail : ces visites ne sont pas facturées par l’Assemblée aux écoles ou aux tour operators qui les organisent et, bien évidemment, elles ne rapportent rien aux parlementaires qui se prêtent au jeu.
Le hic, c’est que Pascale Fontenel-Personne a fait de l’exercice civique un business, puisque sa présence est utilisée comme argument de vente par son entreprise. Laquelle encaisse tout de même 119 euros par personne pour une visite qui ne lui coûte rien, plus le transport depuis Le Mans et le repas de midi. Or, l’article premier du code de déontologie de l’Assemblée nationale précise que les député(e)s « s’abstiennent d’utiliser les locaux ou les moyens de l’Assemblée nationale pour promouvoir des intérêts privés ». Apparemment, sa lecture n’est pas comprise dans la visite…
LA DÉPUTÉE NOUS RÉPOND
La
À la suite de la publication de notre article, la députée Pascale Fontenel-Personne, que nous n’étions pas parvenus à joindre dans l’après-midi, a tenu à apporter une réponse à Marianne. « Mon entreprise effectue une activité de transports de seniors depuis cinq ans. La visite de l’Assemblée nationale existait déjà avant mon élection. Les 119 euros du prix prennent en compte la prise en charge à domicile des clients, le transport en car, un petit-déjeuner, un repas, le parking du bus dans Paris et le trajet du retour, pas la visite à l’Assemblée », détaille-t-elle. Comme nous le précisons dans l’article, l’Assemblée ne facture en effet pas les visites. Sur le fait, tout de même, que sa société réalise des bénéfices sur une excursion qui n’a pas d’autre visite prévue que celle de l’Assemblée, elle nous rétorque : « Mon entreprise ne va pas s’arrêter de fonctionner parce que je suis députée ! ». L’élue fait enfin valoir ceci : « À ce jour, aucune visite n’a été organisée depuis mon élection, et rien n’indique dans le programme que je serai la députée qui accueillera le groupe ». Sans toutefois affirmer le contraire non plus, ni nous révéler qui est dans ce cas la fameuse « notre députée » promise dans le programme, et dont les deux visites prévues sont forcément déjà inscrites à l’emploi du temps… Dans un communique publié dans la soirée, la députée précise qu’elle a également « déjà enclenché la procédure de cession de [ses] parts au sein de l’entreprise » et avoir demandé « qu’elle cesse toute activité en lien avec le Parlement afin qu’aucune confusion ne soit possible », tout en insistant : « Je n’ai rien à me reprocher ». Cherchez la logique. Ce vendredi 8 septembre, François de Rugy, le président de l’Assemblée nationale, a annoncé sur son compte Twitter avoir « saisi la déontologue de l’Assemblée nationale de la situation de Pascale Fontenel-Personne, que j’ai informée de cette décision. »
16 juillet 2020