Il paraît que le squatteur de l’Élysée était au concert d’Elton John à Paris le premier soir des émeutes qui ont embrasé cette putain de République française à l’agonie, il y était pour chanter, pour danser, pour fêter la destruction finale de la France. Champagne ! paillettes ! « Ces casseurs font du bon boulot ! Il faut casser cette putain de France réfractaire, je suis le chef des casseurs ! », s’exclama-t-il. « Oui, magnifique… Ça me rappelle Notre-Dame en flammes ! », fit Brichel, des étoiles plein les yeux. « Mais un doute me taraude… si l’IGPN sort un rapport prouvant que le policier n’a pas eu l’intention de tuer le jeune mais seulement de le neutraliser et qu’une contre-expertise indépendante demandée par la famille de la victime confirme cela, et que donc le policier n’est pas reconnu coupable…, tu feras comment pour arrêter les casseurs ?… une armée de casseurs… Tu dissous l’IGPN ? », ajouta-t-elle. « … Non. Je coupe Internet, et couvre-feu partout, dictature policière partout… », fit-il d’un sourire. « Et si la violence redouble jusqu’à la guerre civile, guerre entre les casseurs et ceux qui restent attachés à notre république, tu feras quoi ? », insista-t-elle. « Ça se gagne une guerre civile, tu sais, et puis nos alliées américains nous soutiendront ; ce qui permettra accessoirement de renforcer le lien avec notre allié, ce qui n’est pas plus mal… Et si d’aventure ça tournait mal, il y a toujours mon bon ami Lucifer de Moloch qui possède une île ; il nous accueillera bien le temps qu’il faudra. T’inquiète donc pas », conclut-il.
Le vieux Elton bedonnant remercia le public sous une nuée d’applaudissements hystériques.
« T’as pas peur quand même que les flics se désolidarisent du gouvernement, que les gendarmes les rejoignent et pourquoi pas l’armée, pour s’en prendre seulement à tes petits protégés de la diversité qui répandent le chaos… et pour mettre fin à la casse du pays… et faire tomber le chef de cette casse : toi… », fit Brichel anxieuse en rentrant à l’Elysée sous la pleine lune. « Même si ça arrivait, je serais déjà loin, tu t’inquiètes pour rien », lui répondit-il en s’affalant sur un sofa républicain. « Espérons seulement que tu ailles plus loin que Varennes… », fit-elle d’un maigre sourire sarcastique. « Tu vas finir par me porter la poisse ! Pense à autre chose ! », s’énerva le roi des casseurs. « Penser à autre chose ?… Aux avancées des troupes russes, par exemple ? », lui dit-elle encore en commandant un petit cocktail à un serviteur républicain mais pas trop. « Mais tu m’emmerdes ! J’ai terminé ma mission : la France est détruite ! Lucifer ne peut être que satisfait de moi, il peut désormais imposer sa dictature sur cette destruction, j’ai fait mon boulot ; on peut s’enfuir dès demain sur son île, si tu veux ! », s’emporta-t-il en faisant trembler les murs du petit couloir où s’engagea le serviteur républicain mais pas trop. « Ces abrutis de racailles ne seront bientôt plus notre problème, on sera peinards sur l’île… ces débiles ne savent pas qu’ils travaillent pour Lucifer… ! », poursuivit-il en se frottant le nez. « Ok, appelle-le tout de suite ton Lucifer de Moloch pour lui dire qu’on arrive sur son île incessamment », le prit au mot Bribrichel.
Dès le lendemain, un jet privé fut affrété, direction Lucifer Island. Un certain Jean-Baptiste Drouet, agent des opérations aériennes – averti par son pote, le serviteur républicain mais pas trop – remarqua la destination insolite inscrite sur un document du vol. Ce Jean-Baptiste était un royaliste convaincu, commémorant secrètement chaque année le 21 janvier de triste mémoire, avec toujours dans le cœur le secret espoir de voir renaître la monarchie… Il appela aussitôt un camarade, cryptoroyaliste comme lui, travaillant à l’intendance de l’Élysée. Rapidement, la rumeur de la fuite du squatteur de l’Élysée parvint aux oreilles d’un officier de l’armée, commémorant lui aussi en secret chaque 21 janvier. Aussitôt, un convoi fut diligenté vers l’Élysée au moment où le couple de squatteurs bouclait ses valises républicaines. « C’est Varennes ! Je te l’avais dit ! On va nous couper la tête ! », hurla Brichel en larmes. Le couple fut embarquée, emmené et enfermé dans un lieu tenu secret. La presse ne fut pas informée. Les médias évoquèrent des problèmes de santé pour justifier l’absence du roi des casseurs. Mais l’information ultra-secrète finit par fuiter sur Internet et se répandit comme une traînée de poudre de perlimpinpin. Les grands médias ne purent plus dissimuler ce qui se passait. On réclama la tête du traître à corps et et à cris, et le procès eut finalement lieu. Le tribunal républicain prononça finalement le verdict : peine de prison avec sursis. Le peuple s’insurgea et le chaos fit son œuvre. Le roi des casseurs tenta de fuir mais fut rattrapé à la frontière espagnole. Le chaos explosa dans tout le pays. L’armée dut intervenir et on organisa en toute hâte des élections ; Marlène Schiappa fut élue officiellement avec 1% des voix et 90% d’abstentions, le pays se révolta encore et sombra dans le chaos le plus sanglant ; les privilégiés de la République quittèrent la France vers les tropiques, et la République des privilèges fut enfin abolie au milieu d’une France en ruines fumantes et béantes… les parasites du bas comme du haut quittèrent la France… On édifia une nouvelle constitution dont la célébration inaugurale s’acheva par une… décapitation, un 21 janvier…
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