Le système bancaire allemand est en grande difficulté et pourtant on parle du pays européen le plus puissant avec l’économie la plus florissante. Est-ce une excuse utilisée par les plus grands banksters afin de pousser à plus de fusions et éliminer les petits concurrents ou pour des raisons beaucoup plus sérieuses et structurelles ? Le futur nous le dira…
Après les déboires de Deutsche Bank, Commerzbank pourrait quitter le DAX.
Un mauvais signe pour les établissements privés allemands, qui peinent à se refaire une santé depuis 2008
Commerzbank, la deuxième banque privée d’Allemagne, va-t-elle quitter le DAX, l’indice phare de la bourse de Francfort ? Cette possibilité a été évoquée la semaine dernière par les autorités boursières, qui présenteront le 5 septembre prochain la liste réactualisée des 30 entreprises admises dans ce club très fermé. Une telle perspective serait un choc pour l’établissement, qui figure parmi les entreprises fondatrices de l’indice en 1988.
Or aujourd’hui, malgré ses 49 000 salariés et son chiffre d’affaires de 452 milliards d’euros, Commerzbank compte parmi les valeurs les plus faibles de cet indice. Elle pourrait être rétrogradée dans l’indice MDAX – qui se compose des 50 autres plus grandes entreprises allemandes – et être remplacée par l’entreprise de services financiers Wirecard.
« Une grande perte de prestige »
« Cela serait une grande perte de prestige », résume le quotidien économique Handelsblatt. « Ce scénario reflète la perte d’importance du secteur bancaire privé allemand dans son ensemble », peut-on lire dans ce journal. Que cela soit Commerzbank ou sa concurrente Deutsche Bank, première banque privée du pays, toutes deux peinent en effet à trouver leur modèle économique et à convaincre les investisseurs depuis la crise financière de 2008.
En ce qui concerne Deutsche Bank, plombée par les litiges financiers et par de mauvais résultats financiers, elle a changé de patron en avril et a annoncé un retrait de ses activités de banque d’investissement aux États-Unis, avant d’échouer pour la deuxième fois au test de résistance de la Fed.
Pour Commerzbank, partiellement contrôlée par l’État fédéral depuis 2008, la situation s’est améliorée mais reste incertaine. Elle fait état d’un bilan assaini et comptait l’an dernier 639 000 clients particuliers supplémentaires mais reste fragilisée par des litiges aux États-Unis. « Les investisseurs doutent de son business model, de sa viabilité et de l’évolution de ses revenus », explique Eileen Keller, spécialiste du système financier à l’Institut franco-allemand de Ludwigsburg.
La fragilité des banques privées allemandes s’explique aussi par la structure même du système bancaire du pays. « Elles sont concurrencées sur leur propre marché par les nombreuses banques mutualistes et les caisses d’épargne, qu’elles ne peuvent acheter et qui bénéficient d’une très bonne réputation parmi les entreprises du Mittelstand », analyse […]
Delphine Nerbollier, Berlin
Le Temps [Suisse]