Ah ben oui, c’est tellement simple. Vu que le secret bancaire a sauté en Suisse, il fallait sortir une solution vite fait bien fait : les ports francs qui permettent de laisser de l’argent ou des objets précieux sans passer par la case fiscale. On parle ici d’un volume de 100 milliards de francs suisses et rien n’est fait contre cette escroquerie, ils passent leur temps à parler de paradis fiscaux en oubliant les magouilles et ruses des ports francs.
Nouveau scandale en Suisse : Yves Bouvier, administrateur des Ports Francs, est accusé d’escroquerie par le propriétaire de l’AS Monaco. Explication.
Trois Suisses, dont Yves Bouvier, administrateur de Fine Art Transports et de Natural Le Coultre, sont en garde à vue à Monaco depuis mercredi matin. Ils sont soupçonnés par le Russe Dmitri Rybolovlev, installé dans la principauté depuis 2011, de l’avoir escroqué dans le domaine de l’art. Plus précisément, Yves Bouvier, 52 ans, qui servait d’intermédiaire lors de l’achat de tableaux, aurait surfacturé le prix des oeuvres achetées par la famille Rybolovlev.
L’homme d’affaires russe, propriétaire du club de foot de Monaco, dont la fortune est estimée à près de dix milliards de dollars, se serait constitué une collection de tableaux valant des centaines de millions de dollars. Elle compterait notamment des Degas, des Monet, des Picasso, entreposés dans les ports francs de Genève et de Singapour, précise ce vendredi matin La Tribune de Genève. La garde à vue du Genevois Yves Bouvier, numéro un mondial du transport d’oeuvres d’art, a provoqué un coup de tonnerre dans la Confédération. Alain Decrausaz, le directeur des Ports Francs de Genève, s’est ainsi déclaré “effaré et surpris” par cette arrestation.
Les ports francs échappent aux enquêtes
Dans son éditorial de vendredi, le quotidien Le Temps constate que la Suisse n’avait vraiment pas besoin de cela après les remous provoqués par l’affaire SwissLeaks, mettant en cause HSBC Genève. “Le dégât d’image pour les Ports Francs de Genève, dont il [Yves Bouvier] est l’un des principaux actionnaires et administrateurs, s’annonce d’ores et déjà dévastateur”, pronostique le journal. En effet, depuis que les banques suisses sont contraintes de répondre aux demandes des fiscs étrangers, les 245 entrepôts douaniers et la vingtaine de ports francs de Suisse n’ont jamais accueilli autant de clients fortunés, à commencer par les Ports Francs et Entrepôts de Genève, les plus anciens et les plus grands de Suisse.
Les raisons ? Ils ne sont pas soumis aux mêmes obligations que les établissements financiers. Résultat, les fraudeurs sortent leurs économies des banques, et le planquent dans un coffre loué dans un port franc, à moins qu’ils n’achètent des tableaux de maître, des voitures de collection et des grands crus. En mai dernier, les Ports Francs et Entrepôts de Genève ont justement inauguré un nouvel entrepôt de 10 400 m2 uniquement dédiés à l’entreposage et à la conservation des oeuvres d’art.
100 milliards de francs suisses
À Berne, le ministère des Finances commence à s’inquiéter de cette dérive. Le Contrôle fédéral des finances a d’ailleurs mis en cause ces “zones douanières d’exception” qui peuvent être utilisées “pour contourner les dispositions légales sur le transfert des biens culturels, sur le matériel de guerre, sur les médicaments ou le commerce des diamants bruts”. Et l’administration de révéler que ce business sulfureux atteindrait au moins 100 milliards de francs suisses.
Certes, ce n’est pas pour avoir stocké des tableaux qu’Yves Bouvier est actuellement entendu par la justice monégasque. Reste qu’il est le principal utilisateur des Ports Francs de Genève. Il y occupe à lui seul 20 000 m2 sur une surface totale de 130 000 m2. Et surtout, il a transformé la société familiale Natural Le Coultre, spécialisée dans le déménagement, en un géant du transport des œuvres d’art dans […]
Ian Hamel — Le Point