Faut-il réformer l’islam ? La question appelle une précision. Faut-il le réformer en vue du salut politique, du salut matériel ou du salut spirituel ? Car les réformateurs de l’islam aujourd’hui ne semblent soucieux que du salut politique et matériel. Et paraissent oublier complètement le salut spirituel, seule raison pour laquelle l’islam fut pourtant envoyé aux hommes.
La seule question qui les obsède à ces réformateurs et sur laquelle ils s’étripent à tous les coups est celle du voile : porter le voile est-il obligatoire pour les musulmanes ? Rappelons tranquillement que Dieu nous recommande fortement de déchirer le voile… de Māyā ! Le voile des illusions… Rappelons également que Dieu n’oblige à rien, Il recommande, Il conseille, Il prévient de sa justice infaillible et implacable, pour nous mettre face à notre responsabilité, à notre conscience et à notre liberté. Si l’homme était un animal qui n’avait pas la liberté de choisir, ses actes n’auraient pas de valeur morale. À part sa naissance, puisqu’il n’a pas choisi de naître, la liberté de l’homme le rend responsable de tous ses actes, telle est la terrible condition humaine. La liberté de choix fonde la responsabilité morale. C’est parce qu’il y a possibilité de choisir entre bien et mal qu’il y a morale. Est-ce que les actions d’une mouette sont morales ? Une mouche peut-elle commettre des actes immoraux ?! Les animaux ne sont pas confrontés au choix et aux tourments qui en découlent, ils ne répondent qu’à leurs penchants, leurs instincts, leurs pulsions, et aucun jugement moral ne peut être émis à leur encontre. Ceux qui nous infligent obligations et contraintes (dans le domaine religieux et moral) commettent une faute lourde car ils nous privent de notre liberté de choix et donc de notre responsabilité morale. « Nulle contrainte en religion car le bon chemin s’est distingué de l’égarement », dit expressément le Coran (sourate de la vache). Le bon chemin se suffit à lui-même pour se distinguer de l’égarement, il n’y a pas à l’y contraindre, à l’y obliger… Qu’on se le dise, une chose déplaît particulièrement à Dieu : que l’on croit en Lui par obligation. Ou pire, qu’on L’aime par obligation !
Les « musulmans » qui entretiennent une relation à Dieu par obligation sont déjà sortis de l’islam (pas ceux qui subissent l’obligation, ceux qui l’exercent) et si en plus ils obligent leur entourage à cette même obligation, alors leur sort est scellé. C’est eux les apostats. Ces sociétés où s’acharnent des coutumes répressives, où la religion n’est que contraintes et obligations, ne réussissent dans leur aveuglement qu’à fermer les portes de la foi, sans se douter le moins du monde de l’extrême faute morale de leur acharnement. Ce qui plait à Dieu, c’est de lui vouer un amour sincère délibéré, de cœur et d’esprit, et que l’intelligence humaine se déploie jusqu’à reconnaître l’esprit divin (Averroes appelait cela « ittiçal », la jonction). N’est-ce pas là une évidence ? Islam ne veut pas dire soumission obligatoire à la communauté mais bien plutôt libre soumission à Dieu, abandon de toute ses volontés à Dieu, délibérément, par confiance et par amour. Dieu n’est pas un tyran, Il ne veut que notre bien, Il est notre meilleur ami, le comprendra-t-on un jour ? Le Coran parle explicitement de l’amitié entre Abraham et Dieu. Alors oui, il y a une réforme et une seule à opérer en islam, c’est la réforme du cœur par l’esprit, pas une réforme en vue de la reconnaissance des humains, des honneurs, du bonheur social, politique ou économique, mais en vue de l’amour de Dieu.
Qu’est-ce que l’islam ? C’est un chemin pour se rapprocher de Dieu, un chemin qui éclaire le cœur et l’esprit et qui nous fait comprendre que d’autres chemins peuvent nous rapprocher de Dieu, et que le plus important ce n’est pas le chemin, les formes du chemin, les détails précis du chemin, mais bel et bien le but du chemin : se rapprocher de Dieu. La seule réforme à faire consiste à éclairer ce chemin, à en éclairer l’essentiel, le plus simplement. L’essentiel étant le salut spirituel. Celui-ci est-il encore réalisable dans les républiques maçonniques modernes directement inspirées par Satan ? Telle est la seule question que devraient se poser ces prétendus réformateurs de l’islam s’ils étaient de véritables musulmans. Leurs revendications exclusivement sociétales et politiques prouvent leur imposture et leur trahison profondes. La foi musulmane est morte et ces crapules ne cherchent même pas à l’enterrer dignement.
Autant de polémiques, de querelles stériles, de questions, de débats sans fin prouvent la mort de la foi. Et c’est pas en construisant 400 mosquées par quartier qu’elle renaîtra. Les mosquées ressemblent aujourd’hui à des tombeaux de la foi, sur lesquels certains viennent se recueillir, pour se consoler de son insupportable absence. Et pour d’autres, pour les réformistes laïcards, même ce recueillement c’est trop, ils voudraient enterrer la tombe elle-même ! Et on s’étonne qu’il n’y ait plus de mystiques… Verrait-on un mystique s’obstiner aux querelles politiques ? Aux revendications sociétales ? Le verrait-on s’obstiner à obtenir gain de cause ? Il me semble qu’un mystique ne s’obstine qu’à s’abandonner à l’amour divin. Jésus a-t-il cherché à obtenir gain de cause ? S’est-il obstiné à défendre ses droits auprès du Sanhédrin ou de Ponce Pilate ? À réclamer justice humaine ?
L’islam est à réformer pour que les musulmans ne soient plus ivres de victoires terrestres, pour que la lapidation d’une femme ne soit plus considérée comme une victoire spirituelle mais comme un crime sadique, et pour qu’il soit enfin clair que l’islam vise un idéal pur et subtil (idéal moral où le principium individuationis retourne à Dieu et se fond en Lui) et que cet idéal est l’exact opposé de l’idéologie sionisto-maçonnique régnante (idéal de transgression morale où le principium individuationis se retourne contre Dieu et se sépare radicalement de Dieu).