Comme par hasard, ces économistes ont commencé à évacuer la monnaie de leurs modèles d’études juste après la désindexation du dollar et de l’or un fameux 15 août 1971 par Nixon, c’est la fin de cette convertibilité qui transforma le dollar en monnaie de singe. Ensuite, comme l’explique l’article, il ne faut jamais s’attendre à ce que ces économistes comprennent quoi que ce soit à la monnaie et encore moins à l’économie, eux qui ont été incapables de prédire les plus grosses crises des 20 dernières années ! À partir du moment où vous imprimez des milliers de milliards d’une monnaie locale que vous injectez dans une économie, la valeur de cette monnaie s’effondre car trop d’argent circule. C’est véritablement une arme de guerre pour affaiblir un pays et c’est d’ailleurs une arme qui a été utilisée à de nombreuses reprises dans l’histoire.
Il a fallu la crise du Covid-19 et quelques articles d’un ancien professeur de La London School of Economics , un autre de la BRI… pour que certains se réveillent et qu’ils commencent à se poser des questions après une carrière entière d’économiste ! C’est dire à quel point le cerveau humain est fragile et influençable.
L’inflation actuelle est-elle due à un excès de création monétaire ? Alors que la majorité des économistes ont évacué la monnaie de leur modèle depuis les années 1980, plusieurs voix s’élèvent pour affirmer que cette absence a empêché les universitaires et les banquiers centraux de voir venir la forte hausse du taux d’inflation qui commença à la fin de l’année 2021. De même que les économistes n’avaient pas vu venir la crise financière de 2008-2009 à cause de leur ignorance des cycles du crédit, ils n’auraient pas prévu l’inflation en raison de leur négligence de la croissance monétaire.
Une croissance rapide mais brève de la masse monétaire
Dans un texte très critique vis-à-vis des économistes, de leur méthodologie et de leurs certitudes, Mervyn King, ancien professeur à la London School of Economics et gouverneur de la Banque d’Angleterre de 2003 à 2013, alertait dès janvier 2022 sur les risques inflationnistes de la forte augmentation de la masse monétaire qui avait accompagné les confinements à partir de mars 2020 : « le bon sens suggère que lorsque trop d’argent est utilisé pour acheter trop peu de biens, il en résulte de l’inflation ».
Une étude récente de la Banque des règlements internationaux (BRI) – la banque centrale des banques centrales – vient confirmer l’idée que prendre en compte la croissance de la monnaie dans les modèles utilisés pour les prévisions économiques aurait mieux permis d’anticiper l’inflation de 2021-2022.
La hausse de la croissance monétaire a précédé la flambée de l’inflation, et les pays où la croissance monétaire était la plus forte ont connu une inflation nettement plus élevée. Cette étude a d’autant plus fait parler d’elle qu’un de ses auteurs, Claudio Borio, avait été l’un des premiers, après la crise de 2008, à recentrer l’attention des économistes sur le lien entre cycles de crédit et crises bancaires.
La masse monétaire a en effet fortement augmenté au cours de la pandémie. Et cela n’avait pas échappé aux économistes. La Banque de France, entre autres, avait publié en janvier 2022 un article faisant état de ce phénomène. La croissance exceptionnelle de la monnaie fut concentrée sur une courte période, comme le confirme la nouvelle étude de la BRI. Le taux de croissance annuel avait atteint son pic à la fin de l’année 2020 : 12 % en zone euro et 25 % aux Etats-Unis alors qu’il était dans les deux cas stables en moyenne à 5 % depuis 2015.
A la fin de l’année 2021, le taux de croissance de la masse monétaire dans la très grande majorité des pays était revenu à son niveau moyen d’avant la pandémie. Il s’agit donc d’une hausse soudaine de la monnaie qui a précédé, mais n’a pas accompagné, la hausse du taux d’inflation.
C’est quoi la masse monétaire ?
De quelle monnaie parle-t-on ? Pourquoi a-t-elle augmenté pendant la pandémie ? Et par quels canaux la hausse de la monnaie a-t-elle pu influencer l’inflation ? Il s’agit ici d’une définition large de la monnaie (appelée M3 dans le jargon des économistes) qui inclut toutes les liquidités dont disposent les agents économiques pour rapidement payer des transactions commerciales ou financières.
Outre les pièces et les billets, il y a tous les dépôts bancaires, y compris ceux qui demandent un préavis pour être retirés mais qui peuvent être utilisés dans un délai inférieur à deux ans (dans le cas français, cela inclut donc les livrets A et bleus, les comptes d’épargne‑logement, les livrets de développement durable et solidaire etc.).
S’y ajoutent les « instruments négociables » émis à court terme par les instituts de crédit (banques ou autres institutions financières pouvant collecter des dépôts et effectuer des crédits), c’est-à-dire des emprunts à court terme qu’une banque effectue sur les marchés financiers et qui peuvent être ensuite utilisés comme de la monnaie pour régler des paiements entre institutions financières. Ces titres financiers « liquides » sont équivalents, pour les relations entre institutions financières, aux dépôts que les particuliers et les entreprises ont dans une banque, car ils permettent aux banques de se financer à court terme.
Au contraire, le financement à long terme de ces institutions passe quant à lui par des actions ou des obligations, et non par de la monnaie, dont les créanciers ne peuvent pas toujours demander le paiement immédiat.
Pas de relation mécanique
A l’exception des pièces et des billets (qui représentent à peine un dixième du total de la masse monétaire appelée M3), la monnaie n’est donc pas créée par la banque centrale. Mais, lorsqu’elle achète des titres financiers (principalement de la dette publique) ou prête directement aux banques, elle augmente la base monétaire, c’est-à-dire les dépôts des banques à la banque centrale.
Le lien entre la base monétaire et la monnaie n’est pas mécanique. La décennie qui a précédé la pandémie de Covid 19 avait prouvé qu’il pouvait y avoir une forte hausse de la base monétaire, causée par les politiques d’achat d’actif des banques centrales, sans hausse équivalente de la monnaie…