Voici une question essentielle qui devra se poser si la PMA s’ouvre aux couples homosexuels et aux femmes célibataires puisque la France ne comptabilise que 250 dons par an ce qui est déjà insuffisant pour les candidats en attente. Si la PMA pour toutes est légalisée, les dons devront être multipliés par 10 ce qui est inconcevable à moins de payer les donateurs ce qui est totalement illégal en France, contrairement aux pays anglo-saxons. Nous ne sommes donc pas encore sortis de l’auberge, on tourne en rond…
Il est par contre très agréable et réconfortant de constater que sur plusieurs dizaines de millions d’hommes pubères en France, seuls 250 sont prêts à donner leur sperme, un don qui nous semble être une hérésie intellectuelle, une folie (pensez juste au risque d’inceste !).
L’ouverture de la PMA à toutes et la levée de l’anonymat pourraient dissuader un peu plus les donneurs.
On ne connaît ni leur nom ni leur visage, mais ils n’ont jamais semblé aussi indispensables. En France, seuls quelques centaines d’hommes (255 en 2015) entreprennent chaque année une démarche de don de gamètes, en l’occurrence de sperme. Un chiffre particulièrement faible, à l’heure où le Conseil national d’éthique (CCNE) rend un avis favorable à l’élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes et où il se prononce, dans le même temps, en faveur d’une levée de l’anonymat des donneurs. Si le législateur suit dans quelques mois les avis du Conseil – la PMA pour toutes étant un engagement de campagne d’Emmanuel Macron – la pénurie actuelle pourrait « s’accentuer », reconnaît Jean-François Delfraissy, le président du CCNE.
Concrètement, l’offre de gamètes ne pourra pas répondre à la demande croissante de PMA dans un pays où il manque déjà 300 dons de spermatozoïdes pour aider chaque année les couples infertiles, selon les chiffres de l’agence de biomédecine. Actuellement, il faut attendre entre un et deux ans pour bénéficier d’un don. Pour ne pas voir ces délais s’allonger, les membres du CCNE ont donc pris les devants en alertant dès aujourd’hui sur le risque encouru : « Le CCNE considère comme essentiel d’anticiper les conséquences de l’ouverture de la PMA sur la capacité des Cecos (Centre d’études et de conservation du sperme humain) à répondre à cette nouvelle demande en matière de don de sperme.»
Changer le regard sur le don
À ce stade, personne n’est capable d’évaluer le nombre de demandes de PMA qui émaneront demain de couples de femmes ou de femmes seules. Pierre-Henri Duée, l’un des membres du CCNE assure qu’il ne sera pas forcément « élevé par rapport au nombre de demandes actuelles.» Mais suffisant pour être au centre d’une réflexion. Quand il évoque quelques pistes de travail, Jean-François Delfraissy déplie son pouce, puis son index : « Un : il faudra d’abord organiser, donner plus de moyens et réfléchir sur l’organisation même des Cecos puisqu’on leur inflige un travail supplémentaire. Deux : il faudra avoir une réflexion sur ce qu’est le don de gamètes en France à travers des campagnes de prévention comme cela s’est fait en Angleterre.»
Là-bas, l’élargissement de la PMA et la levée de l’anonymat se sont accompagnés à court terme d’une baisse du nombre de donneurs. Mais progressivement, la courbe serait remontée, dépassant in fine le niveau antérieur aux réformes. Les études montreraient aussi que le profil du donneur type a peu à peu changé. Celui-ci serait plus jeune et porterait un regard différent sur ces femmes ayant recours à une insémination artificielle pour assouvir un désir d’enfant. « Si vous connaissez six enfants issus de cette démarche, cela vous paraîtra peut-être moins abstrait, illustre François Ansermet, pédopsychiatre membre du CCNE. C’est de la prospective fiction, mais je peux imaginer que les gens connaissant des couples de femmes qui ont procréé pourraient développer une solidarité.» Et de fait, pousser un jour la porte d’un Cecos pour y effectuer un don. […]
Romain Scotto – L’Express