Voilà donc comment fonctionne le système de santé actuel, on imagine que faire prendre une douche par mois aux patients hospitalisés c’est très bon pour l’hygiène et pour prévenir les maladies nosocomiales. Encore plus choquant, comment se fait-il que les grands professeurs de médecine que l’on voit se dandiner sur les plateaux télé ne parlent jamais de cette problématique grave ? C’est vraiment consternant voire effrayant, car ce sont eux qui, les premiers, devraient monter au créneau et réagir avec fermeté pour mettre un terme à ces incohérences.
Des agents hospitaliers de la Creuse dénoncent une dégradation des conditions d’accueil des patients, à l’hôpital comme en maison de retraite.En cause, notamment selon eux « la recherche de rentabilité à tout prix ». Une « charge de travail qui augmente pour chaque agent » et une politique de « rentabilité et donc de remplissage au détriment de la qualité de la prise en charge des patients ». À l’hôpital comme en maison de retraite, les observations sont identiques.Elles ont été rapportées à Sophie Ardon, déléguée régionale FO pour la Fonction publique hospitalière, en visite dans la Creuse, par des agents venus de tout le département.
« Patients refusés sur critères de revenus »
Une déléguée venue de l’Ehpad d’Auzances a décrit le processus qui est à l’œuvre : « Nous avons des résidents qui arrivent en Ehpad de plus en plus âgés et donc avec des niveaux de dépendance plus lourds, qui exigent plus de soins à moyens égaux. Les temps consacrés à chacun sont chronométrés et ne laissent plus de place à l’échange, à l’humain. »« Mais on nous parle désormais de traçabilité des soins. Bientôt, on va mettre un code-barres à nos patients. » Une agentPour cette professionnelle : « On ne peut plus donner qu’une douche par mois à chacun. L’institution est devenue maltraitante. Le personnel soignant ou même administratif se bat pour que cela reste humain. Mais on nous parle désormais de traçabilité des soins. Bientôt, on va mettre un code-barres à nos patients. »Les agents hospitaliers observent également chaque jour une sélection de plus en plus sévère à l’entrée des Ehpad sur des critères de ressources : « On voit des patients qui sont refusés parce qu’ils n’ont pas les 1.500 à 1.800 euros par mois nécessaires pour payer le prix de journée*. Et de tels niveaux de pensions sont plutôt rares chez les retraités creusois. La génération précédente avait généralement un petit pécule. Désormais, les familles sont plus sollicitées ».
Autre « effet secondaire » de la recherche de rentabilité à tout prix : « L’épuisement du personnel qui génère un fort absentéisme et qui engendre le recours à l’interim. Ce qui déstabilise encore un peu plus des personnes âgées qui ont besoin de sécurité et de […]
Julien Rapegno
* Le prix de journée comprend l’ensemble des prestations d’administration générale, d’accueil hôtelier, de restauration, d’entretien et d’animation de l’établissement.