C’est en lisant une telle information que l’on ne peut s’empêcher de penser que le désordre règne sur terre car les voyous et les méchants imposent leur loi. Ils se donnent le droit de tuer et de tout saccager alors que la société ne fait absolument rien pour les en empêcher. Il faut dire avant toute chose que les moyens sont insignifiants et pire encore que la justice est clémente. C’est un choix civilisationnel dont il est question, on ne peut combattre un tel fléau avec des politiques aussi molles et inefficaces.
Esmond Bradley-Martin, figure de proue de la lutte contre le trafic d’ivoire et de corne de rhinocéros, a été assassiné à l’arme blanche en banlieue de Nairobi, a confirmé lundi la police kenyane.
L’Américain de 75 ans avait passé sa vie à traquer les trafiquants de produits animaux et avait acquis une réputation internationale dans les milieux conservationnistes. Il s’apprêtait à publier ses plus récentes conclusions.
Selon le responsable des enquêtes criminelles de la police de Nairobi, Nicolas Kamwende, c’est un membre de la famille qui a prévenu la police, dimanche, après avoir trouvé le corps sans vie de M. Bradley-Martin.
« La police a été appelée parce qu’il y avait une activité inhabituelle à sa maison de Karen, mais quand elle est arrivée elle n’a rien trouvé parce que la maison était fermée », a déclaré le chef de la police de Nairobi, Japheth Koome.
On a retrouvé plus tard son corps avec des blessures à l’arme blanche et nous essayons d’établir qui l’a tué et pourquoi. Une enquête a été ouverte, mais aucun suspect n’a été arrêté jusqu’ici.
Paula Kahumbu, la directrice de Wildlife Direct, une organisation de protection des animaux, affirme que son décès est une « très grande perte » pour la protection des espèces.
« Il était l’une des personnes les plus importantes s’efforçant de faire la lumière sur le commerce d’ivoire, en s’attaquant aux trafiquants eux-mêmes », a-t-elle commenté.
Esmond Bradley-Martin avait consacré la plus grande partie de sa vie à traquer les trafiquants d’ivoire, qu’ils se trouvent aux États-Unis, en Chine, au Congo, au Vietnam, au Nigeria, en Angola et, plus récemment, au Myanmar.
Ses recherches ont notamment joué un rôle-clé dans la décision de la Chine d’interdire le commerce de corne de rhinocéros en 1993.
Il avait aussi fait pression sur Pékin pour que le commerce de l’ivoire provenant d’éléphants soit interdit, ce qui s’est finalement concrétisé le 1er janvier.
Selon Mme Kahumbu, Esmond Bradley-Martin était d’ailleurs sur le point de publier un rapport montrant que ce commerce s’était déplacé vers les pays voisins de la Chine.
Selon la BBC, M. Bradley-Martin n’hésitait pas à risquer sa vie pour documenter le travail des trafiquants, quitte à se faire passer pour un acheteur pour infiltrer ce marché, noyauté par des groupes criminels.
Il était « l’un des grands héros méconnus de la défense des animaux », estime Iain Douglas-Hamilton, fondateur de Save the Elephants, une organisation de protection des animaux qui a financé et publié plusieurs de ses rapports au fil des années.
Il a souvent mené son travail méticuleux sur les marchés de l’ivoire et de la corne de rhinocéros dans les endroits les plus isolés et dangereux de la planète et avec des agendas si chargés qu’ils auraient épuisé un homme deux fois moins âgé que lui.
« C’était mon ami depuis 45 ans et sa perte est un coup terrible, aussi bien personnellement que professionnellement », a ajouté M. Douglas-Hamilton.
La mort d’Esmond Bradley-Martin est la deuxième du genre à survenir en Afrique de l’Est en six mois. En août, un autre éminent défenseur des espèces menacées, le Sud-Africain Wayne Lotter, a été assassiné par balles en Tanzanie.
Radio Canada / AFP / AP / Reuters / BBC