Les élites françaises sont en pleine décadence et cette nouvelle affaire impliquant l’ambassade de France au Venezuela en est encore une preuve.
Un signalement transmis au parquet de Paris évoque une possible malversation de 7,5 millions d’euros au sein des institutions françaises à Caracas.
Y a-t-il eu 7 millions et demi d’euros détournés au lycée français de Caracas, sous la tutelle de l’ambassade de France au Venezuela ? Ce soupçon grave nourrit le signalement de dix pages pour détournement de fonds publics transmis au procureur de Paris le 18 avril 2019 et dont L’Express a pu prendre connaissance. Il émane du fonctionnaire du Quai d’Orsay Pierre Mazzoni, 61 ans, qui fut conseiller de coopération et d’action culturelle, et donc inspecteur d’académie du fameux établissement scolaire (les deux fonctions vont de pair) de 2015 à 2018. Précisément jusqu’au 6 juillet dernier, jour où l’ambassadeur Romain Nadal, 50 ans, a demandé le rappel à Paris de Mazzoni en raison, écrit-il dans un courrier à « diffusion restreinte », de ses « très nombreuses affirmations ou accusations calomniatrices ».
Dans cette crise totalement hors normes, on se situe à des années-lumière du langage diplomatique, habituellement feutré, vu les noms d’oiseaux qui s’échangent entre les protagonistes.
Revenons donc à l’origine de ce polar d’ambassade, qui démarre à Caracas en cette journée chaude et ensoleillée du vendredi 15 juin 2018. En fin de matinée, plusieurs dizaines de parents d’élèves, Français et Vénézuéliens, débarquent en colère dans la cour du lycée : ils réclament un audit en guise de protestation contre la décision de l’établissement de leur imposer un nouveau droit d’entrée de 2 900 euros par enfant pour la prochaine rentrée scolaire. Un versement à effectuer en euros, et non plus en bolivars, alors que l’inflation atteint des niveaux démentiels autour de 100 000 %.
Photo d’illustration : L’ambassadeur de France, Romain Nadal, est embarrassé par la guerre judiciaire avec son ancien conseiller culturel. Ici, en 2012, alors qu’il était le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. afp.com/LIONEL BONAVENTURE
François Koch
L’Express