Cette peine, si elle venait à être confirmée, ne serait certainement pas de nature à dissuader ce boutefeu provocateur et haineux qui passe son temps à stigmatiser l’islam et les musulmans, faisant ainsi le lit d’une guerre civile dont il semble ne pas mesurer, hélas, les retombées graves sur la stabilité du pays. Lui et ses collègues Michel Houellebecq et Michel Onfray, auront un jour ou l’autre à répondre de leur infamie. Ils ne leur restera plus alors qu’à méditer sur cette observation pertinente et empreinte de sagesse de Thomas Murner, théologien catholique de la fin du XVe siècle et début du XVIe siècle : « Maint fou ne peut plus éteindre le feu qu’il a allumé lui-même.»
[les propos de Zemmour, selon Mme la procureure] ont « pour objet principal d’opposer les musulmans et les Français ». « On peut se demander » s’il n’a pas « pour but de la mettre en place, cette guerre civile » qu’il prophétise, « de mettre en place tout ce qu’il faut pour y arriver ».
Il était poursuivi pour des propos tenus au « Corriere della Sera », où il déclarait notamment : les musulmans « ont leur code civil, c’est le Coran ».
Le parquet de Paris a requis vendredi une peine de 10 000 euros d’amende contre le polémiste Éric Zemmour, poursuivi pour provocation à la haine envers les musulmans, pour des propos au journal italien della Sera en octobre 2014. Il y déclarait notamment que les musulmans « ont leur code civil, c’est le Coran », qu’ils « vivent entre eux, dans les banlieues. Les Français ont été obligés de s’en aller. » « Je pense que nous nous dirigeons vers le chaos. Cette situation de peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile », ajoutait-il : « Des millions de personnes vivent ici, en France, mais ne veulent pas vivre à la française. » Il faisait alors la promotion de son livre « Le suicide français ».
Dans son réquisitoire, la procureur Annabelle Philippe a estimé que ces propos « stigmatisants », « sans nuance », visaient « l’ensemble de la communauté musulmane ». Les propos d’Éric Zemmour, « récidiviste », « très écouté, très entendu », a souligné la magistrate, ont « pour objet principal d’opposer les musulmans et les Français ». « On peut se demander » s’il n’a pas « pour but de la mettre en place, cette guerre civile » qu’il prophétise, « de mettre en place tout ce qu’il faut pour y arriver », a-t-elle ajouté. Devant le tribunal correctionnel de Paris, le polémiste a soutenu qu’il parlait de « musulmans en banlieue qui s’organisent et qui », selon lui, « sont en voie de sécession ».
Condamné en 2011 à deux amendes
Lors d’une audience qui a duré sept heures, il a longuement développé ses thèses, interrompant parfois la présidente au point de se faire reprendre, répétant qu’il avait écrit « 540 pages », estimant qu’il y a en « Italie une liberté de parole qui était celle de la France avant ». Plusieurs associations se sont constituées parties civiles. L’avocat de SOS Racisme, Me Patrick Klugman, s’en est pris aux « thèses totalement nauséabondes » développées par Éric Zemmour dans son ouvrage.
Pour la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), sa consœur Sabrina Goldman a évoqué le « sentiment d’impunité » ressenti, selon elle, par le prévenu qui s’adressait à un média étranger. Selon elle, le polémiste « déculpabilise le discours des racistes du quotidien ». « Ce n’est pas ce qu’il décrit qui fait peur », a plaidé le conseil du polémiste, Me Olivier Pardo, mais « ce qui se passe », affirmant qu’il n’y a dans les propos de son client « pas d’exhortation, pas de volonté gratuite de stigmatiser ». Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 17 décembre.
Éric Zemmour a déjà été condamné en 2011 à deux amendes de 1 000 euros d’amende avec sursis pour provocation à la haine, après avoir déclaré à la télévision que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ». Plus récemment, le 25 septembre dernier, il a été relaxé après avoir évoqué dans une chronique des « bandes » d’étrangers « qui dévalisent, violentent ou dépouillent », mais le parquet a fait appel.
Le Point.fr / AFP