Rappelons tout de même que cette affaire dont l’épilogue est le massacre de 15 personnes, des ingénieurs français qui travaillaient au Pakistan, était censée être l’oeuvre d’Al Qaïda et du terrorisme islamiste. Nous savons maintenant que c’est une grosse histoire de magouilles de rétro commissions de l’industrie française de l’armement et que comme c’est souvent le cas, on se cache derrière le terrorisme pour camoufler des crimes d’État. En même temps, bien sûr, cela sert à terroriser les gens et à faire croire à une menace importante nécessitant des réactions politiques fermes comme la perte des libertés individuelles. Un second point est important à rappeler dans cette affaire c’est l’extrême lenteur de la justice française qui est choquante puisque cette affaire date du 8 mai 2002 et qu’elle n’a toujours pas été jugée ! On se doit de poser une question simple. Quelle est la différence entre des pays où cette affaire n’aurait jamais été instruite en justice ou bien la France qui se dit démocratique où cette affaire ne trouvera jamais d’issue ? N’est-ce pas le même résultat final !
La cour d’appel de Paris a annulé le 6 novembre le non-lieu dont avait bénéficié Nicolas Sarkozy en août 2016.
La justice a relancé une enquête sur des soupçons de « violation du secret de l’instruction » par l’Élysée en 2011, sous Nicolas Sarkozy, à cause d’un communiqué en marge de l’affaire Karachi, selon une source proche du dossier. La cour d’appel de Paris, contre l’avis du parquet général, a annulé le 6 novembre le non-lieu dont avait bénéficié Nicolas Sarkozy en août 2016 et ordonné la reprise de l’information judiciaire pour « violations du secret de l’instruction et du secret professionnel », et pour complicité et recel de ces délits. Des parties civiles avaient fait appel.
Financement occulte
Le 20 septembre 2011, l’Élysée avait annoncé dans un communiqué que « le nom du chef de l’État n’apparaît dans aucun des éléments du dossier » financier, ouvert en parallèle à l’enquête sur l’attentat de Karachi, qui avait fait 15 morts, dont 11 ouvriers français de la DCN (Direction des constructions navales), le 8 mai 2002. Ce texte avait été diffusé peu après les mises en examen de deux proches du chef de l’Etat, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire, dans ce volet sur le possible financement occulte de la campagne d’Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy fut au gouvernement le ministre du budget et le porte-parole.
De nombreuses voix avaient dénoncé une intrusion de l’exécutif dans une procédure judiciaire. L’avocat des familles de victimes de l’attentat, Me Olivier Morice, avait porté plainte avec constitution de partie civile en juin 2012 contre l’ancien président. « C’est une belle victoire », s’est réjoui Me Olivier Morice qui avait contesté le non-lieu. « La chambre de l’instruction considère que l’enquête n’est pas allée jusqu’au bout pour faire la lumière sur les circonstances de l’élaboration du communiqué qui constitue à notre sens une violation du secret de l’enquête et de l’instruction », a commenté l’avocat.Immunité présidentielle
Entendu comme témoin assisté, Nicolas Sarkozy avait invoqué l’immunité présidentielle et fait savoir que le communiqué avait été rédigé par son service de presse alors qu’il se trouvait à New York, selon une source proche du dossier. Les juges se sont tournés vers l’Elysée et la chancellerie pour trouver la trace d’une transmission de pièces du dossier financier Karachi. En vain.
L’affaire avait donné lieu à un débat sur le statut pénal du chef de l’État. Si le principe de l’immunité prévaut pour les « actes accomplis en cette qualité », il ne s’applique pas pour la réalisation d’« une mise au point argumentée, personnelle de la part d’un citoyen, président en exercice », qui apparaît « bien éloignée des actes relevant de la fonction de chef de l’Etat », a estimé la cour d’appel dans son arrêt consulté par l’AFP.Subornation de témoin
Outre Nicolas Sarkozy, les juges avaient également ordonné un non-lieu pour son ancien ministre de l’intérieur, l’actuel eurodéputé Brice Hortefeux et celui qui fut à l’Elysée son conseiller chargé de la communication, Franck Louvrier. Thierry Gaubert, qui était au cabinet de M. Sarkozy, seul poursuivi devant le tribunal correctionnel, a vu son renvoi confirmé pour « subornation de témoin », son ex-épouse en l’occurrence, qui l’avait mis en cause dans le dossier financier.
En 2017, Nicolas Sarkozy avait été entendu comme témoin dans ce volet qui vaut à Edouard Balladur d’être mis en examen pour « complicité et recel d’abus de biens sociaux ». L’affaire n’a toujours pas été jugée.
Le Monde / AFP