Malgré ces informations plus que préoccupantes sur sa santé, il ont osé diffuser des lettres, des communiqués et autres balivernes en prétendant qu’il en était l’auteur et en maintenant sa candidature. On aimerait bien connaître l’identité du « médecin » qui a rédigé et signé le certificat médical d’aptitude déposé au Conseil constitutionnel et accompagnant son dossier de candidature ! Il doit avoir des sueurs froides et il sera à jamais méprisé de ses confrères dont il a violé le serment et du peuple qu’il n’a pas hésité à duper. La honte !
CONTROVERSES – Les graves ennuis de santé d’Abdelaziz Bouteflika ne sont un mystère pour personne dans son pays. Il n’empêche : leur révélation publique à l’étranger leur a donné un nouveau relief. Surtout, elle souligne l’inanité du certificat médical officiel transmis ces derniers jours à la Cour constitutionnelle.
« Affaibli, souffrant de problèmes neurologiques et respiratoires, le président algérien est « sous menace vitale permanente » . Le pavé dans la mare jeté mercredi par la Tribune de Genève a choqué des Algériens pourtant très conscients des graves ennuis de santé dont souffre leur président. Un président totalement absent de la scène publique depuis qu’un AVC l’a cloué en 2013 dans un fauteuil roulant.
« Le Conseil constitutionnel doit se saisir de cette information », lance la constitutionnaliste Fatiha Benabbou. Selon lui, il y a une « contradiction » entre l’attitude de cet organisme qui a reçu, le 3 mars, le dossier de candidature d’Abdelaziz Bouteflika, auquel était adjoint un certificat médical de bonne santé du candidat, et le diagnostic sans appel des médecins suisses.
Poursuivre le médecin
« Comment donner un certificat de bonne santé à un tel patient? s’irrite Fatiha Benabbou. Il y a un problème de déontologie médicale, il doit y avoir une contre-expertise médicale du malade. » Et d’appeler la justice à poursuivre le médecin qui aurait délivré le certificat de bonne santé.
Le professeur en neurologie et neuropsychologie Hocine Bouraoui, établi à Alger, a publié dimanche un certificat médical beaucoup plus sévère que son confrère. « Après le constat de l’impotence fonctionnelle effective et définitive, de troubles intellectuels aphasiques et articulatoires, ayant compliqué l’accident vasculaire cérébral ischémique survenu en 2013, [je] déclare que l’état de santé de monsieur Bouteflika Abdelaziz, âgé de 82 ans, ne permet pas l’exercice de hautes fonctions inhérentes à la magistrature suprême. »
Le médecin a ensuite fait part de sa disponibilité à « examiner et expertiser [le chef de l’Etat] sur réquisition de l’autorité compétente », tout en adressant une copie de ses conclusions au Conseil constitutionnel.
« J’ai pris une grave responsabilité mais je n’ai fait que mon devoir », explique Hocine Bouraoui, en assurant n’avoir « rien contre le président » . Que pense-t-il du certificat médical joint au dossier de candidature d’Abdelaziz Bouteflika déposé devant le Conseil constitutionnel? « Il y a un faux certificat, de mon point de vue. C’est une insulte à la profession », dénonce le médecin.
Rappel de l’Ordre
Mardi 5 mars, le Conseil national de l’Ordre des médecins a rappelé, dans un communiqué, les règles présidant à la rédaction des certificats médicaux des candidats à la présidence de la république et mis en garde « les institutions nationales chargées d’examiner la validité de ces documents de l’obligation pour le ou les auteurs d’être inscrits au tableau de l’ordre des médecins » .
Nassim Yassa, 24 ans, militant politique et étudiant en littérature et civilisation francophones à l’Université de Tizi Ouzou, estime que l’actuel chef de l’Etat, en s’accrochant à son fauteuil alors qu’il est gravement malade, a « touché dans son honneur l’Algérie » . « Cela ne fait que renforcer ma conviction et ma détermination à continuer mon combat pour la chute de ce système qui a produit Bouteflika et qui a confisqué l’Algérie au lendemain de l’indépendance », assène ce jeune qui dit avoir participé à toutes les marches depuis le début de l’ « insurrection citoyenne » et s’est fait arrêter, pendant sept heures, lors des manifestations de dimanche. , ALGER