Salim Laïbi a été victime le 18 février dernier d’un comportement indigne de la radio France Maghreb 2 qui a fait passer un chroniqueur, un certain Sofiane Lakhdari, dont personne n’a jamais vu le visage et dont les propos se résument à reprendre les communiqués et la sémantique du DRS algérien. D’ailleurs l’émission de Christophe Frot, Le Grand débat, est devenue si caricaturale qu’on l’appelle, entre nous, radio Al Mouradia (le palais présidentiel algérien) !
Après que Sofiane Lakhdari eut craché son venin, Salim Laïbi a rappelé Christophe pour demander un droit de réponse qui lui a été refusé. Le fait est qu’il a involontairement décroché son portable et Salim Laïbi l’a entendu l’insulter copieusement ! La démocratie a ses limites !
Pour radio Al Mouradia le Hirak serait mort, il ne serait plus possible de contester la légitimité de Tebboune « élu » en décembre 2019 après un scrutin frauduleux historique au cours duquel trois wilayas (départements) n’ont pas voté du tout. Le Hirak actuel serait donc, à les entendre, non représentatif et ne rassemblerait plus grand monde. Il se trouve que les deux derniers rendez-vous des 22 et 26 février puis du 5 mars ont démontré l’extrême vitalité du Hirak qui a repris de plus belle, en étant encore plus fort qu’avant, tant numériquement qu’en ce qui concerne les slogans scandés, pour le plus grand malheur de la mafia du DRS.
Mais le moment le plus comique, c’est lorsque le patron de la radio, M. Tarek Mami, a reproché à Salim Laïbi de ne pas dire le « président » Tebboune lui manquant, selon lui, de respect. Il lui a été rappelé en direct que même en France, grand pays démocratique – du moins il fut un temps – personne ne dit Monsieur le président Macron ! Les Algériens se sont débarrassés de « fakhamatouhou » Bouteflika, ce n’est pas pour retomber dans le culte de la personnalité !
Ensuite, dans la soirée du 20 février, Salim Laïbi va recevoir de la part d’un ami un SMS envoyé via le réseau Whatsapp de la part de M. Tarek Mami qui reprend un article diffamatoire du Point pour lui-même me diffamer sur son réseau privé. Rappelons que ce même Tarek Mami, donneur de leçons de démocratie, a été signataire en 2010 d’un appel à une 6e candidature du dictateur Ben Ali en Tunisie ! Voici un extrait de ce courageux appel démocratique : « Toutes les mutations importantes autour de nous et celles à venir soulignent la nécessité pour la Tunisie d’un commandement de la valeur de celui du président Zine El Abidine Ben Ali, avec tout son poids et toute sa sagesse ». Effectivement, Bel Ali était connu pour être un homme très sage et Tarek Mami ne le savait que trop bien… Lisez l’article Ben Ali et la liste des 65 flatteurs publié dans L’Express en janvier 2011. Faut dire que se faire prodiguer une leçon de démocratie par un chiyyate du dictateur déchu Ben Ali, passe assez mal…
Sans oublier bien entendu que c’est sur cette radio qu’officie Gamal Abina, que l’on a déjà dénoncé ici pour sa vulgarité légendaire et qui n’a pas hésité une seconde lors d’une interview du site d’extrême droite islamophobe Causeur, à laisser couler sa bave fielleuse sur Salim Laïbi. Il passe son temps d’ailleurs à appeler tout son petit carnet d’adresses pour diffamer Salim Laïbi avec néanmoins un succès inversement proportionnel à sa vulgarité ! Il suffit de lire les commentaires de ses postes Facebook pour comprendre à quel point il est pathétique. Sa dernière prestation lamentable chez Causeur lui a d’ailleurs fait beaucoup de mal et a démontré à tous à quel point sa haine maladive et pathologique de Salim Laïbi l’aveugle, au point d’avoir perdu tout sens du discernement. Lui qui se présentait comme gauchiste défenseur de la cause des musulmans et de la cause palestinienne a fini dans les bras d’Élisabeth Lévy et de Finkielkraut, grands défenseurs de l’apartheid palestinien !
Rappelons également que cette radio n’a pas hésité une seconde à défendre Tarik Ramadan malgré les nombreux scandales sexuels lamentables ayant défrayé la chronique pendant de nombreux mois. Il n’ont pas hésité à l’interviewer et le victimiser dès la sortie de son livre malgré un dossier très lourd, moralement indéfendable.
Enfin, il convient de souligner que Radio France Maghreb 2 est une radio généraliste n’hésitant pas à faire jouer le hasard pour gagner un voyage et faire sa Omra ! Mieux encore, cette même radio fait passer des émissions de voyance animées par un certain Alexis qui, en toute simplicité, assure commercer avec les djinns ! Accepter d’escroquer à ce point ses propres auditeurs en leur faisant miroiter la fin de leurs problèmes, en ayant recours à de pareilles charlataneries est juste indigne. On a d’ailleurs déjà dénoncé ces dérives dans une Actu au scalpel HS que vous retrouverez ici.
Petite histoire de l’appel, en août 2010, de personnalités en faveur d’un sixième mandat du président tunisien.
Au mois d’août 2010, le quotidien arabophone Echourouq publie un appel de 65 personnalités tunisiennes (médecins, avocats, personnalités de la culture, etc.) de divers horizons, au président Ben Ali, l’exhortant à se représenter pour un nouveau mandat présidentiel (le sixième) de 2014 à 2019. Quelque temps plus tard, le nombre des signataires passe à 100 puis à 1000. Cette prose atteint un rare niveau de flagornerie.
Pour leur défense, les signataires (ou leurs proches) expliquent qu’ils n’ont « jamais lu le texte pour lequel ils auraient soi-disant pétitionné. Quand ils l’ont été, ils ont été contactés par la présidence avec pour seule question : – On veut que M. le Président se représente en 2014, êtes-vous avec ou contre le président ? », rapporte un internaute de l’Express.fr. Si cette réserve vaut pour les listes de 100 et de 1000 qui ont suivi la première mouture, nombre d’observateurs mettent en doute le fait que les 65 premiers signataires aient totalement ignoré leur présence sur cette liste.
Extraits :
« La Tunisie a choisi, sous votre conduite, la voie de la réforme et de la modernisation et le défi aujourd’hui est de poursuivre sur cette voie, après que vous ayez enrichi, d’un capital sans équivalent, notre expérience nationale en matière de changement social et de construction civilisationnelle, un capital qui vous a valu la confiance de votre peuple, et dont témoignent la prospérité de notre peuple et son bien-être, ainsi que le progrès du pays et son développement qui lui a valu d’occuper les meilleurs positions dans son environnement régional et international ».
Le texte et la liste sont consultables sur le portail tunisien Kapitalis : « Les signataires, dont de nombreux anciens ministres, médecins, universitaires, hommes d’affaires et artistes, concluent leur appel en disant : « Toutes les mutations importantes autour de nous et celles à venir soulignent la nécessité pour la Tunisie d’un commandement de la valeur de celui du président Zine El Abidine Ben Ali, avec tout son poids et toute sa sagesse ».
De rares réactions
Au moment de la parution de la pétition, Mokhtar Yahyaoui s’étranglait sur le site d’opposition Tunisia Watch: « En lisant le texte de l’appel, on dirait que le président Ben Ali est réticent à ‘poursuivre la direction de la Tunisie’. Or, ce n’est pas le cas, tout le monde sait à l’intérieur comme à l’étranger que le président Ben Ali ne lâchera jamais le pouvoir de son propre gré. »« J’aimerais sincèrement croire que ces personnes eussent été manipulées, voire forcées à signer cette ignoble missive, mais mon petit doigt me dit (excusez la petitesse de ma source) que cette “élite” qui a toujours brillé par son silence durant 22 ans de dictature, a simplement confondu son besoin à ELLE de Ben Ali avec celui de l’ensemble de la Tunisie », se moque un auteur sur le blog collectif Nawaat.
Rebondissements
Si l’affaire a fait peu de bruit à l’époque, censure oblige, elle rebondit aujourd’hui sur la toile, alors que plusieurs des signataires ont été pris en flagrant délit de retournement de veste.
Ainsi, le cinéaste et producteur tunisien Tarek Ben Ammar, qui explique sur Europe 1 que le peuple tunisien a courageusement tourné cette page et combien cette “révolution” est salutaire. Notre confrère Renaud Revel a rappelé sur son blog qu’il est signataire de la fameuse liste.
Une autre personnalité célèbre du “renouveau tunisien” fait partie de cette liste, il s’agit de la ministre de la Culture Moufida Tlatli, comme nous l’indiquions le 18 janvier.
Par ailleurs, cette fameuse liste semble mettre dans l’embarras ceux qui l’avaient mise en ligne. Ainsi, le blogueur Sami Ben Abdallah révélait, ce 19 janvier au matin que le site Leaders dirigé par l’homme d’affaires Taoufik Habaieb venait de retirer la liste de son site, et rappelait que ce dernier “avait exprimé son souhait publiquement de rejoindre” les pétitionnaires. La liste était à nouveau accessible sur Leaders quelques heures plus tard.
Liste des signataires (établie selon l’ordre alphabétique arabe) :
Oussama Mellouli, champion olympique ;
Habib Boujnah, médecin ;
Habib Hamza, médecin ;
Chedli Klibi, ancien ministre ;
Taher Belkhoja, ancien ministre ;
Taher Kammoun, avocat ;
Mouldi Amamou, médecin ;
Amel Ouertani, médecin ;
Emna Attallah Soula, journaliste ;
Amina Fakhet, chanteuse ;
Boubaker Zakhama, médecin ;
Jalel Daghfous, médecin ;
Habiba Chaâbouni, médecin ;
Hassen Gharbi, médecin ;
Hosni Jemmali, hommes d’affaires;
Hakim Hmila, homme d’affaires ;
Hammadi Bousbii, homme d’affaires ;
Hammadi Bouabid, cinéaste ;
Hammadi Bouabid, universitaire ;
Hamdi Meddeb, homme d’affaires ;
Hammouda Ben Ammar, homme d’affaires ;
Khedija Mbazaia ;
Khemaies Khayati, journaliste ;
Mohamed Laouçat Ayari, chercheur ;
Rachid Sfar, ancien premier ministre ;
Rachid Mechmech, médecin ;
Ridha Merzougui, homme d’affaires ;
Sami Fehri, producteur TV ;
Sonia Mbarek, chanteuse ;
Sihem Belkoja, artiste ;
Sabeur Rebai, chanteur ;
Tarek Ben Ammar, producteur de cinéma ;
Tarek Mami, journaliste ;
Abdelhamid Riahi, journaliste ;
Abderrahmane Kraiem, juriste ;
Abdelkader Hamrouni, homme d’affaires ;
Abdallah Ahmadi, juriste et universitaire ;
Abdellatif Ben Ammar, cinéaste
Abdelmejid Dabboussi, journaliste ;
Abdelwaheb El Behi, juriste ;
Abdelwaheb Ben Ayed, homme d’affaires ;
Ezzeddine Madani, écrivain ;
Aziz Miled, homme d’affaires ;
Ali Benhani, médecin ;
Fethi Mouldi, avocat ;
Férid Allani, homme d’affaires ;
Kamel Ben Younes, journaliste ;
Lazhar Sta, homme d’affaires ;
Lotfi Bouchnaq, chanteur ;
Lotfi Abdennadher, homme d’affaires ;
Latifa Arfaoui, chanteuse ;
Mohamed Driss, homme de théâtre ;
Mohamed Gammoudi, champion olympique ;
Mohamed Chebil, médecin ;
Mohamed Moncef Barouni, avocat ;
Mohamed Moada, universitaire et homme politique ;
Mustapha Besbes, professeur et chercheur ;
Moufida Tlatli, cinéaste ;
Moncef Ben Abid, médecin ;
Moncef Mzabi, homme d’affaires ;
Nabiha Karaouli, chanteuse ;
Noureddine Boutar, journaliste ;
Hachemi Louzir, médecin ;
Hichem Rostom, acteur
20 janvier 2011