La liberté d’expression est de plus en plus menacée en France étant donné que le harcèlement des journalistes est de plus en plus fréquent. Alors que ces derniers ne font que leur travail en dénonçant les anomalies graves au sein de l’armée, ou de n’importe quels corps ou institutions d’État, il n’est pas admissible ni acceptable qu’ils soient empêchés de travailler.
Pour la quatrième fois depuis notre création en 2018, un journaliste de Disclose est convoqué par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
La raison : avoir dévoilé le nom d’un membre des forces spéciales soupçonné de favoritisme et de trafic d’influence dans l’attribution de marchés publics au sein du ministère des armées.
En mars 2018, Geoffrey Livolsi, journaliste et cofondateur de Disclose, publiait une enquête sur France Inter avec ses confrères Benoît Collombat et Jacques Monin. Ils démontraient, documents à l’appui, que plusieurs hauts gradés de l’armée avaient favorisé une société privée pour l’obtention de marchés de transport de matériel militaire. Des pratiques qui ont permis à l’entreprise française ICS d’obtenir plus de 200 millions d’euros de contrats avec le ministère de la défense.
Ces informations devaient être portées à la connaissance du public. Pourtant, près de cinq ans après leur diffusion, les autorités ont décidé que ces révélations devaient faire l’objet d’une enquête des services de renseignement. Ceux qui, d’habitude, sont chargés de la lutte anti-terroriste. L’objectif : intimider les journalistes qui travaillent sur l’armée et traquer leurs sources.
Cette intimidation renforce notre détermination
Mercredi 14 décembre, Geoffrey Livolsi et ses confrères de Radio France sont convoqués dans les locaux de la DGSI, à Levallois-Perret. Ils encourent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende pour ce qui est considéré comme une atteinte au secret de la défense nationale.
Ce n’est pas la première fois qu’un journaliste de Disclose est dans le viseur de l’État. En 2019, trois de nos journalistes avaient été entendus par la DGSI pour avoir révélé que des armes françaises étaient utilisées contre des civils dans la guerre au Yémen. Et, depuis novembre 2021, notre média est aussi visé par une enquête pour violation du secret de la défense nationale suite à nos révélations sur la complicité du renseignement militaire français dans des exécutions arbitraires de civils en Égypte.
Devons-nous arrêter d’enquêter sur les ventes d’armes et sur les dérives de l’armée française ? Au contraire, nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre ce travail d’intérêt public. Pour mener à bien cette mission, nous avons la chance de compter sur votre soutien. Si vous en avez les moyens, vous pouvez nous encourager davantage aujourd’hui avec un don ponctuel en ligne ou par chèque.
Pierre Leibovici
Journaliste – Responsable des relations avec les membres7 décembre 2012