La Grèce, pour certains le berceau de la civilisation européenne, pour d’autres la martyre des Titans de la Troïka (BCE, Commission Européenne, et FMI).
J’ai voulu visiter ce pays qui a fait naître les grands philosophes, et historiens de renom tel que Platon, Polybe, Aristote, Thucydide et tant d’autres. Si la Grèce est aussi connue pour son charme des îles, il y a cependant une autre image moins appréciable que celle d’Athènes. Il y a un contraste permanent dans cette ville entres quartiers huppés et quartiers délabrés, ainsi qu’une vive tension au sein de sa population.
Pour me rendre au port du Pirée, j’ai pris le métro de la ligne verte. Une chaleur suffocante, pas de climatisation, sièges et vitres dégradés par les graffitis, ce qui rappellerait le métro Parisien. En revanche, si vous prenez la ligne bleue pour vous rendre à l’aéroport, le métro ainsi que ses arrêts sont bien entretenus. Il est probable que ce nettoyage vise à faire bonne figure devant les touristes afin de cacher les stigmates d’un pays en crise.
Pendant mon séjour, j’ai pu aller aussi bien dans les quartiers chics à l’occidentale, de Monastiraki, que certains quartiers dégradés comme Exarchia.
A titre d’exemple, j’ai pu passer à l’avenue du 28 octobre (28th Oktovriou (Patission)) devant une université polytechnique recouverte de graffitis et d’affiches de revendications émanant de l’extrême gauche. A contrario, au Port du Pirée, j’ai pu observer des graffitis émanant du parti d’extrême-droite, Aube dorée.
Malgré ces images je profitais pour visiter l’Acropole et son célèbre Parthénon, et aussi l’Agora. Ce haut lieu de rassemblement des Athéniens où était décidé les lois de la cité. Nous pouvons voir encore les ruines de ses diverses institutions avec l’Héliée, cette assemblée de magistrats élus par tirage au sort. Mais aussi la Boulè, qui était l’équivalent de notre assemblée nationale, et dont les représentants étaient également tirés au sort. Les grecs de l’ancien temps avaient ainsi une conception différente de la démocratie comparée à notre époque.
Au cours de cette visite dans ces hauts lieux historiques, j’ai pu rencontrer une guide grecque. Elle était professeur. Elle me racontait que suite aux coupes budgétaires dans l’éducation nationale mené par son gouvernement, elle attendait toujours un poste dans l’administration depuis de plusieurs années. Elle est obligée de faire du bénévolat pour guider les touristes, et que pour survivre elle donne des cours à domicile.
Cette morosité est confirmé par le témoignage d’une autre guide grecque lorsque j’ai visité le site de Delphes, située à 180 km au nord-ouest d’Athènes. Elle me mettait en garde de certains quartiers proches du port du Pirée qui seraient contrôlés par la mafia russe et, qu’il s’agissait aussi d’un point de concentration pour les migrants venant d’Afrique ou du Moyen-Orient, où de nombreuses incivilités ont été relevées.
Oui, je l’espère de tout mon cœur car les peuples d’Europe sont liés à sa destinée.
À mon retour d’Athènes, je vis deux manifestions se dérouler. Tout d’abord, une manifestation de l’ultra-droite chrétienne orthodoxe qui rassemblait près de 150 personnes. J’ai demandé à un militant de me passer un de ses tracts qu’il distribuait et dont je laisse soin au lecteur d’en tirer les conclusions (voir en bas de l’article avec les photos).
Le lendemain, je ne pouvais prendre la ligne de métro pour me déplacer suite à une grève dans les transports. Je suis par la suite tombé sur une manifestation de fonctionnaires devant la mairie d’Athènes.
Tout cela traduit la tension qui règne dans un pays qui subit depuis 2010 la rigueur budgétaire aux résultats catastrophiques. Un pays qui a vu, la privation d’un référendum sous la pression d’organisme internationaux. Ensuite, l’imposition d’un premier ministre Lucas Papadémos, ancien vice-président de la Banque Centrale Européenne qui a aidé à trafiquer les comptes du pays avec le concours de la banque Goldman Sachs, et a mené la rigueur budgétaire. Enfin, la trahison de la gauche radicale par Alexis Tsipras après que ce dernier ait mis en place un nouveau plan de rigueur pire que le précédant alors que ce dernier avait été rejeté par une large majorité du peuple grec par référendum. Qu’auraient pensés ces illustres grecs des temps anciens d’une telle situation ?
Avant que je ne regagne la France, je pris une dernière fois le métro qui m’amena à l’aéroport. Au cours du trajet, je fis la connaissance d’un de nos compatriotes, un professeur qui enseignait à Athènes dans le cadre d’un module d’enseignement d’un mois. Il me donna quelques indications concernant les souffrances qu’a subi le peuple grec ces huit dernières années. Il me dit : le salaire moyen d’un grec était d’environ 900 euros, il est aujourd’hui à 450 euros ! Pour les retraites, elles ont été divisées par deux ! Enfin, les grecs ne touchent pas d’allocations chômage comme nous en France. Les gens s’inscrivent à un organisme équivalant à celui de notre Pole-Emploi, mais ils ne touchent rien. Pour s’en sortir, les grecs font appel à la solidarité familiale et à l’Église. Il faut savoir qu’en Grèce, il n’y a pas de réelle séparation entre l’Église et l’État comme en France. L’Église orthodoxe grecque joue un rôle social important dans le pays.
Lorsque l’avion décolla, je ne pouvais m’empêcher de me poser cette question en voyant par le hublot cette ville au passé glorieux : Que va devenir la Grèce ?
La Grèce, ce berceau de la civilisation européenne, va-t-elle finir comme les ruines de l’Agora où bien renaîtra-elle ? Cette Grèce qui s’est libérée du joug Ottoman pour conquérir sa liberté ce 25 mars 1821. Cette Grèce qui a su dire NON à Benito Mussolini, et a rejeté son ultimatum le 28 octobre 1940, toujours pour préserver sa souveraineté et son indépendance.
Oui, je l’espère de tout mon cœur car les peuples d’Europe sont liés à sa destinée.
Eudoxe
Photos prisent à Athènes, mai 2018, source : Eudoxe







Pour finir sur une belle image :
