Au prétexte d’entourer les futurs pèlerins des meilleurs soins, une nouveauté surprend par son caractère singulier et particulièrement excessif. Il s’agit du prélèvement ADN auquel est désormais soumis chaque hadji, en attribuant l’avantage d’une telle mesure à la facilité d’une éventuelle identification en cas de décès. Généraliser cet examen, qui ressemble plus à un fichage génétique qui ne dit pas son nom, n’est pas pertinent car il porte sur environ 32000 pèlerins, ce qui constitue une charge de travail considérable, appelée à se répéter, bon an mal an, alors même que le nombre de personnes à identifier ne peut être connu et pourrait s’avérer tout simplement nul. Il faut aussi savoir qu’en raison du caractère sensible des informations fournies par ces empreintes génétiques, les tests sont soumis à des contraintes légales et à des limites dictées par des considérations éthiques. Or, la décision d’effectuer ces prélèvements a été prise unilatéralement et quasi sournoisement, sans avoir initié le moindre débat public et sans l’avoir soumise à l’avis du Conseil de l’Éthique. Les responsables qui ont imaginé de recourir à cette technique devraient faire profiter de leur “trouvaille” les compagnies de transport aérien ou maritime qui, à suivre un tel raisonnement, auraient grand intérêt à “ficher” les candidats au voyage, ce qui reviendrait à reconnaître qu’elles ne sont pas sûres de les conduire à bon port et que le risque serait même grand que leurs vaisseaux se désintègrent en plein vol ou en haute mer. Il faut savoir enfin que ces prélèvements se font toujours après coup et jamais avant, sauf en matière criminelle, ciblant les repris de justice. De plus, en agissant de la sorte, les responsables politiques accréditent l’idée que le pèlerinage est une entreprise fort risquée, alors que leurs efforts auraient dû porter sur les moyens à mettre en oeuvre pour prévenir tout incident ou accident durant ce grand rassemblement des fidèles musulmans. Une telle initiative ne peut que susciter les sarcasmes des autres pays, à moins qu’à terme, le but poursuivi ne soit de ficher toute la population pour des raisons cachées, connues du seul Big Brother et appelées donc à s’étendre à toute la planète.