Nous avons assisté hier à un rare moment d’absurdité, une scène kafkaïenne dans laquelle siégeaient quelques Ubu qui s’efforçaient de se donner une certaine contenance, dans un procès qui n’aurait jamais dû avoir lieu, le chef d’accusation étant erroné et fallacieux. Avant toute chose, il convient de souligner que le plaignant n’était pas présent et n’avait même pas constitué d’avocat ce qui est tout de même un comble pour quelqu’un qui s’estime avoir été insulté dans sa chair ! On aurait pourtant aimé entendre son propre réquisitoire et tout au moins sa version des faits ! Son absence à elle seule est déjà révélatrice de la légèreté de l’accusation ! Et dire qu’une plainte diligentée par mes soins n’a pas eu les suites escomptées alors qu’il s’agissait quand même d’une diffamation grave envers ma personne commise par un certain Omar Djellil dans une interview enregistrée sur le net, dans laquelle il m’accusait tout bonnement d’avoir volé 250.000 € de subventions publiques, détournées pour faire construire un centre dentaire en Algérie ! Il y a lieu d’observer, ici et dans ce cas précis, que la réaction des parquets est à géométrie variable, acceptant des plaintes sans fondement et refusant d’instruire une infraction à la loi authentique et avérée !
Bref, revenons à notre procès. Kemi Seba était accusé d’injure à caractère racial envers Monsieur Ahmed Meguini, pour l’avoir traité de “Collabeur” ! Kemi Seba expliquera à la barre que ce ne peut être qu’une critique politique et rien d’autre. Effectivement, lorsqu’il fait remarquer que M. Meguini travaille étroitement avec Botul (puisqu’il poste régulièrement des articles sur son site La règle du jeu) et C. Fourest, on remarque que l’un est juif (rien n’est moins sûr), l’autre athée et le demandeur laïciste d’origine maghrébine. Il ne peut être question, de ce fait, de relier une appréciation purement politique, largement utilisée par ailleurs, à une quelconque origine ethnique.
Nous avons observé dernièrement, dans le sillage des événements de Charlie Hebdo du mois de janvier, un enfant de 8 ans diabétique en GAV, traité comme un terroriste. On a vu se tenir des dizaines de procès contre la liberté d’expression avec une justice qui ose même attaquer les avocats des victimes, alors que le droit de la défense est un principe intangible et consacré ! On peut ainsi constater l’avènement d’un durcissement dans le pays, une pénalisation du discours qui se veut d’empêcher les gens de parler et s’exprimer librement. Est-il nécessaire de rappeler à tous que même les plus violents bombardements de l’histoire n’ont jamais eu raison de la volonté de libération des peuples !
Nous avons tout de même décelé une certaine gêne au sein du tribunal car rien ne pouvait être sérieusement reproché à K. Seba ! Madame la procureure a joué son rôle, sans conviction, car comment peut-on concevoir ou imaginer un seul instant qu’un Noir africain dont l’éditeur est, en l’occurrence un Maghrébin, puisse proférer des insultes racistes envers un autre Maghrébin ? Tout ceci n’est pas sérieux et cela ne grandit pas l’institution judiciaire. Il nous semble évident que la Présidente et ses assesseurs ne puissent aller dans le sens de l’accusation, tant cette dernière est inconsistante et vide de toute substance.
Verdict le 15 septembre prochain.