L’épidémie phénoménale de dépressions est bien plus grave et dangereuse que la mortalité du covid-19 car elle va toucher beaucoup de jeunes dont la vie est en train d’être détruite. Mais ce n’est pas grave, Big Pharma va pouvoir se gaver encore et encore en vendant toujours plus de médicaments anxiolytiques, antidépresseurs…
Atlantico : Quel a été l’impact psychologique du confinement et de la pandémie de coronavirus chez les jeunes ? Quels sont les principaux signes et symptômes de cette anxiété ? Comment expliquer ce phénomène et notamment chez les jeunes générations (z et y) qui sont particulièrement touchées ?
Jean-Paul Mialet : Malgré les alertes émanant de la terre entière, et plus particulièrement de la Chine ou a émergé la pandémie, les dégâts collatéraux émotionnels de la crise du Coronavirus n’ont reçu que peu d’attention. Les observations d’un accroissement sensible de troubles anxieux et dépressifs dans la population s’accumulent pourtant. Jusqu’à présent, l’essentiel de ces observations concernait des populations d’adultes et l’on négligeait les jeunes, pensant que l’épidémie ne les troublerait pas beaucoup puisque le virus est, sauf exception, inoffensif chez eux.
Erreur. Pour une large part de la population, la nuisance psychologique du Covid est davantage liée à ses répercussions sociales qu’à la crainte qu’il inspire. C’est le cas des plus jeunes d’entre nous.
Avant de répondre à votre question, éclaircissons un point : l’impact psychologique du confinement n’est pas celui de la pandémie. Mesure prise pour se protéger en période aigüe, le confinement a été mal supporté par beaucoup d’adolescents : c’est l’étape de la vie où l’on veut échapper à la famille en brisant les contraintes pour s’affirmer. On privilégie alors une famille de substitution, la bande de copains, pour s’émanciper et atteindre l’autonomie affective de l’adulte. On admettra que rester cloîtré dans sa famille à ce moment précis de son évolution ne pouvait être que douloureux. Si l’on ajoute que l’adolescent est par nature impulsif et impatient, que d’autre part l’ambiance familiale, tendue par le contexte de confinement, n’est pas propice au dialogue et à la compréhension, on conçoit que des adolescents aient pu contribuer à rendre irrespirable le huis clos familial– surtout lorsqu’un espace limité ne permettait pas de se replier pour éviter les frictions.
Toutefois, même si elle était difficile, cette période avait eu un début et elle aurait une fin. La situation actuelle est bien différente. La rentrée des classes et des universités est pleine d’incertitudes : comment se pratiquera la distanciation ? Que valent d’ailleurs ces diplômes de fin d’année qu’on leur a donnés sur dossier, sans l’examen habituel ? Comment fera-t-on pour retrouver son rythme de travail après une aussi longue interruption ? Et puis où va-t-on ? Le parcours et son but ne se dessinent plus avec la netteté d’autrefois.
Mais oublions ces histoires de cours pour parler des récréations. Quel tour vont prendre ces moments de détente où l’on se retrouve pour faire la fête entre soi ? Pendant leur été, les boîtes de nuit étaient fermées, les réunions de jeunes surveillées, l’entrée dans les cafés limitée en nombre… Et puis ces masques qui ne favorisent pas les échanges !
Bref, on conçoit que les jeunes aient mauvais moral depuis que s’est déclarée la pandémie. Le coup de massue du confinement, suivi, lorsqu’ils relèvent la tête, de la mise en veilleuse de toutes leurs libertés d’hier… Auquel il convient d’ajouter l’absence de visibilité de leur avenir, et enfin la crainte pour l’avenir de leurs parents, tant au niveau de leur santé physique qu’économique.
Il faut avoir une très grande confiance en soi et en sa capacité de se construire un futur pour être heureux à 20 ans aujourd’hui. Le support familial compte plus que jamais ; or, il n’est hélas pas toujours acquis, notamment dans les familles recomposées ou monoparentales.
Il y a donc beaucoup de raison pour un jeune d’être anxieux, voire déprimé, dans cette période et les statistiques que vous évoquez n’ont au fond rien de surprenant. Elles sont cependant inattendues par leur ampleur. Dans l’étude américaine https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/mm6932a1.htm, ce sont près de 3 jeunes sur 4 dans la tranche d’âge de 18 à 24 ans qui ont des signes d’un impact psychopathologique significatif (anxiété, dépression) de la pandémie contre 30 % après 45 ans et même seulement 15% après 65. Dans l’étude anglaise https://www.ons.gov.uk/peoplepopulationandcommunity/wellbeing/articles/coronavirusanddepressioninadultsgreatbritain/june2020 , c’est près de 1 jeune sur 3 de moins de 40 ans qui présente des signes de dépression, ce chiffre tombant à 13% chez les plus de 40 ans. A noter que dans ces deux études, on dispose des données comparatives d’une enquête de mars 2019, qui atteste de l’effet de la pandémie quant à ce bond. Les symptômes sont variés. Les adolescents donnent volontiers dans la provocation et les troubles du comportement. Mais chez l’ensemble des jeunes les manifestations peuvent prendre des formes diverses : abattement, ennui, irritabilité, insomnie, symptômes anxieux ou sentiment de solitude pesant. L’étude américaine note également des idées de suicide et des abus de drogue…