Selon cet article important du Monde, la situation de la France était encore bien plus catastrophique qu’on ne le pensait car les pénuries étaient plus nombreuses (antiviraux, antibiotiques…) ! Pire encore, il n’y a pas de responsable à cette débâcle ! 200 milliards d’euros de budget santé annuel et autant de pénuries relève de la science-fiction, du cauchemar.
« Le Monde » s’est procuré des données confidentielles de Santé publique France, qui démontrent qu’à la veille de la pandémie, l’État était dépourvu de masques, mais aussi d’antiviraux et d’antibiotiques.
La France était-elle prête à affronter une pandémie ? Pour répondre à cette question, les parlementaires ont regardé à la loupe la composition du stock stratégique, pour les masques mais aussi pour plusieurs catégories de médicaments. Des données confidentielles transmises par Santé publique France à la commission d’enquête de l’Assemblée nationale – que Le Monde a pu consulter – montrent que les diminutions ont concerné toutes les lignes, au cours des dernières années.
Entre 2015 et 2019, la taille du stock a en effet été divisée par deux, tant en volume qu’en valeur. On est ainsi passé en cinq ans de 86 millions d’unités d’antibiotiques à 12 millions, de 141 millions d’unités d’antidotes à 96 millions, et de 303 millions d’antiviraux à 51 millions. Les masques FFP2 ont quasiment disparu tandis que le nombre de masques chirurgicaux est passé de 795 à 459 millions. Cette chute s’explique par le fait qu’une partie importante du stock était arrivée à péremption et a été détruite, sans que de nouvelles commandes soient passées.
Lors de son audition devant les députés le 16 juin, le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, avait laissé entendre que les commandes de masques – très faibles au cours des dernières années – avaient été limitées au profit de l’achat d’autres produits jugés plus prioritaires. « L’arme du masque est aussi apparue moins “utile” face à des menaces posant des questions d’immunoglobulines, de vaccination, d’antiviraux, d’antibiotiques, d’immunothérapie, de molécules efficaces », avait-il expliqué. Il s’est avéré qu’au moment où il a pris ses fonctions en 2018, 95 % du stock d’antiviraux était périmé.
Photo d’illustration : la pharmacie de l’unité de soins intensifs de l’hôpital Lariboisière, à Paris, le 27 avril. JOEL SAGET / AFP
Chloé Hecketsweiler et Solenn de Royer
Le Monde24 septembre 2020