Nous vous invitons à lire cet article de France soir qui est certainement le seul journal à avoir fait véritablement son travail d’information concernant cette crise sanitaire du Covid-19.
Recovery est le grand essai britannique multi-bras, de phase 3, évaluant 6 traitements potentiels pour la Covid 19.
Un essai, incluant 11000 patients, mené sous haute surveillance par deux professeurs de l’Université d’Oxford, Peter Horby et Martin Landray. Nous avons pu interviewer Martin Landray le 5 juin 2020 dans un entretien qui a donné lieu à une « vérification » par le service de Libération. Nous revenons sur cet essai qui se révèle être d’une légèreté déconcertante alliant tous les éléments de ce qui pourrait devenir la saga de l’été, avec des distorsions scientifiques assurément plus astucieuses que l’étude « Big Data » parue dans le Lancet et rétractée quelques jours après
Concomitamment à l’arrêt du bras hydroxychloroquine de Recovery, nous observons une manipulation de l’opinion.
Les résultats font état d’un taux de létalité des patients hospitalisés de 23 et 25 % pour les groupes placebo et hydroxychloroquine (HCQ).
Comment les expliquer par rapport à celui observé en France de 18 % ?
En France, 18 % des malades qui sont arrivés à l’hôpital avec des symptômes covid19 sont décédés. Les taux par tranche d’âge sont de 26.6% pour les 70 ans et plus et de 8.5% pour les 40-69 ans
Comment expliquer une telle différence entre les deux groupes. Il nous faudrait les données exactes de l’essai Recovery afin de voir plus clair et de comprendre. Certains points ont été évoqués comme l’âge des patients qui paraissent plus élevé dans Recovery. Cependant, en regardant les chiffres français, une évidence saute aux yeux. S’il y a un taux de létalité de 25 % au bout de 28 jours cela veut donc dire que 75 % s’en sont sortis. Le taux n’est peut-être pas meilleur que le placebo, mais il serait important de savoir si le traitement a permis à certains d’éviter de mourir et surtout à d’autre de mourir étant donné la dose exagérée d’hydroxychloroquine administrée (2400 mg au premier jour et 800 mg/jour ensuite) De ce fait aucune conclusion ne peut être tirée des résultats de ce bras puisque le dosage est trop fortement critiquable sur le plan toxicité selon les dires mêmes des opposants de l’HCQ !
Il faudrait aussi vérifier les autres pathologies (comorbidités) qui auront eu sans nul doute un impact sur le taux de létalité, tout en sachant que dans le protocole Recovery, tous les patients n’ont pas été testés, certains ont été inclus dans l’essai uniquement sur appréciation médicale.
Sur cet aspect, beaucoup reste à analyser et déjà la conclusion du bras HCQ semble plus que discutable ; nous y reviendrons.Une autre aberration : le dosage sur des patients mal en point
En ce qui concerne le dosage utilisé dans le bras HCQ, le Pr Landray nous a affirmé qu’ils avaient utilisé celui employé pour la dysenterie amibienne, qui, d’après les médecins que nous avons consultés, n’est jamais traité par hydroxychloroquine, mais par de l’hydroxyquinoline (INTETRIX) ! Nous avons retrouvé des publications où l’on parle bien de l’hydroxyquinoline. Nous avions déjà bien abordé ce point dans notre article précèdent.
Une telle confusion paraît pour le moins surréaliste !
Le Pr Horby a tenté de noyer le poisson en rectifiant les propos de son collègue dans Libération. Soi-disant, Martin Landray ne parlait pas de dysenterie amibienne, mais d’abcès hépatique, d’ailleurs une complication de la première affection. Cette maladie se soignait auparavant à la chloroquine. Mais, le Pr Landray a bien parlé de l’amibiase. S’il ne s’agissait d’un professeur du monde médical, cela s’apparenterait à de l’incompétence.
Extrait de l’interview de Martin Landray
Le Pr Horby a mentionné dans l’article de Libération un document de l’OMS de 1995 qui aurait servi de base à l’essai. Nous sommes donc en présence de deux maladies distinctes évoquées par l’équipe de Recovery pour justifier le dosage. Or, ces deux maladies ne se soignent pas avec de l’hydroxychloroquine, mais avec des médicaments contemporains. Lorsque nous regardons le protocole de Recovery, il y est indiqué que le dosage est basé sur la concentration plasmique pour soigner la malaria. La malaria se soigne à la chloroquine et encore une fois pas ou très peu avec l’hydroxychloroquine. De plus, les dosages de Recovery ne peuvent pas se baser sur la chloroquine, car la pharmacocinétique de ces deux molécules sont différentes. (cf le Vidal).
Nous savons que les proportions de personnes âgées à risques étaient plus élevées qu’en France (18%) et que dans le programme Discovery (essai français) dans lequel la dose de charge est de 800mg puis 400mg. L’équipe de Recovery a rapporté que l’HCQ n’était pas cardio-toxique, mais nous pouvons nous interroger sur la toxicité tout court sur cette population. À cela nous rajoutons que l’Inde a prévenu l’OMS sur les doses élevées utilisées par les Anglais dans Recovery (4 fois plus que dans l’essai indien ou français). Erreur médicale flagrante justifiée en jouant sur la confusion possible entre les maladies.
Sur le dosage un élément supplémentaire qui attire notre attention est la différence qui existe entre trois documents : le protocole, l’analyse statistique et la présentation. Dans la présentation, l’hydroxychloroquine est la seule molécule dont le grammage n’a pas été spécifié. Toutes les autres en ont un. Il existe aussi une confusion entre le protocole et le plan d’analyse. Imprécision et erreur qui servent les auteurs quand on y regarde de près.
Il existe des différences notables entre les dosages d’HCQ selon les documents que nous regardons. En effet, le document relatif au protocole en date du 15 mai (V6) les dosages sont tout à fait conformes à ceux du Plan du protocole déclaré.
Par contre un tout nouveau document en date du 9 juin, le « Statistical analysis Plan », révèle un tout autre dosage, différent du plan du protocole initial.
Question additionnelle que nous pouvons nous poser. Les patients dans le bras HCQ sont-ils décédés plus rapidement que le groupe placebo? Il est fort probable que la réponse soit oui, mais que les résultats ne soient jamais donnés dans les détails. Ainsi le nombre de décès pourrait être le cumul de patients décédés (par surdosage d’HCQ et par la covid19)
Le Remdesivir est inclus dans le test Recovery depuis le 26 mai par décision des autorités (MHRA) et de Recovery en date du 27 mai 2020. Cela a été présenté aux investigateurs dans un document daté du 2 juin. Le programme permet l’ajout d’un médicament afin d’amener le meilleur de la science au cours de l’essai. Or, dans l’interview du 5 juin 2020, le Pr Landray nous déclare :
Remdesivir n’a jamais été inclus dans l’essai ReCoveRy. A l’heure actuelle, les médicaments suivants sont testés : Lopinavir-ritonavir, corticostéroïdes à faible dose, hydroxychloroquine (que nous avons maintenant arrêté), azithromycine, plasma convalescent et Tocilizumab. Sur le document du 2 juin 2020 que nous avions regardé, il y avait 3 pages sur le Remdesivir, et Mr Landray nous avait dit « c’est le matériel éducatif que nous fournissons aux enquêteurs, et la page 15 à 17 parle de Remdesivir, car nous faisons le monitoring toutes les évolutions sur les traitements à travers le monde, c’est donc l’état actuel de la recherche ou des résultats sur ce médicament. » Enfin Remdesivir n’est pas inclus dans l’essai car au moment du test, il n’était pas disponible au UK.
Toutes ces déclarations sont bien sûr fallacieuses. Ce n’est pas pas la seule omission. Alors soit Landray ne connaît pas son propre essai – mais dans l’interview il a bien eu le temps de reprendre la liste des médicaments et de parler du Remdesivir a plusieurs occasions – soit cette omission est volontaire pour que l’on ne pose pas de question.
De plus, pour inclure un médicament dans l’essai, il y a une procédure d’agrément de la MHRA. Cela a été le cas pour l’HCQ. L’autorisation a été demandée le 23 mars et obtenue le 25 mars nous dit Landray. L’inclusion du Remdesivir en mars était possible du fait qu’il était officiellement testé également dans l’essai chinois de phase 3. Nous notons qu’à la date du 26 mars aucune étude n’avait montré une activité prouvée du Remdesivir, même minime. Afin de ne pas poser la question sur le taux de mortalité, pour le Remdesivir, un nouvel indicateur a été créé : l’amélioration du temps d’hospitalisation. C’est le seul indicateur où le Remdesivir aurait montré “une lueur d’espoir” puisque dans l’essai, il est écrit que ce n’est pas statistiquement significatif, mais qu’il y a une tendance à l’amélioration, qui d’ailleurs est tout à fait marginale, quasi inexistante (voir publication dans le Lancet de l’étude chinoise NCT04257656). Tout ceci sans prendre en considération les effets secondaires sévères occasionnés à nombre non négligeable de patients.
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Photo d’illustration : CovidPapers, Recovery : Incompétence, Mensonge, Manipulation et gros dollars – Atchoum 20, FranceSoir
Le Collectif citoyen
15 juin 2020