Cette étude est très intéressante dans le sens où elle permet grâce à la mesure d’un gaz particulier (l’éthane) dont la traçabilité est infaillible puisque sa seule source d’émission est issue des fuites de gaz naturel dégagées par le réseau de distribution et de remplissage, de constater que les émissions ont augmenté de 5% par an, alors que jusque là, elles avaient diminué de 1% par an grâce justement aux différentes actions tendant à lutter contre ces fuites. C’est dire que l’exploitation sauvage de cette ressource entraîne une pollution de l’atmosphère faisant fi des frontières et pouvant atteindre tous les continents. C’est dire aussi que ceux qui exploitent ces puits ne se soucient que de l’aspect rentable de leur entreprise sans se préoccuper le moins du monde des conséquences néfastes à long terme sur la nature et l’environnement.
Une équipe de l’université de Liège (Belgique) a détecté de l’éthane dans ses mesures de gaz de l’atmosphère prises dans une station d’altitude en Suisse. La provenance fait peu de doute : l’extraction du gaz de schiste aux États-Unis.
L’Institut d’Astrophysique et de Géophysique de l’université de Liège exploite depuis le début des années 1990 un spectromètre infrarouge à transformée de Fourier installé à 3580 m d’altitude dans la station suisse de Jungfraujoch. L’appareil mesure l’abondance et la répartition d’une trentaine de gaz de l’atmosphère jusqu’à 100 km de hauteur, limite haute de l’atmosphère. « Avec 25 ans de données, nous avons eu l’idée de construire une série temporelle sur l’évolution d’un gaz, l’éthane, dont la source d’émission est très spécifique« , explique Bruno Franco, principal auteur de l’étude parue dans le Journal of quantitative spectroscopy and radiative transfer.
A l’inverse du méthane dont les émissions sont diffuses et très variées (élevage, agriculture, marais, réchauffement du permafrost, etc.), l’éthane n’est issu que des fuites de gaz naturel du puits d’extraction au remplissage de réservoirs et citernes en passant par les pipelines. Il est donc plus facilement traçable.« A notre plus grande surprise, nous avons constaté que depuis 2009, ces émissions augmentaient de 5% par an alors que dans les deux décennies précédentes elles diminuaient annuellement de 1% », s’étonne Bruno Franco. La baisse continue des émissions d’éthane était le fruit d’actions vertueuses de limitation des fuites de gaz naturel tout au long du réseau du distribution. Et voilà qu’en cinq ans, tous ces efforts sont balayés !
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