Une fois de plus, voici la preuve définitive que l’État a failli et faillit encore en ce qui concerne la protection des populations puisqu’il ne fait absolument rien pour endiguer cette grave intoxication frappant les habitants de Fos-sur-Mer. On peut également constater que lorsque l’argent règne en maître, voire en Dieu, il devient prioritaire par rapport à la santé des êtres humains qui peuvent crever en nombre, l’essentiel étant de ne pas entraver le commerce et l’augmentation des dividendes. C’est d’ailleurs une leçon très curieuse qui nous est donnée : on ne peut avoir deux dieux à la fois !
Dans le golfe de Fos-sur-Mer, une association de défense de l’environnement a produit une étude scientifique qui démontre les conséquences de la pollution industrielle sur la santé des riverains.
Elle a fait analyser sept produits alimentaires d’origine locale. Dioxine, PCB, plomb, les résultats sont édifiants… Extrait de « Pièces à conviction » à voir le 3 octobre 2018.
Dans toute la France, des citoyens et des militants se battent pour préserver leur santé et défendre leur environnement, dénonçant les pratiques d’industriels peu prompts à prendre en compte les impératifs sanitaires et environnementaux. « Pièces à conviction » a suivi certains de ces combats.
À Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), commune voisine d’une des plus grandes zones industrialo-portuaire d’Europe avec 17 usines classées Seveso, des citoyens engagés ont découvert la vérité sur les risques de la pollution pour leur santé. L’Association de défense et de protection du littoral du golfe de Fos a fait analyser des produits alimentaires d’origine locale entre 2009 et 2015. Sept denrées ont donc été examinés, dont la viande bovine, les œufs de poule ou les moules.
« L’État ne fait pas d’analyses dans les endroits à risque »
Daniel Moutet, ancien docker et président de l’association, montre le rapport de cette campagne d’analyses : dioxine, polychlorobiphényles (PCB), plomb… Les résultats ont montré que nombre de denrées étaient contaminées. « On voit beaucoup de plomb, on voit beaucoup de PCB, de dioxine, de métaux lourds, de furane… toute la panoplie de ce que rejettent nos industries », explique-t-il.
Pour les œufs de poule, les chiffres sont « énormes » souligne-t-il. Sur quatre échantillons analysés, deux dépassent le seuil réglementaire, soit 50%, contre 2% dans le reste de la France. « La poule va picorer les vers, elle mange tous les dépôts qui sont depuis quarante ans sur la terre. On croit manger bio, on croit manger bien, mais les œufs élevés en plein air dans notre région, je ne les conseillerais pas…» Idem pour la viande bovine : un quart des échantillons dépassent la limite réglementaire pour les dioxines et les PCB.
Daniel Moutet a transmis ces résultats à plusieurs ministères ainsi qu’à la préfecture des Bouches-du-Rhône. Sans suite à ce jour. « Je veux que l’État fasse les mêmes analyses que moi, et sur les mêmes produits ! Parce qu’aujourd’hui, l’État ne fait pas des analyses dans les endroits à risque. Pourquoi on sait pas la vérité ? Qu’ils la disent, la vérité ! », s’insurge-t-il.
Extrait de « Pollution industrielle : l’enfumage continue », une enquête diffusée dans « Pièces à conviction », le 3 octobre 2018.