L‘Observatoire européen des drogues et la toxicomanie a publié son rapport de 2022 dans lequel il rapporte qu’en 2020, les centres anti poisons français avaient déclaré 134 cas (contre 46 en 2019). En d’autres termes, une multiplication par 3. Il suffit de se balader dans les rues de Marseille pour voir ces bonbonnes bleues de plus de 500 g qui jonchent les rues. Il y a quelques années c’était les petites cartouches argentées, en d’autres termes la situation s’est aggravée, la consommation a explosé. Entre-temps, avez-vous entendu parler d’une campagne nationale de prévention sérieuse concernant ce risque très important de neurotoxicité et de décès chez les jeunes qui consomment de plus en plus cette drogue en croyant qu’elle est totalement inoffensive et réversible ? pas du tout, alors que le harcèlement et la propagande Covid-19 est quotidienne malgré un risque extrêmement faible, la santé des jeunes ne semblent pas intéresser le gouvernement.
Alors oui, de temps en temps vous avez un article comme celui ci-dessous du Point qui revient sur la gravité de cette drogue récréative totalement négligée par les autorités sanitaires mais encore une fois, rien n’est fait au plan national pour informer les familles et les jeunes sur la gravité d’une telle consommation avec le risque de finir sur une chaise roulante voire de mourir.
« Les données sur la toxicité des drogues suggèrent une augmentation récente de la consommation de protoxyde d’azote. Des augmentations des passages aux urgences pour des problèmes liés au protoxyde d’azote ont été signalées par les hôpitaux du réseau Euro-DEN Plus à Amsterdam (15 en 2020, contre 1 en 2019) et à Anvers (44 en 2019 et 2020, contre 6 en 2017-2018), tandis qu’en 2020, les centres antipoison français ont déclaré 134 cas (46 en 2019) et les centres antipoison néerlandais 144 (128 en 2019). »
Tout le monde a déjà remarqué ces petites cartouches en inox qui jonchent depuis quelque temps certains lieux publics. Avant d’être vidées par leurs utilisateurs, elles contenaient un gaz, le protoxyde d’azote – « proto » pour les intimes –, plus connu sous le nom de « gaz hilarant ».
Utilisé notamment dans l’industrie, l’agroalimentaire, la cuisine ou la médecine, le protoxyde d’azote a régulièrement droit, depuis quelques années, aux gros titres des journaux. Et pour cause : ses effets euphorisants à l’inhalation, rapides et fugaces, ont fait de ce gaz bon marché et facile à se procurer une drogue récréative hallucinogène très populaire.
Malheureusement, le succès grandissant de ces usages détournés du proto n’a rien de drôle : l’augmentation de la consommation s’est en effet accompagnée d’une multiplication des cas directs et indirects de décès, en particulier chez les jeunes. S’il ne faut pas diaboliser ou céder à l’alarmisme, il est néanmoins essentiel d’informer et de sensibiliser aux risques liés à l’inhalation de cette substance.
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* Laurent Karila, professeur d’addictologie et de psychiatrie, membre de l’unité de recherche PSYCOMADD, université Paris-Saclay, et Amine Benyamina, professeur de psychiatrie et addictologie, président de la Fédération française d’addictologie, AP-HP.
Laurent Karila et Amine Benyamina,
Le Point
3 septembre 2022