Éric Schmidt quitte la présidence d’Alphabet
Le 22 décembre dernier, on apprenait qu’Éric Schmidt quittait la présidence d’Alphabet, la maison mère de Google. Rappelons que le milliardaire avait justement dirigé Google pendant une dizaine d’années avant de prendre la tête de l’entreprise parente du leader des moteurs de recherche. D’aucuns regrettent déjà le départ de l’homme d’affaires qu’ils qualifient de visionnaire. D’autres se souviendront davantage de ses déclarations orwelliennes qu’il avait faites notamment en 2010. C’était bien avant l’affaire Snowden et à l’époque, ces aveux avaient beaucoup surpris :
« Il existe désormais une quantité d’informations si considérable : nous pouvons chercher où vous vous trouvez, ce que vous regardez si vous prenez une photo avec votre appareil. Une façon de voir les choses est de se dire que nous essayons de rendre les gens meilleurs, littéralement de leur donner des idées meilleures — en augmentant leur expérience. Considérez cela comme une humanité augmentée ».1
« Nous pouvons vous suggérer ce que vous devriez rechercher, ce qui vous intéresse. Imaginez: nous savons où vous êtes, nous savons ce que vous aimez ».2
Plus récemment, M. Schmidt s’est illustré par une volonté ardente de carrément censurer les voix dissidentes sur Internet, et ce, en prétextant de lutter contre l’extrémisme et la diffusion de fausses nouvelles. Ainsi, en novembre, il s’en prenait aux médias russes Sputnik et Russia Today, en annonçant qu’il concoctait des algorithmes qui « déclassent » les données provenant de ces deux sites en vue de bloquer des informations « répétitives, exploiteuses, fausses [ou] susceptibles d’avoir été utilisées comme armes ».
Il apparaît donc qu’Éric Schmidt avait encore de beaux projets en perspective. En outre, sa démission inattendue survient quelques jours après que la Commission fédérale des communications des États-Unis a officiellement mis fin au principe de neutralité du Net, lequel consistait à assurer aux utilisateurs d’Internet une égalité d’accès au réseau. Sans la neutralité du Net, un fournisseur d’accès Internet pourra désormais filtrer l’accès à des contenus, favoriser un vendeur plutôt qu’un autre ou encore mettre en place des forfaits à plusieurs vitesses.
Faut-il voir un lien entre les deux événements ? Éric Schmidt a-t-il été écarté pour laisser la place à un autre qui ira plus vite dans la marche vers la censure ? Une décision similaire à celle de la FCC sera-t-elle prise en Europe ? Ces questions sont légitimes et ce n’est pas verser dans le complotisme que de se les poser. Une chose est sûre, Internet tel que nous le connaissons aujourd’hui deviendra très prochainement qu’un vieux souvenir….
Alice