Encore une ! Bien sûr, comme de coutume, la direction de l’hôpital va nier tout dysfonctionnement au lieu de se plaindre de la baisse des moyens, qu’ils soient humains ou matériels (nombre de lits), pour des raisons qui nous échappent ! Alors que certains professionnels de santé expliquent que les patients sont en danger, les nouveaux managers du système hospitalier français continuent à faire semblant de ne pas comprendre et sont encouragés en cela par toute leur hiérarchie ministérielle criminelle.
Un patient est décédé ce lundi 21 janvier au matin aux urgences de l’hôpital de Lons alors que le service était en surcharge, avec 19 patients hospitalisés sur des brancards.
« Un patient est décédé ce lundi 21 janvier au matin aux urgences de Lons-le-Saunier. Il était hospitalisé pour un problème cardiaque, il a été descendu aux urgences dans la nuit parce que son état s’était aggravé. On ne sait pas si dans d’autres conditions on aurait pu le sauver, mais ce qui est sûr, c’est que la procédure de prise en charge n’était pas adaptée et que le service était dysfonctionnant. A midi, nous avions ainsi 19 personnes hospitalisées sur des brancards au service des urgences, c’est inadmissible ! »
Suite à ce décès et à la situation des urgences, une fiche de dysfonctionnement a été remplie et le CHSCT de l’établissement a lancé une alerte de « danger grave et imminent ».
La direction de l’hôpital conteste tout dysfonctionnement dans cette affaire : « Le patient a été pris en charge par la réanimation et à cette heure là, nous n’avions pas de sortie Smur en cours. Pour nous, il n’y a donc pas de sujet, pas de dysfonctionnement. Un patient est décédé à l’hôpital, mais malheureusement, cela arrive tous les jours ». En début d’après-midi, la direction de l’hôpital indiquait d’ailleurs n’avoir pas été saisie de l’alerte du CHSCT.
Ce drame et l’engorgement des urgences arrive cependant le jour où est organisée une action de l’AMUF (association des médecins urgentistes de France) et de la CGT Santé pour dénoncer le projet de fermeture du SMUR 2 de Lons-le-Saunier avec, malgré quelques embûches, un rassemblement du personnel devant les urgences, sous le bureau même du directeur, et un débat avec les élus en présence de Christophe Prudhomme, vice-président de l’AMUF et lui-même médecin urgentiste, qui remplace au pied levé Patrick Pelloux, qui était attendu à Lons ce lundi, mais a été retenu à Paris pour une réunion au ministère de la Santé.« Les patients sont en danger »
« Pour moi, ce qui se passe aujourd’hui aux urgences de cet hôpital est absolument scandaleux, mais n’est pas spécifique à Lons-le-Saunier », explique Christophe Prudhomme. « Normalement, le pic d’activité aux urgences, ce n’est pas midi, c’est plutôt en fin d’après-midi et début de soirée, or, là, on s’aperçoit que 19 personnes, qui sont hospitalisées après avis du médecin en fin de protocole de soins, sont toujours sur des brancards au touche à touche, faute de lits disponibles. Pour moi, ils sont en danger. Et le personnel des urgences aussi, qui doit aussi gérer les entrées et risque, sous la pression, d’oublier quelqu’un ou quelque chose. »
Le directeur récemment arrivé de l’hôpital de Lons, Guillaume Ducolomb, reconnaît qu’il y a une réorganisation à faire du service des urgences. Un chantier lancé la semaine dernière avec la nouvelle chef de service, le Dr Couzon : « j’ai des questions sur l’organisation de ce service qui voit passer plus de 40 000 personnes par an. Mais depuis la nomination du Dr Couzon, le nombre de nuits sur des brancards a diminué des deux tiers parce qu’elle fait le travail de régulation », souligne-t-il insistant au passage sur « le bon volume de lits disponibles sur le centre hospitalier de Lons » par rapport à d’autres centres hospitaliers.Pour le maintien de la ligne 2 du SMUR
Selon l’AMUF, aucun patient de ne devrait rester plus d’une heure ou une heure trente aux urgences sans être vu par un médecin. Et aucun habitant ne devrait être situé à plus d’une demi-heure d’un service d’urgences ou de l’intervention d’un Smur. Ce qui ramène au sujet du jour : le projet de suppression de la deuxième ligne de Smur de cet hôpital pour des raisons financières.
« Récemment, à Paris, on a dépensé 500 000 € pour le traitement d’un patient, qui a pu être sauvé grâce à ce médicament hors de prix, mais on refuse de maintenir la deuxième ligne de SMUR à Lons-le-Saunier, qui coûterait entre 500 000 € et 1 million d’€ à l’année et permettrait d’éviter entre 20 et 40 décès ? Est-ce que cela signifie que la vie d’un Francilien vaut 20 à 40 vies de Jurassiens ? », se demande ainsi Christophe Prudhomme,Rush aux urgences
« Nous ne demandons même pas de moyens supplémentaires, mais juste le maintien des moyens existants », souligne alors le Dr Éric Loupiac, le représentant de l’AMUF dans le Jura. « L’accueil dans les urgences de Lons est passé de moins de 25000 à plus de 40000 patients par an et dans le même temps, on nous a fermé des lits pour arriver à un taux d’occupation le plus proche possible de 100 % et garantir la rentabilité. Mais avec les urgences, pour faire face aux pics, on ne peut pas travailler à flux tendus. On sait qu’il faut environ 15 % de marge de manœuvre, sinon, on dysfonctionne. »
Le débat avec les élus, ce lundi après-midi, devrait porter sur l’organisation du territoire et les financements octroyés à la santé publique, alors que les moyens tendent à se concentrer vers les métropoles. Mais les élus n’étaient pas nombreux à être présents…« Cela fait plus d’un an et demi qu’il n’y a plus de financement pour la deuxième ligne de Smur », rappelle le nouveau directeur de l’hôpital, Guillaume Ducolomb, « le problème est que l’ancienne direction n’a pas mis en œuvre cette suppression, qui fonde une partie du déficit du CH de Lons. » Et au-delà de ce seul sujet, « on a une forte activité aux urgences dont on doit tenir compte », soutient M. Ducolomb. « C’est pour cela que je propose une réorganisation du service en maintenant une présence infirmière 24h sur 24 et un médecin en journée, quand les passages sont plus nombreux qu’en nuit profonde. Pour les six ambulanciers, j’ai proposé qu’on reprenne en interne les transports inter hospitaliers plutôt que de faire appel au privé. La vraie question est d’offrir une bonne qualité de service aux Jurassiens. Pour le Smur 2, la décision a été prise, je ne peux pas faire en sorte qu’elle ne soit pas appliquée. Maintenant si demain, le ministère de la Santé me redonne 1,2 million d’euros, il n’y a plus de soucis. Mais en attendant, en tant que responsable, je dois organiser le plan B. »
Le rassemblement devant le service des urgences, ce lundi 21 janvier en début d’après-midi. (©Voix du Jura)
Photo d’illustration : Les urgentistes de Lons dénoncent la situation du service et craignent la suppression de la 2e ligne du Smur (©DR)
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