Comme toujours, on constate des dysfonctionnements graves qui deviennent même mortels avec ces effondrements d’immeubles et pourtant le maire actuel de Marseille, Jean-Claude Gaudin, trouve que sa gestion est irréprochable et que tout va bien. La première anomalie dans cette affaire est sa présence même à la tête de la mairie à un âge aussi avancé ! Veut-il vraiment mourir sur le trône ? Personne ne lui a expliqué qu’il était à la tête de la ville la plus corrompue de France, la plus sale, la plus embouteillée… ? Sommes-nous les seuls à le constater et à le savoir ?
« Marseille Habitat, Société d’Economie Mixte de la Ville de Marseille, créée il y a plus de 40 ans, est l’acteur technique choisi pour piloter des missions complexes de revalorisation de l’habitat. Ses interventions se concentrent sur quatre grands domaines d’expertise. »
Comment la mairie peut-elle être innocente d’un tel drame alors que le propriétaire de l’immeuble qui s’est écroulé est bien le logeur social Marseille Habitat ?! Ce dernier est une société d’économie mixte appartenant à la ville de Marseille ! Selon leur site Internet, la seule vocation de Marseille Habitat est d’offrir un « logement de qualité » ! Son siège social est situé dans les locaux mêmes de la mairie et son directeur général est Madame Arlette Fructus, adjointe au maire !
Peut-on au moins se mettre d’accord sur un fait : c’est raté. Peut-on également se mettre d’accord sur un autre point important : il faut punir les coupables, les traîner devant les tribunaux afin de définir les responsabilités pénales ? La communication de Jean-Claude Gaudin fait croire à tout le monde que c’est la faute à « pas de chance » alors qu’un accident mortel malheureux qui arrive dans une école engage la responsabilité pénale du directeur ! Comment se fait-il que ceci ne marche plus lorsqu’il s’agit de la municipalité ?
Après l’effondrement de trois immeubles dans la rue d’Aubagne, qui a coûté la vie à huit personnes, les habitants cherchent des responsables pour expliquer les raisons de ce drame.
Le recueillement a laissé place à l’indignation. Les Marseillais ont organisé une “Marche de la colère”, mercredi 14 novembre, jusqu’à l’hôtel de ville de la cité phocéenne pour réclamer des réponses après l’effondrement, le 5 novembre, de plusieurs immeubles vétustes de la rue d’Aubagne qui a fait huit morts. Le 65, une copropriété dont neuf des dix appartements étaient loués, s’est écroulé en même temps que le numéro 63, inhabité. Le numéro 67 est lui aussi partiellement tombé, quelques heures plus tard, en partie sous l’action des marins-pompiers.
“Sang sur les mains, menottes aux poignets”, “Elus, responsables, que la justice passe”, “Gaudin assassin”, “Gaudin en prison”… Les pancartes de cette “Marche de la colère” avaient choisi leur cible.La mairie est visée par l’enquête
L’enquête menée par la brigade criminelle de la police judiciaire cherche encore à établir d’éventuelles responsabilités. De nombreuses perquisitions ont été menées chez les propriétaires des appartements d’un des immeubles, chez les experts ayant visité les immeubles, au siège du bailleur social Marseille Habitat (propriétaire du 63 de la rue d’Aubagne) et dans divers services municipaux. La municipalité pourrait effectivement être impliquée à plusieurs titres dans ce dossier. Les diverses expertises et procédures judiciaires engagées avant l’effondrement témoignent de la fragilité des immeubles, vieux de plus d’un siècle.
Le premier étage du numéro 65 avait fait l’objet d’un arrêté de péril imminent le 19 octobre, avec interdiction d’y habiter. Pour les autres étages, l’arrêté municipal préconisait une série de travaux d’urgence, à réaliser avant le 9 novembre. De larges fissures le long des murs, des portes qui ferment mal : une vidéo filmée a priori par un habitant du 65 de la rue d’Aubagne, et mise en ligne par La Provence, confirme la vétusté des habitations. Les locataires s’étaient d’ailleurs plaints à plusieurs reprises auprès du syndic. Mais, légalement, la municipalité est compétente en matière de péril lorsque l’état d’un immeuble, même privé, met en danger la vie de ses habitants.
En outre, la mairie était propriétaire du 63 de la rue d’Aubagne, via Marseille Habitat. Cet immeuble, sous le coup d’un arrêté de péril depuis une dizaine d’années, avait été acquis par le bailleur social en 2017, puis vidé et muré. Il avait été de nouveau expertisé fin octobre.
Pour expliquer son manque de réactivité, la mairie évoque des “responsabilités collectives”, selon les mots de l’adjointe au maire de Marseille chargée du logement, Arlette Fructus. “Personne n’est en train de se dédouaner”, assurait-elle ainsi sur franceinfo, deux jours après le drame. Elle évoquait notamment la responsabilité des “marchands de sommeil” et rappelait que les élus sont “muselés dans des procédures” souvent longues.Nous sommes sur de l’habitat privé sur lequel les interventions que doivent légitimement faire les propriétaires privés ne sont pas toutes faites.sur franceinfo
Le syndic du 65 de la rue d’Aubagne, le cabinet Liautard, n’a pas la même version. Il assure au Monde que les travaux demandés ont été faits et estime que la cause de l’effondrement vient du 63, l’immeuble racheté par Marseille Habitat. Il ajoute que les autorités ont pris la responsabilité de maintenir les habitants du 65 dans leur logement : “Ce qui est arrivé me navre, mais j’avais demandé s’il fallait évacuer les occupants. Les experts et les responsables de la ville m’ont dit qu’il n’y avait pas de problème.”
Le logement insalubre est un problème ancien
La vétusté des logements est un problème connu depuis longtemps à Marseille, ce qui explique aussi la colère des habitants. La ville compte 40 000 logements insalubres (13% du parc des résidences principales), dans lesquels vivent 100 000 personnes, selon un rapport réalisé en 2015 par Christian Nicol, un inspecteur général honoraire de l’administration du développement durable.
L’estimation semble correspondre aux remontées de terrain, selon Florent Houdmon, directeur de l’agence Paca de la Fondation Abbé-Pierre, interrogé par Libération. Selon lui, le problème vient principalement du manque de logements sociaux dans la ville : “Dans ces immeubles insalubres du centre-ville habitent très majoritairement des ménages pauvres locataires. Ils y vivent faute de logements sociaux en nombre suffisant.” Les marchands de sommeil ont ainsi tout le loisir d’exploiter une clientèle “captive” qui n’a pas d’autre solution.Le parc privé dégradé joue un rôle de parc social de fait.à Libération
“Il y a ici beaucoup de propriétaires qui sont dans une stratégie de rentabilité locative maximum avec des loyers élevés et des travaux a minima”, confirme, toujours dans Libération, Sandra Comptour. Auteure d’une étude en 2014 sur l’habitat dans le quartier populaire de Noailles, cette architecte et urbaniste s’indigne de voir qu’il ait fallu attendre la mort de huit personnes pour que la municipalité commence à prendre la mesure du problème. Selon elle, la mairie a jusqu’ici très rarement utilisé la procédure des travaux d’office pour remédier à l’insalubrité des logements.
Jean-Claude Gaudin a raté sa communication
Pendant plusieurs jours, Jean-Claude Gaudin a accumulé les erreurs de communication, ne semblant pas prendre la mesure du drame qui frappait sa ville. Alors que les secours extrayaient des corps sans vie des décombres, le maire de 79 ans (dont vingt-trois ans à la tête de la ville) tentait de dédouaner la municipalité, en invoquant notamment les fortes pluies comme première explication. “Non, je ne regrette rien de tous les efforts et actions engagés depuis plus de vingt ans au service des Marseillais et du développement de Marseille”, a aussi lancé l’édile sur Twitter au moment où certains s’interrogeaient sur sa responsabilité.