Consternant le bêtise ! Et c’est une avocate qui parle ! Qu’en est-il des 750.000 maladies nosocomiales par an dans nos hôpitaux avec plusieurs milliers de morts, reproductibles chaque année, à cause tout simplement d’un problème d’hygiène très facile à supprimer ! Escherichia coli (26%), Staphylococcus aureus (16%), Pseudomonas aeruginosa (8,4%) sont des tueurs redoutables que personne ne veut combattre par contre on nous fait peur avec une histoire de gale qui n’est même pas bactérienne mais parasitaire au passage ! D’ailleurs dans la liste des actions de Marine Le Pen concernant la santé, pas une trace des maladies nosocomiales bien plus mortelles que la gale ou le choléra… ou tout simplement les accidents de la route.
Pour finir, l’experte qu’elle citera, le DR Charlotte Biron, vient de dénoncer l’utilisation totalement fausse de son cours qui ne parlait pas du tout de maladies importées mais bien de la santé des migrants en France.
La présidente du FN a tenté de se justifier en évoquant le fond du problème et en citant une étude… à côté de la plaqueINTOX. Pas simple de se débarrasser du sparadrap de l’immigration bactérienne. Depuis que la Voix du Nord a publié une contribution de la candidate comportant cette aimable formulation, le FN rame dur.
D’autant qu’un récent rapport, demandé par les ministères de l’Intérieur et de la Santé sur la situation sanitaire des m
igrants
à Calais est venu infirmer la menace sanitaire liée aux réfugiés.
Mais Marine Le Pen, en habituée du débat politique, connaît la musique : rien de mieux pour clore une polémique que de s’abriter derrière un expert. Et ce jeudi matin, sur Radio Bleu Nord, la présidente du FN a joué la carte de l’argument scientifique: «Tout le monde aura vu que la formulation était étrange. En réalité, c’est un mauvais copié-collé. Mais ce qui m’intéresse surtout, c’est le fond. Le fond du problème, c’est qu’un certain nombre de sommités, et je pense à Charlotte Biron, qui est au service des maladies infectieuses et tropicales, indiquent qu’en 2009, 50% des cas de tuberculose et 75% des prises en charges des hépatites B chroniques concernaient les migrants.»
DESINTOX. Ça fait toujours sérieux de citer l’étude d’une « sommité »… y compris quand la sommité n’est pas du tout l’auteure de l’étude, qui n’a finalement pas grand-chose à voir avec le sujet.
On peut parier que le staff de Marine Le Pen a fait une recherche rapide sur Internet puis est tombé là dessus :
Il s’agit d’une diapo d’un cours que donne le docteur Charlotte Biron, infectiologue au CHU de Nantes, que Marine Le Pen s’est donc empressée de citer… Ce qui ne fait pas de Charlotte Biron la source de ces chiffres. « Marine Le Pen a tapé « migrant » et « maladie » sur Google et elle est tombée sur mon cours qui est en ligne… Ce n’est pas très sérieux. Ces chiffres ne sont pas les miens. Ce sont simplement ceux, parfaitement publics, des bulletins de l’INVS (Institut de veille sanitaire ndlr) », explique la médecin (qui nous a envoyé une réponse salée à destination de la présidente du FN que nous publions à la suite de cet article). De fait, les statistiques citées par Marine Le Pen proviennent du bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’INVS daté de janvier 2012 intitulé : Santé et recours aux soins des migrants en France.
Il est probable que la lecture, même en diagonale, du document original aurait dissuadé Marine Le Pen de le citer.
Tout d’abord, le terme « migrant » que cite Marine Le Pen figure bien dans le document de l’INVS, y compris dans son titre. Mais il porte à confusion. Car il n’a rien à voir avec le terme tel qu’il est entendu actuellement. Les bulletins de l’INVS font le distinguo entre les personnes selon leur lieu de naissance. Les migrants sont ici les immigrés vivant en France, et pas forcément arrivés récemment. Pas grand-chose à voir avec l’afflux de migrants qu’évoque le programme de Marine Le Pen.
Par ailleurs, le bulletin épidémiologique de l’INVS, à la différence de l’exploitation qui en est faite par Marine Le Pen, ne traite pas du tout la question sous l’angle de la menace que représentent les immigrés pour la santé des Français, mais se penche sur la vulnérabilité de la population immigrée en France. Si la prévalence des maladies évoquées au sein des populations immigrées s’explique en partie par le fait que les maladies en question ont été contractées dans le pays d’origine (et donc«importées»), ce n’est pas toujours le cas. Les lacunes dans la prévention et les conditions de vie des immigrés en France expliquent aussi leur état de santé. Ainsi, le bulletin précise par exemple qu’au moins 1 migrant d’Afrique subsaharienne sur 5 a été contaminé par le VIH en France. C’est aussi le cas pour l’hépatite B chronique ou encore la tuberculose, comme le confirme à Désintox un responsable de l’INVS : «des études montrent que des immigrés ont contracté la maladie sur le sol français, ou, dans le cas de la tuberculose, l’ont réactivé en raison de leurs conditions de vie en France». Bref, on n’est pas là dans l’étude de l’importation des maladies par les immigrés (immigration bactérienne, en langage FN), mais dans celle de la santé des immigrés en France. Ce qui est fort différent.
La lecture du bulletin de l’INVS permet par ailleurs de voir qu’il y est question de la forte prévalence des trois maladies évoquées… dans la population d’origine subsaharienne. Selon l’INVS, «70% des migrants découvrant leur séropositivité VIH, 54% de ceux pris en charge pour une HBC et un tiers de ceux déclarés pour une tuberculose étaient nés dans cette partie du monde». Une région qui n’a rien à voir là avec les migrants dont on parle beaucoup aujourd’hui (y compris à Calais), lesquels sont pour la plupart originaires de Syrie, Irak, d’Erythrée ou encore d’Afghanistan…
Bref, pour l’INVS, l’étude citée «n’a rien à voir avec les problématiques de la situation sanitaire à Calais. Laquelle situation n’a rien à voir non plus avec l’importation de maladies, mais avec les conditions de vie des migrants dans les camps et les problématiques d’hygiène».
Verdict : si Marine Le Pen avait besoin d’une étude pour justifier sa formule et sa volonté de protéger la région du Calais contre les épidémies liées à l’afflux de migrants, celle-ci tombe à côté de la plaque. Même si c’est la effectivement le deuxième lien sur lequel on tombe en tapant sur un moteur de recherche « migrant » et « maladie ».
La réponse de Charlotte Biron à Marine Le Pen
Je suis profondément révoltée par l’utilisation de mon nom et de mon titre par Madame Marine Le Pen dans le cadre de sa campagne électorale. Les données scientifiques reprises sont sorties de leur contexte et utilisées de manière abusive pour servir une thèse avec laquelle je suis en totale opposition et ne correspondant pas à mes valeurs humanistes. Il s’agit à mon sens d’une manipulation politique et médiatique que je dénonce.Le cours que j’anime a pour objectif de faire connaître, notamment aux étudiants en médecine, des maladies parfois méconnues en France afin de garantir les meilleures conditions de prise en charge des patients migrants. A mon sens, nos efforts doivent aujourd’hui se concentrer sur l’organisation de l’accueil de ces personnes dans des conditions dignes et humaines. C’est le sens de mon engagement médical.Ne souhaitant pas alimenter la polémique sur ce sujet, je me refuse à tout commentaire complémentaire.Docteur Charlotte BIRON
