Des employés d’iTélé mardi devant le siège de la chaîne (Sipa).
Nous vivons des moments extraordinaires et historiques concernant le journalisme français. Dans le premier cas, nous assistons dans le conflit de iTélé à une humiliation du métier de journaliste rarement effectuée par un milliardaire que plus rien n’arrête (Bolloré pour ne pas le citer). Malgré des journalistes déterminés à ne pas recevoir Morandini et ses casseroles, à vouloir tout simplement connaître la ligne éditoriale de la nouvelle direction, ils les méprise jusqu’à ne jamais communiquer clairement sur ce conflit qui pourtant fait la une des journaux. La complicité des grandes figures de la télé et de la presse papier est également effrayante puisque pas grand monde ne prend clairement position ! Quant à L’Obs, la façon dont Aude Lancelin a été éjectée est tout simplement inouïe de violence et de mépris. Après lecture de son dernier ouvrage, Le monde libre, on apprend comment fonctionne le célèbre hebdomadaire de gauche, maintenant propriété d’autres milliardaires au discours si éloigné de la réalité rédactionnelle (le trio BNP pour ne pas le citer) ! Pire que tout, la complicité de certains journalistes qui ferment les yeux ou les détournent voire prennent fait et cause pour les patrons (lire cet article de Causeur !).
Le journalisme n’existe plus, il a été détruit petit à petit à force de renoncements, de médiocrité, d’économies pour faire plus d’argent malgré les 2 milliards d’euros annuels de subventions d’état, de trahison, de petitesse et de médiocrité. Les rédactions sont vidées de leur substance, elles ne sont là que pour conforter une doctrine, une propagande servant les intérêts des propriétaires. Quel que soit le journal, le libéralisme est de mise, il est incontournable et incritiquable. Les journalistes sont maintenant de vulgaires salariés de McDo ou Uber, gérés avec les mêmes techniques et dérives. Sauf que tout ceci reste bien caché, bien opaque et n’arrive jamais aux oreilles du public et des lecteurs car le discours est tout autre, celui d’une gauche humaniste, respectueuses… bla bla bla.
Ce qui reste encore plus choquant à nos yeux c’est le fait que ces journalistes (Lancelin, iTélé…) ne se réveillent qu’aujourd’hui alors que cela fait 30 ans que le bateau coule et prend eau de toute part ?!! Un peu en retard les justiciers du moment, mais il est vrai qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Le bras de fer continue et, vendredi, ce sont plus d’une centaine de personnes qui se sont de nouveau rassemblés devant le siège de Canal+.
Dans la foule se mêlent grévistes, journalistes d’autres rédactions, téléspectateurs. Tous arborent pancartes et T-shirts avec le hashtag #JeSoutiensITélé. Les jeunes journalistes ont répondu à l’appel. Parmi eux, Damien avoue “avoir eu très peur” de s’opposer à son tout premier patron : “J’ai 23 ans et je viens juste d’être diplômé. C’est une chance d’avoir été embauché dans une grande rédaction mais les choix de la direction vont dans le sens inverse de ce que doit proposer une chaîne d’information.” Malgré son jeune âge, il reconduit chaque jour son droit à la grève sans vouloir “céder tant que les revendications ne seront pas acceptées”.
“Le combat est bien plus important que notre futur rôle au sein de cette rédaction”
Même son de cloche pour Sarah. Cette alternante de 22 ans affirme “que le travail journalistique est bafoué” et jure qu’elle ne signera pas de second contrat dans “cette chaîne honteuse”. Elle qui “rêvait adolescente d’exercer le métier de journaliste” se sent “profondément trahie”. L’arrivée de Vincent Bolloré aux manettes du groupe Canal+ a été suivie de plusieurs changements dans la ligne éditoriale d’ITélé. Pour Kevin, la venue de Jean-Marc Morandini n’a été que le “déclencheur d’un mal-être plus ancien. Les mutations qu’opèrent la direction de Canal+ se font ressentir depuis la refonte du Petit Journal. C’est devenu du divertissement, plus de l’information.”
Alors les craintes de ces journalistes en herbe se sont vite estompées : “Notre carrière de journaliste commence, on s’est posé la question de faire grève ou pas. Mais le combat est bien plus important que notre futur rôle au sein de cette rédaction”, considère Kevin. La mobilisation ne faiblit pas. La grève, votée à 83% vendredi, a été reconduite jusqu’à lundi midi. Les journalistes débutants resteront au front, coûte que coûte : “C’est un combat intergénérationnel auquel nous devons prendre part, estime Sarah, déterminée. Si les jeunes se […]
Léo Anselmetti – IEJ – Le JDD.