Voici l’histoire d’un prédateur sexuel qui a sévi pendant des décennies au sein du comité du prix Nobel, considéré lui-même comme le 19e membre de l’académie Nobel, Monsieur Jean-Claude Arnault. L’article nous apprend que tout le monde était au courant de ses pratiques et que tous ont fermé les yeux. Même sa femme qui est pourtant très connue en Suède car c’est une poétesse et dramaturge célèbre était complice de ses crimes. Tout le monde savait qu’il avait les mains baladeuses depuis les années 70, mais personne n’a rien fait.
Encore plus choquant, la justice suédoise l’a condamné à deux ans de prison seulement pour un viol commis sur une femme en 2011 à Stockholm ! Comment est-ce possible ? Nous vivons véritablement dans une société malade qui non seulement fabrique des pervers narcissiques et des prédateurs dangereux mais qui est également incapable de les punir sévèrement !
Surnommé en Suède « Jean crade », Jean-Claude Arnault a été condamné lundi en Suède à deux ans de prison pour le viol d’une femme en octobre 2011 à Stockholm.
Ce scandale a conduit à la non-attribution du prix Nobel de littérature cette année, un fait rarissime.
Avant que le scandale n’éclate, « il était considéré par certains comme le 19e membre de l’Académie Nobel, qui en compte 18 », raconte à L’Express Matilda Gustavsson, la journaliste de Dagens Nyheter – journal du matin le plus diffusé en Suède – qui a révélé l’affaire. Aujourd’hui, Jean-Claude Arnault est surnommé « Jean-Kladd » (« Jean crade », en suédois). Le Français a été condamné lundi 1er octobre 2018 à deux ans de prison pour le viol d’une femme à Stockholm (Suède), en octobre 2011. Un scandale qui a éclaboussé l’Académie qui décerne le prix Nobel de littérature.
Agé de 71 ans, Jean-Claude Arnault est photographe de profession. D’origine marseillaise, il vit en Suède depuis plus de 40 ans. S’il est quasiment inconnu du grand public, Jean-Claude Arnault est une figure majeure du monde culturel suédois. Deux raisons à cela. D’une part, il est marié à Katarina Frostenson, 65 ans, poétesse, dramaturge, académicienne de renom, « une icône nationale », résume Le Figaro (article abonnés). D’autre part, il dirige le Forum-Nutidsplats för kultur, un haut lieu culturel de Stockholm.
Mélange des genres
Ouvert en 1989, le Forum est considéré comme le « living-room » des académiciens du Nobel. Situé dans un sous-sol du centre-ville de la capitale suédoise, le lieu abrite des concerts de jazz ou de musique classique, du théâtre, de la danse contemporaine, des conférences, des happenings… Tout le gotha des arts et des lettres s’y presse. « L’endroit où il fallait être si vous vouliez être ‘découvert’ », résume un écrivain auprès du Dagens Nyheter. Mais ce n’est pas tout : « le service y est alors assuré par de jolies jeunes femmes, la vingtaine, intellos, fragiles, qui y travaillaient gratuitement dans l’espoir d’être admises dans l’hyperélite », décrit L’Express, qui précise crûment : « Faut-il préciser que Jean-Claude Arnault les considérait comme partie du cheptel ? »
Jean-Claude Arnault et Katarina Frostenson n’hésitent pas à mélanger les genres. Le Français bénéficiait ainsi de subventions de l’Académie pour son Forum (une allocation de 126 000 couronnes par an, environ 12 000 euros). Et ce, alors que l’épouse académicienne du photographe possédait elle-même la moitié des parts du lieu, chose qu’elle n’avait jamais déclaré à l’Académie. Il aura fallu attendre un audit en avril 2018 pour que le conflit d’intérêts soit révélé. Enfin, Jean-Claude Arnault a également la charge de l’appartement que possède l’Académie à Paris, rue du Cherche-Midi. Un appartement que plusieurs femmes décrivent dans leurs témoignages comme le lieu de leurs agressions.
« Depuis les années 70, il avait la réputation d’avoir des mains baladeuses (…) Mais ce que j’ai découvert, ce n’était pas que des gestes déplacés mais bien des agressions sexuelles et des viols », raconte la journaliste auteure de l’enquête, Matilda Gustavsson, à Marie Claire. Pour obtenir des faveurs sexuelles, le Français met en avant ses « connexions dans le monde littéraire et ses liens avec Katarina Frostenson », note Le Figaro. « Le fantasque Jean-Claude Arnault est également accusé d’avoir ébruité les noms de plusieurs lauréats du Nobel avant qu’ils ne soient officialisés, et de s’être vanté d’avoir influencé le choix de certains d’entre eux », ajoute Le Monde (article abonnés). En sortant de leur silence, les femmes qui témoignent citent ainsi Elfriede Jelinek (Nobel en 2004), Harold Pinter (2005), Jean-Marie Gustave Le Clézio (2008), Patrick Modiano (2014).
« Tout le monde sait qu’il agressait des filles »
Le 21 novembre 2017, Dagens Nyheter publie son enquête à charge contre le « Weinstein suédois », du nom du producteur américain accusé de harcèlement et de viols. Dix-huit femmes accusent nommément Jean-Claude Arnault de viol et de harcèlement, les faits s’étalant de 1996 à 2017. « Elles avaient peur qu’il détruise leurs carrières ou pire encore…, témoigne Matilda Gustavsson à Marie Claire. Moi aussi, j’ai eu peur de lui, je ne savais pas de quoi il était capable. J’avais peur qu’il punisse les femmes qui m’ont parlé, elles-mêmes pensaient que je ne pourrais jamais publier mon enquête.» Par la voix de son avocat, le Français clame cependant son innocence.
L’Académie suédoise, quant à elle, a vacillé, avant de finalement imploser. Le 23 novembre 2017, elle rompt ses liens avec le Français et avec le Forum. Au cours de la « réunion de crise » de l’Académie, « il est apparu que des membres de l’Académie, des filles d’académiciens, des épouses d’académiciens et des membres du personnel de la chancellerie de l’Académie ont subi une intimité non désirée ou des comportements inappropriés de cet homme », est-il écrit dans le communiqué.
Une enquête interne est confiée à un cabinet d’avocats. Au fur et à mesure des révélations, les Suédois découvrent un Jean-Claude Arnault « intouchable ». « Tout le monde sait et tout le monde a toujours su qu’il agressait des filles », explique l’une des femmes qui l’accusent. Pour ne pas risquer leurs carrières et en raison des liens étroits entre écrivains, éditeurs, producteurs, etc., elles préféraient garder le silence. « D’anciens secrétaires perpétuels avaient déjà été alertés des mêmes agissements, il y a plus de vingt ans, mais ils n’avaient jamais donné suite », précise aussi Le Figaro….