Jean-Claude Trichet : « Le risque de récession est très faible »

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Cet escroc du scandale du crédit lyonnais, responsable de la perte de centaines de milliards de francs puis responsables de la BCE et de sa politique monétaire désastreuse vient nous rassurer, nous faire profiter de son expertise. Faut-il être dégénéré à ce point pour écouter ces sornettes ?


L’ancien président de la BCE estime dans un entretien accordé au Temps, il estime que la fin de l’austérité est possible dans certains pays européens. Le cycle de politique monétaire européen a au moins trois ans de retard par rapport à celui des Etats-Unis
Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE) de 2003 à 2011, était l’hôte de Leonteq jeudi lors de son « (R) Evolution Day », à Zurich. Il répond aux questions du Temps.
Le temps : L’afflux de réfugiés et son coût va-t-il retarder la normalisation des taux d’intérêt dans la zone euro ?
Jean-Claude Trichet : La politique monétaire doit être replacée dans son contexte de moyen terme, tant aux États-Unis qu’en Europe et dans les autres pays industrialisés. Je ne crois pas qu’il existe un effet direct avec des éléments conjoncturels immédiats, comme l’afflux des réfugiés. Un décalage cyclique d’au moins trois ans existe entre l’Europe et les États-Unis. La crise financière a frappé en même temps les deux régions, mais les Américains n’ont pas subi la crise des risques souverains. Ce décalage cyclique majeur est visible à la fois dans l’évolution du chômage et dans l’inflation sous-jacente. Nous pouvons donc nous attendre à la poursuite d’une politique monétaire européenne très accommodante, même si la Réserve fédérale ajuste, d’ailleurs avec une certaine prudence, sa propre politique.
– Les bourses plongent malgré le soutien de politiques monétaires très accommodantes. Est-ce que la stabilité des marchés est menacée ?
– Je crois que la volatilité élevée des marchés financiers, qui est apparue en particulier l’année dernière avec les événements chinois, traduit un ensemble de facteurs fort complexes au plan mondial. Nous y trouvons le changement de politique monétaire aux États-Unis, qui conduit certains participants du marché à considérer la tendance à moyen terme des bourses non plus comme haussière mais comme baissière. Le problème de la Chine est important en soi, avec des effets significatifs sur les prix des matières premières. La baisse de ces dernières est elle-même interprétée comme un phénomène inquiétant s’il devait persister. Un quatrième aspect me paraît important, la vulnérabilité de plusieurs pays émergents. Les États-Unis se portent assez bien: ils sont pratiquement au plein-emploi. L’Europe commence à croître de façon mesurée mais convaincante. Mais plusieurs pays émergents sont dans une situation moins favorable. Quatre des cinq pays membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ne vont pas très bien pour des raisons diverses. L’Inde fait exception.
J’ajouterais des phénomènes financiers endogènes, tels que la volatilité propre des marchés financiers due à la réduction d’activité des anciens teneurs de marché ainsi que la perception d’une moindre liquidité générale et la forte corrélation des décisions prises par les principaux participants du marché. Le mouvement panurgien des participants, qui s’explique aussi par la globalisation et les facilités offertes par les nouvelles technologies, accroît l’ampleur des mouvements des actifs à la hausse et à la baisse.
– Faut-il s’inquiéter de cette augmentation de volatilité ou est-elle normale ?
– Il faut probablement la considérer désormais comme structurelle. Même si nous ne pouvons pas la qualifier de «normale» historiquement, le nouveau monde résultant en particulier de la globalisation économique et financière et de la technologie, doit nous conduire à vivre dans des marchés nettement plus volatils qu’auparavant. Il faut s’y faire. Ce n’est pas nécessairement très agréable. Mais il serait naïf d’espérer un retour au monde ancien.
– Est-ce que ces facteurs structurels modifient la politique monétaire ?
– La politique monétaire a été modifiée de manière considérable lors de la crise financière. Dans mon analyse, cette crise  aurait pu être la plus grave depuis la première guerre mondiale si l’ensemble des banques centrales des pays avancés n’avaient pas réagi avec énormément d’audace et  de courage et fait preuve  d’innovation conceptuelle . Nous aurions pu connaître une crise semblable à celle de 1929 – 1930 . Je  dirais la  même chose s’agissant  des réactions des gouvernements.
Mon sentiment est que l’objectif poursuivi par l’ensemble des banques centrales, y compris la BCE et la BNS, consiste à surmonter  les difficultés y compris structurelles qui s’étaient accumulées avant la crise de 2008 et de revenir à une situation qui n’appellerait pas la poursuite des mesures monétaires exceptionnelles parce que le travail d’assainissement des secteurs publics et privés aurait été achevé . Mais les partenaires publics et privés des Banques Centrales sont loin d’avoir terminé leur travail!  C’est l’une des raisons pour lesquelles des politiques monétaires très accommodantes  sont maintenues par la quasi totalité des banques centrales des grands pays avancés . C’est le cas de la BCE et de la Banque du Japon, mais aux Etats-Unis aussi les 4000 milliards de dollars qui ont été accumulés dans le portefeuille de la Réserve fédérale sont toujours là et signalent la prudence de la Fed.
– Est-ce que les derniers événements financiers augmentent le risque de récession ?
– Nous sommes dans un monde d’assez grande incertitude, comme je l’ai évoqué. Il existe aussi des risques géostratégiques bien réels, qui ne sont pas exclusivement au Moyen Orient et à l’est de l’Union européenne mais aussi en Asie et en Afrique. Les risques peuvent malheureusement se matérialiser. Mais la probabilité que les grands pays avancés connaissent une nouvelle récession me paraît très faible tant aux Etats-Unis qu’en Europe. L’économie américaine est bien repartie. Le fait que la croissance soit relativement modérée signale d’ailleurs un potentiel d’accélération. En Europe, nous sommes en train de repartir et je crois qu’il y a un consensus pour anticiper la poursuite d’une croissance européenne significative.
– Dans la zone euro, les politiques budgétaires devraient être expansives. En France, François Hollande estime que la priorité n’est plus la stabilité budgétaire mais la sécurité.
– Certaines politiques budgétaires ont des marges de manœuvre mais pas toutes ! En France  le ministre français des finances M. Sapin à réaffirmé  que la France entendait respecter tous ses engagements ce que j’espère ardemment.
– Mais est-ce la fin de l’austérité dans la zone euro ?
– La zone euro est très particulière. Elle est composée de pays partageant le même marché unique, la même monnaie, la même politique monétaire  et le même environnement international. Mais ils ne sont pas dans la même situation nationale. Certains pays ont un excédent de la balance courante, d’autres un déficit. Certains sont très compétitifs sous l’angle des coûts unitaires de production, d’autres ne le sont pas . Certains ont une situation budgétaire excellente, d’autres pas. La bonne gouvernance de la zone euro signifie donc  que les pays doivent prendre des mesures nationales très différentes. Il n’y a pas de mot d’ordre unique  pour la zone euro si ce n’est de respecter les règles et de faire des réformes structurelles. Même les pays très compétitifs peuvent entreprendre des réformes afin d’augmenter leur prospérité et l’emploi. En revanche, il y a des pays qui se sont trouvés dans une situation où l’ ajustement économique et budgétaire -je parlerais plutôt de sagesse pour employer un terme très suisse- était obligé . Pour eux, la sagesse n’était pas un choix mais une obligation puisque le reste du monde ne voulait plus les financer, faute de confiance. En revanche, une autre partie de la zone euro pouvait avoir le choix entre sagesse et expansion. Aujourd’hui, je pense que plusieurs  pays doivent continuer d’être très sages et regagner leur compétitivité perdue  ; d’autres pays qui ont effectivement le choix  peuvent être plus résolument expansifs (Pays-Bas, Allemagne, en particulier ). Les mots d’ordre doivent être très différents en Europe. Certains doivent regagner de la compétitivité et de la crédibilité et d’autres peuvent utiliser leur très bonne gestion passée  pour augmenter la demande interne.
– Est-ce que la BCE est prête à financer le retour à l’expansion budgétaire de certains pays ?
– Non, ce n’est évidemment pas la tâche d’une banque centrale. La BCE doit atteindre son objectif de stabilité des prix qui correspond à un ancrage des anticipations d’inflation à environ 1,9%. C’est la raison pour laquelle elle utilise des moyens très importants. Une panoplie considérable d’instruments est utilisée. Mais la BCE n’a pas pour objectif d’aider les pays qui se gèrent mal à se financer aisément. Au contraire, la BCE recommande l’application des règles budgétaires et de l’ensemble de la gouvernance européenne.

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