C‘est très simple, il suffit de mettre en place des règles absurdes, sans queue ni tête, qui n’ont aucun sens et vont à l’encontre de la raison. Curieusement, la population ne dit rien, des responsables se taisent terrorisés par une possible sanction, et le chaos s’installe. Comment est-il possible de sanctionner un étudiant qui connaît parfaitement sa biologie cellulaire, son embryologie, son histologie, son anatomie… pour une question ridicule concernant l’interprétation des gravures du XIXe siècle ! Ainsi, les meilleurs seront sanctionnés et il ne pourra rencarder que les plus médiocres, les plus roublards, il suffira de donner une importance excessive à cette morale absurde en comparaison avec les notes écrites. Ce n’est rien d’autre que du pur sabotage, la France n’a pas besoin d’ennemis extérieurs pour sombrer dans la décadence et la dégénérescence…
TÉMOIGNAGES – En 2021, Louis a échoué à entrer en médecine alors qu’il avait 15 de moyenne. Lors d’un oral imposé par la réforme, le jury n’a pas apprécié la façon dont il interprétait une gravure du XIXe siècle.
« Avec la réforme, les classements ont été supprimés donc c’était très difficile de se situer »…
Un oral qui comptera pour 50 % de sa note globale
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Interrogé sur une gravure du XIXe siècle
Pourtant, le jour de l’oral, rien ne se passe comme prévu. Louis est interrogé sur « Death’s Dispensary », une gravure réalisée par George Pinweel en 1866 où l’on devine un squelette et des Londoniens autour d’une pompe à eau. Les questions qui suivent le surprenne : « On m’a demandé ce que représentait la chaînette qui lie la coupelle à la pompe, s’il manquait selon moi des membres de la famille ou ce que signifiait la prédominance du bras du squelette dans l’œuvre », raconte Louis, qui s’est rapidement senti « démuni ». « J’ai tenté d’orienter la discussion sur le contexte historique, sur Pasteur et la bactériologie mais le jury n’était pas très intéressé et voulait vraiment que j’interprète l’image ».
Arrive le mois de juillet et l’annonce des résultats : Louis a obtenu la note de 6 à cet oral tandis qu’il décroche un 15 pour son oral sur son projet personnalisé. Malgré cette note, l’étudiant n’obtient aucune affectation. « Forcément, je me suis senti dégoûté, je pensais pouvoir enfin me reposer après une année très difficile et j’apprends finalement qu’on m’a volé ma place pour un oral dont l‘évaluation était très subjective ».
« La note de l’oral sort comme ça, sans explication » Louis Car c’est surtout cet aspect qui empêche Louis de tirer définitivement un trait sur cette épreuve : l’opacité. « Contrairement aux épreuves scientifiques où nous sommes notés selon un vrai barème, la note de l’oral sort comme ça, sans explication ni grille de correction, parce que ‘le jury est souverain’ ». En résulte le regret coriace d’être la victime d’un nouveau concours qui «règle une injustice par une injustice». « Avec l’ancien concours, on aurait été nombreux à être admis »…
Photo d’illustration : La réforme du concours des études de santé a pénalisé de nombreux étudiants. Crédits photo : FREDERICK FLORIN/AFP
29 & 30 septembre 2022