Effectivement, ses craintes sont légitimes et tout à fait justifiées, sauf que l’on ne propose pas une vraie solution, un travail effectué sur les causes et non sur les effets qui consiste jusque-là à emprisonner et punir bêtement, sachant qu’il n’y aura pas assez de places ni de moyens pour mettre tout ce monde sous les verrous. Pour vaincre une maladie, on ne s’attaque pas à ses symptômes mais à son étiologie, mais ça c’est une autre histoire…
Marc Trévidic, juge d’instruction antiterroriste de 2006 à 2015, a accordé un entretien à la chaîne de télévision belge RTBF, dans laquelle il aborde le dossier Adel Kermiche. Son analyse de la situation de la France face au risque terroriste est très sombre.
L’ancien juge d’instruction spécialisé dans l’antiterrorisme, Marc Trévidic, est très pessimiste quant à la lutte contre le jihadisme en France pour l’année à venir. C’est au cours d’une interview accordée à la RTBF que celui qui est devenu premier vice-président du tribunal de grande instance de Lille en septembre dernier a fait part de son état d’esprit: “L’année va être épouvantable jusqu’aux élections (la présidentielle 2017, Ndlr). Car la tentation va être trop grande pour l’EI (Daesh, Ndlr) de se concentrer sur la France à cause de cet événement. On est dans une guerre en temps de paix”.
“Kermiche avait dans les yeux la lueur de celui qui ne reviendra pas en arrière”
Tous les dix ans, certains magistrats spécialisés, comme un juge d’instruction chargé des dossiers de l’antiterrorisme, doivent changer d’affectation. C’est justement vers la fin de son mandat que Marc Trévidic a rencontré pour la première fois Adel Kermiche, qui deviendra l’assassin du père Hamel à Saint-Étienne du Rouvray avec son complice Abdel Malik Petitjean le 26 juillet dernier. Kermiche vient alors de tenter de passer en Syrie avec un comparse âgé de quinze ans qui, lui, a réussi.
Arrêté quant à lui, il fête ses dix-huit ans en garde à vue. Marc Trévidic se souvient de la jeunesse de l’entourage d’Adel Kermiche à l’époque. Outre son complice adolescent, il s’était mis en contact avec des jeunes filles de quatorze à seize ans qu’il avait voulu convaincre de partir avec lui en Syrie: “On était dans l’immaturité la plus totale!” s’exclame Marc Trévidic qui ajoute: “J’avais en face de moi quelqu’un qui voulait à tout prix faire le djihad au sein de l’EI. Il y avait dans ses yeux la petite lueur qui fait qu’on détecte qu’il ne reviendra pas en arrière.”
Plus tard, alors que Marc Trévidic a déjà été dessaisi de ce type d’affaires, le juge décide d’assigner Kermiche à résidence, sous bracelet électronique. Marc Trévidic n’accable pas son confrère mais estime qu’il faut des années d’expérience pour distinguer les prévenus dissimulant leurs intentions des autres.
Un essoufflement du jihadisme ? Dans “dix ans”, peut-être
Le magistrat est d’ailleurs inquiet lorsqu’il pense à quelques individus qui avaient défilé dans son bureau à l’époque : “Il y en a cinq ou six qui m’ont fait froid dans le dos. Je ne sais pas quand ils sortiront, j’espère qu’ils ne sont pas déjà sortis.”
Lors de cet entretien, il n’indique pas de solution miracle. Et son seul élan d’espoir n’incite cependant pas à […]
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