Ils osent pourtant nous présenter israhell comme une grande « démocrassie » humaniste moderne et progressiste, alors que le mariage civil y est interdit ! Les initiés savent que pour divorcer en Palestine occupée, les juifs sont obligés de passer sous les fourches caudines des rabbins qui imposent leur diktat et que certains divorces sont monnayés à coups de dizaines de milliers de dollars en « achetant » carrément ces rabbins. Un scandale a éclaté il y a quelques années à Paris dans lequel on a vu un mari refusant de divorcer pour moins de 30.000 €, et ce, avec la complicité des rabbins dont le Grand rabbin de France par intérim, Michel Gugenheim (sommes à verser en cash svp !). Curieusement, aucune condamnation occidentale n’a été exprimée à propos de cette barbarie sans nom, aucune marche internationale, pas une seule caricature dans Charlie Hebdo, rien, walou, nada ! Non, bien au contraire, ils réalisent des films et s’auto-congratulent à coups de palmes d’or et autres Berlinades…
Le film de Ronit et Shlomi Elkabetz, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, relate l’histoire d’une femme qui doit lutter pour sa liberté en Israël. Pays où seuls les Rabbins peuvent prononcer la dissolution d’un mariage, elle-même possible qu’avec l’accord du mari.
Si Ronit et Shlomi Elkabetz, sœur et frère dans la vie, voulaient marquer les esprits, ils ont réussi. Leur film sur le procès de Viviane Amsalem (Gett) en Israël a tous les ingrédients pour faire une pièce de théâtre. D’abord une histoire fascinante et des «personnages» inspirés de la réalité. Elisha (Simon Abkarian) et sa femme, Viviane (Ronit Elkabetz elle-même) se regardent en chiens de faïence. Elle veut divorcer, il refuse obstinément. Pourtant, elle a quitté le foyer conjugal depuis trois ans. Habitant chez son frère aîné, elle continue de préparer des repas pour son dernier fils, de 14 ans, le seul resté à la maison, et aussi son époux. Elle est «connue pour sa beauté et sa distinction», lui est un chanteur très apprécié à la synagogue.
Autres protagonistes, trois rabbins, juges tout-puissants qui ont le pouvoir de prononcer le divorce. La caméra suit de près les débats et les délibérations qui doivent décider du sort de Viviane. Interviennent les avocats et les témoins dans un huis clos parfaitement réglé, entre la salle exiguë du tribunal et la salle d’attente attenante.
Rebondissements
« Qui peut savoir ce qui se passe entre eux ? » interroge l’avocat de Viviane. Comme le spectateur. Les réalisateurs distillent adroitement le suspense. Les témoignages, qui en disent à chaque fois un peu plus sur le couple, sont ponctués d’indications temporelles. Les mois se succèdent, puis les années, le procès s’éternise comme un jour sans fin et l’affaire n’est toujours pas résolue.
Jusqu’à la dernière minute, le long-métrage, qui dure deux heures, abonde en rebondissements. Souligne le poids du carcan religieux, la bêtise humaine – l’homme est au-dessus des lois -, l’absurdité d’une situation qui pourrait sortir de l’impasse si les hommes y mettaient du leur. Ronit et Shlomi Elkabetz n’ont pas oublié d’alléger la tension et de faire sourire le spectateur à travers des échanges au comique prononcé. L’intervention des témoins hauts en couleur censés défendre la partie adverse sont dignes de films burlesques.
Le public est en empathie avec Viviane, juge les magistrats partiaux et le mari buté. Brune hiératique, Ronit Elkabetz compose une mater dolorosa avec un mélange de dignité et de force incroyable. Les comédiens ont peu de dialogues, mais leurs regards sont expressifs. Simon Abkarian est tout en retenue. Pour autant, il est moins le «méchant» du procès que le symbole d’un pays où les droits des femmes restent à conquérir. Subtils, Ronit et Shlomi s’en tiennent au constat, même s’ils provoquent l’indignation et la réflexion du spectateur. Après s’être illustrés dans Les Sept Jours et Prendre femme, ils signent un troisième film remarquable.