Tiens tiens, encore un islamiste terroriste salafiste adepte du… suicide. Tout ceci est parfaitement logique et cohérent, après les djihadistes alcooliques, homosexuels, drogués, dealers, fornicateurs… on a ici le modèle suicidaire. Pas de panique, c’est nouveau ça vient de sortir.
L’information est tombée en fin de soirée, mercredi 12 octobre : Jaber Al-bakr, le Syrien de 22 ans soupçonné d’avoir été sur le point de commettre un attentat dans un aéroport allemand, s’est suicidé dans sa cellule, à Leipzig (Saxe), quarante-huit heures après son arrestation.
A l’annonce de sa mort, les réactions n’ont pas tardé. Sur Twitter, plusieurs responsables politiques se sont dits indignés par le fait que ce geste n’ait pu être empêché. Interrogé par le site d’information Focus, Alexander Hübner, l’avocat qui avait été commis d’office pour la défense du jeune homme, s’est dit quant à lui« extrêmement choqué et totalement abasourdi qu’une telle chose ait pu arriver », ajoutant qu’il s’agissait à ses yeux d’un véritable « scandale judiciaire ».
Une mort embarrassante pour le gouvernement
Pour le gouvernement allemand, cette nouvelle tombe au plus mal. D’abord, parce qu’elle jette un doute sur le professionnalisme de deux institutions de premier plan, la police et la justice. Dans cette affaire, la première avait déjà été montrée du doigt, ce week-end, quand Jaber Al-bakr lui avait échappé de justesse, samedi matin, au moment où elle s’apprêtait à l’arrêter dans l’appartement qu’il occupait à Chemnitz (Saxe). Avec son suicide en prison, c’est désormais la seconde qui se trouve sous le feu des critiques.
Si cette mort est embarrassante pour le gouvernement, c’est aussi parce qu’elle éclipse deux éléments sur lesquels celui-ci entendait s’appuyer pour répondre à ses détracteurs
Le premier concerne les chiffres de l’immigration. Comme l’a annoncé, mercredi, Thomas de Maiziere, le ministre de l’intérieur, ceux-ci ont « considérablement baissé » : entre janvier et septembre, l’Allemagne a accueilli 213 000 candidats à l’asile, contre 577 000 sur la même période en 2015.
Trois « héros »
Le second élément concerne l’identité des trois hommes qui ont permis, dans la nuit de dimanche à lundi, l’arrestation de Jaber Al-bakr. Depuis lundi, de nombreux responsables politiques ont demandé que ces trois Syriens, qui ont alerté la police après avoir ramené le jeune homme dans un appartement de Leipzig et l’avoir ligoté pour l’empêcher de s’évader, soient décorés de la Croix du mérite, la plus haute distinction allemande pour des civils.
Pour le gouvernement, le geste de ces trois Syriens, qualifiés de « héros » sur les réseaux sociaux et par plusieurs journaux, tombait à point nommé. En permettant l’arrestation d’un de leurs compatriotes soupçonné d’allégeance à l’organisation Etat islamique (EI), ils apportaient un démenti éclatant à ceux qui, à l’opposé de la chancelière, Angela Merkel, essaient depuis plusieurs mois d’établir une relation de cause à effet entre l’immigration et la menace terroriste.
Avec le suicide de Jaber Al-bakr, les chiffres rassurants de l’immigration et la belle histoire de ces trois Syriens sont relégués au second plan. Et le gouvernement se voit contraint de réagir sur un terrain beaucoup plus délicat : celui de la sécurité du pays, dont il […]
Thomas Wieder, correspondant à Berlin
Le Monde / AFP / Reuters