Ce qui est impardonnable et incompréhensible c’est le fait que la police se comporte comme des délinquants alcoolisés. Que le conducteur fasse n’importe quoi est une chose, qu’il soit alcoolisé et violent est regrettable en soi, mais c’est à la police de l’arrêter et de l’empêcher de nuire. Ils sont entraînés pour cela, ça coûte à la collectivité un argent fou. Du coup, quand on observe ces affaires qui impliquent 4, 5 jusqu’à 6 policiers commettant des atrocités d’une barbarie inouïe sans qu’aucun d’eux ne s’interpose, pas même les plus hauts gradés, on se dit que quelque chose ne tourne plus rond dans ce pays. Car quand un délinquant ou un voyou a beau faire n’importe quoi, on se dit qu’il y aura toujours la police pour l’arrêter et la justice pour le condamner. Mais quand c’est le policier qui devient délinquant, qui va l’arrêter d’autant que le système le protège systématiquement ?!
Il est essentiel que la hiérarchie et les responsables politiques, ceux de la place Beauvau en tête, soient extrêmement sévères avec ces dérapages, afin que les forces de police ne se croient pas tout permis. De plus, et là c’est le stade le plus inquiétant à ne surtout pas atteindre, lorsque la population n’aura plus confiance en la police, on peut estimer que c’est la fin des z’haricots.
Cet ancien chef adjoint de la brigade anticriminalité de nuit à Paris a été condamné, en 2008, pour « non-empêchement d’un délit » dans une sordide affaire de violences policières.
Les quatre policiers mis en examen, l’un pour viol et les autres pour violences volontaires en réunion après la violente interpellation de Théo, appartiennent à une brigade de sécurité de terrain (BST), rattachée au commissariat d’Aulnay-sous-Bois. Coïncidence troublante, l’actuel commissaire divisionnaire, qui règne aussi sur tout le district nord-est de la Seine-Saint-Denis, a déjà été mis en cause dans un scandale de violences policières. L’affaire remonte au 19 février 2004. Le commissaire Vincent Lafon est alors chef adjoint de la brigade anticriminalité de nuit à Paris (BAC 75N). Au petit matin, à Barbès, ses hommes repèrent un conducteur en état d’ébriété qui brutalise la jeune femme assise à ses côtés dans une Opel Corsa qui file à toute allure. Débute alors une « chasse », comme on dit dans le jargon policier, avec des pointes à 150 km/h. Des renforts sont appelés. La course-poursuite se termine 30 kilomètres plus loin, lorsque le chauffard heurte le muret d’une bretelle d’autoroute, à hauteur de Créteil. Il refuse toujours d’obtempérer, redémarre, renverse et blesse des policiers. Finalement extrait de l’habitacle et tabassé, il finit sur le goudron, pantalon et slip baissés, un cerceau d’enjoliveur entre les fesses. Bilan : un nez cassé, sept jours d’ITT. Les policiers, accuse-t-il, l’ont « menacé de sodomie ». La scène a bien été filmée, mais l’inspection générale des services (IGS), immédiatement saisie, ne parvient pas à mettre la main sur les images, détruites.
Un an de prison avec sursis et un an d’interdiction professionnelle
L’affaire fait grand bruit. Une information judiciaire est ouverte pour « violences aggravées ». Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, qui fustige « les brebis galeuses dans la police », n’exclut pas la révocation des fonctionnaires mis en cause. Un capitaine et deux gardiens de la paix sont mis en examen pour « violences volontaires par dépositaire de l’autorité publique ». Présent sur les lieux, le commissaire Vincent Lafon, lui, est mis en examen pour « non-empêchement d’un délit ». Il est suspendu pour « faute de commandement ». Quatre ans plus tard, dans son réquisitoire, le parquet qualifie l’affaire de « honte de la BAC parisienne ».
Les condamnations tombent. Le gardien de la paix qui a reconnu, à l’audience, avoir placé l’enjoliveur « entre les cuisses » du conducteur interpellé est condamné à un an de prison avec sursis et trois ans d’interdiction professionnelle. Le capitaine reconnu coupable de « destruction de documents pour faire obstacle à la manifestation de la vérité » prend dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis et trois ans d’interdiction professionnelle. Le commissaire Vincent Lafon, écope, lui, d’un an de prison avec sursis et d’un an d’interdiction professionnelle pour « abstention volontaire d’empêcher un crime ou un délit ». Devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, cet homme sec, ancien boxeur, amateur de rock metal, avait attribué les violences à un contexte d’« extrême agitation ». « Il n’a jamais cherché à dissimuler son implication dans cette affaire », témoigne un élu parisien. Ce sordide épisode est resté dans les mémoires, à la BAC, comme l’« affaire de l’enjoliveur ». « Qu’une interpellation soit rugueuse, c’est une chose. Mais là, il s’agissait d’un sérieux dérapage, pour ne pas dire plus », commente un policier de la BAC parisienne. Vincent Lafon est arrivé à Aulnay-sous-Bois au début de l’année 2014, quelques mois seulement avant l’élection de Bruno Beschizza. Venu du 13e arrondissement de Paris, le commissaire divisionnaire regrette, dans une vidéo tournée par le site AulnayCap, l’« hostilité » des habitants des cités. Mais il ne tarit pas d’éloges sur la politique sécurité de […]
Mélenchon veut “purger les éléments malsains”Interrogé hier sur BFMTV, Jean-Luc Mélenchon a appelé à « purger dès maintenant les éléments malsains » de la police. Estimant qu’elles étaient souvent « responsables » des dérapages, le candidat de la France insoumise a demandé la « dissolution » des brigades spécialisées de terrain (lire page 6). Il a également jugé très peu opportune la loi assouplissant les règles de légitime défense pour les policiers. Tout le contraire de Marine Le Pen, qui a appelé, hier, à un « un réarmement matériel et moral » des policiers.
Rosa Moussaoui – l’Humanité/AFP.